Chapitre 6 - Skyler Moore

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Cette fille avait le don pour me rembarrer, c'était impressionnant. Je compris cependant, qu'elle agissait ainsi pour éluder le sujet de ses résultats sportifs. Malgré son côté cash et ses sarcasmes, je devinais qu'elle était assez pudique dès qu'il s'agissait de se dévoiler plus personnellement. Et même si depuis hier, elle n'hésitait pas à me taquiner, ou pire à m'envoyer promener, elle était plutôt attentionnée. La preuve, sa confession spontanée cette nuit sur sa phobie des libellules pour me détendre. Par ailleurs, je trouvais sa façon de rougir, au moindre de mes compliments, follement amusante.

Mon estomac émit un gargouillement impatient. J'espérais que June n'allait pas tarder, car je mourais de faim. De son côté, Alice, après avoir rangé son sac de petits pois, s'évertuait en vaines tentatives à remettre son attelle. Elle se tortillait au milieu du salon, cherchant à attraper les attaches qui se croisaient dans son dos. Ayant pitié d'elle, je quittai la chaleur de ma couette pour la rejoindre. J'étais toujours vêtue de ma robe de la veille. Ni June ni Alice n'avaient dû avoir la force, ou l'envie, de me la retirer pour la nuit.

— Laisse, je vais t'aider.

Elle cessa de s'agiter et m'indiqua comment installer le coude au corps. Positionnée juste derrière elle, je m'appliquai à croiser et scratcher les différents éléments au bon endroit. Durant l'opération, je ne pus m'abstenir de laisser quelques regards vagabonder sur sa nuque et ses épaules bien dessinées. Je ne m'étais jamais cachée d'aimer les femmes. Leurs courbes féminines et la sensualité qui s'en dégageait m'avaient toujours attirée. Si ma dernière véritable relation, remontant à deux ans, était avec un homme, aujourd'hui je passais allègrement d'un sexe à l'autre sans me poser de questions.

Alors, quand on m'offrait sur un plateau l'occasion de reluquer une fille plutôt à mon goût, je ne me gênais pas. Notre proximité me permit de respirer furtivement l'odeur de sa peau bronzée. Un subtil mélange de sueur, de fleur d'oranger et d'amande. Délicieux... Au moment de fixer la dernière attache, mes mains s'attardèrent quelques instants sur ses omoplates laissées nues par son débardeur. Je fus presque sûre de sentir un imperceptible tressaillement de sa part aux contacts de mes paumes. En tout cas, si elle était troublée, elle n'en montra rien. Quand elle se retourna, un grand sourire ornait ses lèvres.

— Merci. Finalement, je dois avouer que tu as ton utilité.

Avant que je ne puisse répliquer, la porte s'ouvrit sur June, les bras chargés d'un sac de viennoiseries et de trois gobelets estampillés Starbucks. D'une même voix, nous nous exclamâmes :

— Ahhh enfin !

***

Pendant qu'Alice terminait son café, June lui exposa les modalités de l'accord de confidentialité, auquel elle allait devoir se conformer après notre départ. Quand il fut question d'une compensation financière, la jeune femme refusa catégoriquement d'en entendre parler. Elle acceptait de signer le document sans souci, mais ne voulait aucunement être payée. Je fus agréablement étonnée.

La paperasserie juridique ne m'intéressant que très moyennement, je finis par me détourner de la conversation. Je préférais plutôt satisfaire ma curiosité, mon regard ayant été attiré par une série de photos sur un mur. Peut-être l'opportunité de faire rougir mon hôte une dernière fois grâce à un cliché un peu honteux ?

La plupart des photos la représentaient en compagnie du même groupe de filles. Vraisemblablement des judokates, puisqu'elles portaient la majorité du temps un kimono. Je constatai aussi qu'elle paraissait très proche d'une métisse. Sur bon nombre de clichés, elles s'entouraient de leurs bras. Une simple bonne copine, ou y avait-il plus ?

Deux photos, un peu à l'écart, suscitèrent mon intérêt. Sur la première, Alice, plus jeune, était en compagnie d'un homme d'une quarantaine d'années. Son regard gris-bleu identique me fit deviner qu'il s'agissait de son père. Si celui d'Alice était plus lumineux, le sien était beaucoup plus sévère. Il émanait de lui une indéniable autorité. Bien qu'ils sourissent tous les deux à l'objectif, je sentais, du fait de la distance entre eux, un certain manque de complicité.

Chat Noir - Léana Baker FxFWhere stories live. Discover now