Chapitre 46 : La flamme ancestrale (3/6)

29 2 0
                                    

C'est avec un certain étonnement que Raphaël constata qu'il connaissait encore le chemin qui menait aux Catacombes. Le paysage autour de lui semblait s'évanouir au rythme de ses pas sur les pavés. Les gens n'étaient que des ombres évoluant dans son champ de vision. Ses pieds, un devant l'autre, bougeaient mécaniquement dans les rues de la capitale.

Il avait emprunté ce chemin tellement de fois qu'il lui semblait qu'il effectuait un simple trajet pour rentrer à la maison. Ce qui en quelques sortes était le cas. Il avait très peu de souvenirs de son enfance dans la campagne de Laora, et un peu moins de la courte période où lui et sa famille avaient élu domicile dans une auberge de la capitale.

Ses pensées d'enfants tout comme celles de sa sœur étaient loin de s'imaginer la dure réalité de ce déménagement. Pour eux, ça avait été l'occasion de changer d'air et voir la ville. Puis il y avait eu les Catacombes et c'est là qu'il s'était sentit chez lui.

Il se souvient que le jour où ils y avaient aménagés tous ensemble, le trajet lui avait paru aussi lugubre que le nom du lieu qu'ils s'apprêtaient à rejoindre. Ils avaient emprunté des ruelles dans les quartiers de la capitale dont ils ignoraient l'existence en compagnie d'un Umpass accompagnateur. Il avait eu l'impression d’entrer dans une zone de la si glorieuse capitale où le soleil ne se levait jamais. Les rues étaient sales, les maisons dégarnies, les gens peu avenants et plus urgent, il n'y avait aucun soldats de la garde civile.

Il avait appris assez jeune, que les hommes en armure étaient essentiels pour garantir un certain ordre dans les quartiers populaires. Dire qu'à cet âge il était loin de s'imaginer qu'arriverait un temps où ces même gardes, il serait rassurer de ne pas les voir.

Il tourna à un angle et aperçut un édifice qu'il connaissait très bien. Entre deux maisons grises aux volets fermés, se trouvait les restes d'une boutique. Lorsqu'il était petit, cette enseigne était déjà inhabitée et il se souvint qu'en temps qu'enfant Umpass, lorsqu'on avait la possibilité de pouvoir sortir, un des défis lancé consistait à entrer dans cette vieille bicoque et y dérober quelque chose. Lui il avait ramené un tisonnier qui avait été sa première arme de rue.

Quittant son air nostalgique, Raphaël continua de s'aventurer dans les rues délaissées de Horar. Il se souvenait parfaitement du chemin à emprunter. De la porte dissimulée, de la pièce sombre sur laquelle elle débouchait. De l'ouverture indiscernable à l’œil nu, et qu'il fallait trouver en palpant le mur. Il descendit l'escalier en colimaçon, marcha dans un long couloir qui semblait quasiment interminable et se retrouva face à un autre escalier qui déboucha sur les restes d'une immense porte. Les vestiges du passage de la milice secrète du prince.

Aujourd’hui, il avait l'occasion de se racheter en trouvant la flamme et en la cachant en lieu sûr. Il ne commettrait pas deux fois la même erreur. Passé la grande porte, il découvrit avec effroi les Catacombes ou plutôt ce qu'il en restait. Ce lieu autrefois était bel et bien un cimetière, mais avec l'ingéniosité et la complicité de certains haut placé, les Catacombes s'étaient métamorphosées en un lieu secret où des centaines de familles vivaient en harmonie partageant la même mission : protéger les mystères du continent. Une cité dans la cité.

Il n'en restait plus rien à présent. Raphaël descendit laconique les marches de la grande cour, marchant sur les débris d'ustensile, de vêtements, de jouets oubliés et même des armes abandonnées par les défenseurs du lieux. Même l'unique arbre des Catacombes autrefois verdoyant était mort. Le tronc desséché, les feuilles inexistantes ou au sol, colorées dans un noir couleur cendre et sec.

Le jeune homme au regard vert, trouva la force nécessaire en lui pour ne pas se laisser davantage happer par les souvenirs du passé et sans un regard pour les feuilles où l'herbe trop rare, il les piétina en se dirigeant droit dans ce qui jadis avait été le bureau de son père, mais aussi celui de tous les anciens chefs Umpass de Montaudréanie. Il lui semblait logique que la flamme se trouve quelque part par là.

Tribu : La Flamme [Tome 2]Where stories live. Discover now