Trois cœurs morts

4.1K 318 15
                                    

Sirius venait d'entrer dans le petit appartement qu'il louait sur le chemin de Traverse, quand les flammes de la cheminée se teintèrent de vert. La tête de Dumbledore apparut dans l'âtre, alors qu'il appelait Sirius.
Avec un soupir, l'homme s'approcha pour répondre.
- Professeur.
Habituellement, Dumbledore gloussait à l'emploi de son titre et lui rappelait qu'il n'était plus son professeur. Cependant, Sirius continuait, ne se voyant pas l'appeler autrement. Une part de lui s'amusait également de cette petite plaisanterie entre eux.
Cette fois pourtant, Dumbledore resta sérieux et ne réagit pas à son titre. Il soupira lourdement et murmura presque.
- J'ai bien peur d'avoir de mauvaises nouvelles mon garçon. Quelque chose s'est produit chez les Potter de soir...


Sirius se glaça immédiatement, le coeur battant.
La première chose à laquelle il pensa fut son filleul. Harry n'était qu'un bébé, un enfant innocent sans défense. Aussi doué James soit-il en tant qu'Auror, il ne pouvait pas faire de miracles. Harry était en danger...
Il s'entendit demander d'une voix blanche.
- Comment vont-ils ? Que... Que s'est-il passé ?


Dumbledore mit un temps fou à répondre, comme s'il hésitait à lui révéler les événements qui venaient de se produire. Puis il soupira de nouveau, et il révéla la terrible nouvelle.
- Voldemort en personne est venu chez eux. Le fidelitas a été brisé, Sirius.


Sirius rugit de rage en comprenant immédiatement. Ils avaient été trahis. Les maraudeurs avaient été trahi, et par l'un des leurs.
- Peter ! Le sale rat !
Dumbledore ne réagit pas, comme s'il n'était pas surpris. Tout à son inquiétude, ne sachant pas ce qui était arrivé à ses amis, Sirius nota l'information sans pour autant réagir.
- Mais... ils vont bien ? Et Harry ?


Les épaules de Dumbledore s'affaissèrent, et il secoua doucement la tête, ressemblant soudain à un vieillard vulnérable.
- James et Lily sont morts, Sirius. Je suis désolé.

Sirius s'écarta de devant la cheminée, en état de choc. Il se laissa tomber au sol, la tête entre les mains, pensant à ses amis. Il n'avait pas besoin d'insister pour savoir comment allait Harry, il se doutait bien que si ses parents étaient morts sous la baguette de Voldemort, le petit garçon plein de vie n'avait pas survécu non plus au passage du monstre.


La maison de Godric's Hollow, où la famille Potter avait connu tant de bonheur n'était plus qu'un tombeau. Trois cœurs morts, trois corps qui ne vieilliraient jamais.


Dans un état second, Sirius enfila un manteau et sortit de chez lui, claquant simplement la porte de son appartement sans prendre la peine de le verrouiller. Plus rien n'avait d'importance. James, son presque frère était mort. Son filleul adoré, à qui il apprenait la veille encore à tourner sur son petit balai, était mort.
Il avait perdu sa seule famille. Celle qu'il s'était choisi.


A peine sorti, il transplana dans la rue où Peter le rat habitait. Peter le traître. Peter le serpent, qu'ils avaient réchauffé en leur sein sans s'en douter.
Peter qui était venu voir Harry à sa naissance avec eux. Qui avait félicité Lily et James.


En arrivant, il vit immédiatement l'homme qu'il cherchait. Celui qu'il considérait comme un ami. Il cria en le voyant, et Peter se tendit. Il se tourna d'un bond, et face à Sirius, il sembla paniquer.
Sa réaction apporta à Sirius toutes les réponses aux questions qu'il se posait. C'était bien Peter qui avait trahi les Potter, sans états d'âme.


Sirius se mit à courir. Bien que Peter ait commencé à fuir, ce n'était pas suffisant : Sirius était nettement plus en forme et plus entraîné que lui... Il bouscula l'homme et se surprit à le trouver pathétique. Petit et grassouillet, les incisives proéminentes comme le rongeur dont il prenait la forme en tant qu'animagus, il tremblait, replié sur lui même.
Sirius le dominait sans peine et baguette en main, il le menaça pour l'immobiliser. Puis, il posa la question qui lui tenait à cœur.
- Pourquoi ? Ils étaient tes amis !


Le rat ricana, et lui jeta un regard en coin, visiblement content de lui.
- Parce que je le pouvais...
Sirius rugit, et s'il n'y avait pas eu des moldus en nombre se promenant malgré le froid glacial, il aurait probablement lancé les impardonnables sur Peter. La colère obscurcissait son esprit, et il secouait la tête, incapable de croire qu'un Maraudeur avait pu trahir ses amis de cette façon.
- Ils étaient tes amis. Nous étions tes amis !
- Vous étiez toujours entre vous. Toi et James. Toi et Remus. Et moi, toujours à l'écart.

Sirius recula d'un pas, sonné. L'accusation amère de Peter l'avait déstabilisé et il secoua la tête lentement pour nier l'accusation.
- Tu les as tués. Tu les as tué parce que tu étais jaloux d'eux. De nous !
Peter montra les dents en un rictus mauvais sans répondre. Incapable de se contrôler, Sirius le frappa, le poing si serré que ses jointures en étaient blanches.


L'homme rat plissa les yeux et une lueur de rage passa dans son regard.
- Vous étiez si proches de moi qu'aucun d'entre vous n'a remarqué que j'étais devenu un Mangemort. Aucun n'a vu la marque sur mon bras, aucun n'a remarqué mes absences à chaque fois qu'IL m'appelait. Et c'est toi Sirius qui a demandé à James de me nommer gardien du secret. C'est ton idée. C'est toi qui les as tué.


Sirius allait frapper de nouveau mais Peter leva sa baguette, se redressant soudain, trouvant le courage de se rebeller.
- J'ai toujours été dans l'ombre des grands James et Sirius. Les meneurs en tout, n'est-ce-pas ? Sauf que cette fois-ci, c'est moi qui ait gagné. Je vais recevoir les honneurs tu sais. Il m'a félicité pour ce que je lui ai donné.
- Tu as tué Harry. Un bébé ! Et Lily ! Ils n'étaient pour rien dans ces histoires !


Peter ricana.
- Dommages collatéraux. Peu importe. Adieu James Potter... Personne ne sait que j'étais son gardien du secret. Tout le monde va dire que c'est toi qui les a trahi. Amusant non ?
Sirius hurla et s'apprêta à jeter un sort - n'importe lequel, peu importait la présence des moldus. Mais Peter fut plus rapide.


Il marmonna un sort de découpe et hurla quand son doigt se détacha de sa main pour tomber au sol, inerte. Puis, alors que Sirius écarquillait les yeux, stupéfait, il lança un Bombarda Maxima à proximité d'eux.


Prompt de demain : prophétie

Tu es mon doubleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant