Chapitre 10

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Une semaine s'était écoulée depuis que Reed m'avait annoncé qu'il allait m'aider à investiguer sur ce qui s'était passé. Jusque-là, nous avions fait des recherches sur internet, pour essayer de découvrir si la même chose était arrivée à d'autres personnes que moi. Mais nous faisions malheureusement un flop.

Assise dans mon fauteuil, je mangeais une assiette de pâtes avec appétit. Reed venait chez moi tous les jours ; il avait instinctivement compris que je préférais être dans mon appartement, y trouvant plus facilement mes repères.

— Tu sais, je pensais à un truc, m'annonça-t-il soudainement. On pourrait tenter de stimuler ta mémoire en te refaisant vivre ta dernière soirée avant de perdre la vue. Ça pourrait peut-être déclencher quelque chose ?

J'avalai une bouchée avec difficulté, m'efforçant de ne pas m'étouffer au passage.

— Tu crois que ça pourrait marcher ? l'interrogeai-je.

— Oy, je n'en sais rien du tout ! s'exclama-t-il. Mais ça ne coûte pas grand-chose d'essayer, n'est-ce pas ?

Je haussai des épaules. En effet, ça valait la peine de tenter le coup.

— Mais du coup, on sortirait dehors ?

— Ça pose un problème ? s'enquit-il, intrigué.

— Je suis pas sortie de chez moi depuis dix jours, je crois, avouai-je à voix basse.

— Après, si tu préfères, on peut rester ici et continuer nos recherches sur internet. Mais on risque de vite tourner en rond, fit remarquer Reed.

Je pris une grande inspiration que je relâchai lentement. J'avais conscience que j'avais choisi la solution de la facilité en demeurant enfermée chez moi ces derniers temps. Quoique, je m'apprêtais à aller dehors, lorsque Reed m'avait fait voler dans les escaliers. Et il avait raison : sur internet, on n'allait sûrement pas trouver beaucoup plus d'informations que maintenant, ce qui voulait dire pas grand-chose.

— Tu penses qu'on devrait s'y prendre comment ? Refaire toute ma dernière soirée ?

— Tu m'as dit que tu étais allée manger au restaurant et qu'ensuite tu étais revenue ici, c'est ça ?

J'acquiesçai silencieusement en essuyant ma bouche.

— J'y suis allée à pied, est-ce qu'on va faire le trajet de la même façon ? m'enquis-je, un peu anxieuse.

— Ce serait mieux, si on veut vraiment essayer de stimuler ta mémoire.

Je reposai mon assiette sur la table basse et me mis à ronger nerveusement l'ongle de mon pouce.

— Qu'est-ce qu'il y a ? m'interrogea Reed.

— Ça fait un bon bout de chemin. On en a pour quinze minutes à pieds.

— Est-ce que tu aurais peur ? s'enqui-t-il avec un sourire dans la voix.

— Oui. Tout à fait. Et j'assume complètement.

J'aimais la relation qui se tissait entre nous. C'était simple et direct. Pas de chichis, pas de détours, nous pouvions nous dire ce que nous pensions avec honnêteté. Je ne me sentais jamais jugée par lui, même si je me montrais faible et il ne me le faisait pas ressentir. Il m'avait parlé un peu de sa vie avant d'arriver ici, à voyager partout dans le monde. De par sa situation, c'est-à-dire avoir des pouvoirs alors qu'il ne devrait pas, il avait passé beaucoup de temps seul. Aussi, nous étions semblables sur ce point : nous avions pour habitude de passer beaucoup de temps avec nous-mêmes et personne d'autre.

— Un thé ?

— Tu poses encore la question ? fis-je semblant de m'étonner.

Aussitôt, une tasse parue entre mes mains. Reed m'avait précisé que son petit tour de passe-passe consistait à aller piocher le thé qui se trouvait dans mes placards, l'eau dans la tuyauterie et qu'il mélangeait le tout grâce à ses pouvoirs, chauffant la boisson au passage.

DALLWhere stories live. Discover now