Chapitre 20

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Arrivés dans notre immeuble, Reed me proposa de le suivre dans son appartement. C'était la première fois que j'allais y entrer en pouvant voir à quoi il ressemblait et j'étais assez bizarrement intimidée à cette idée.

Il ouvrit la porte sans ses clefs, d'un geste de la main, et se dirigea tout droit dans le salon, pour se laisser tomber dans un canapé au tissu rouge. Je m'avançai lentement dans la pièce, observant ce qu'il y avait autour de moi. La décoration était simple, mais moderne et ce qui me marquait le plus, c'était la quantité de photos de paysages encadrés, partout sur les murs. Mais l'heure n'était pas à la visite des lieux, ma sœur venait de se faire enlever, juste sous nos yeux et Reed allait enfin m'expliquer ce qu'il se passait.

Je m'assis dans le canapé à ses côtés, repliai une jambe sous moi et attendis qu'il se décide à me parler. Nous avions fait tout le trajet du retour dans un silence absolu, que je n'avais pas osé rompre. J'étais dans un tel état de nervosité... j'aurais voulu courir après la voiture blindée, mais elle était partie si vite que je n'avais pas aperçu quelle direction elle avait prise. Impossible d'aller voir la police, nous ne pourrions pas leur expliquer que nous venions de nous faire agresser par des sorcières et qu'elles avaient enlevé ma sœur.

— Tu te souviens quand tu m'as demandé si ma présence dans cette ville pouvait avoir un lien avec ce qui t'est arrivé ? finit-il par m'interroger.

J'acquiesçai doucement, n'osant pas prendre la parole.

— Je ne suis pas venu ici par hasard. Cela fait des mois que je suis les traces d'un clan qui fait des ravages un peu partout en Europe. Là où elles vont, les sorcières enlèvent des femmes qui ne ressurgissent jamais.

— Comme ce soir ?

Il hocha la tête et fit apparaître une tasse de thé qu'il me tendit. Je la pris, la portai à ma bouche et en bus une longue gorgée qui eut pour effet de m'apaiser légèrement. J'ignorais ce qu'il y avait dedans, mais cela faisait du bien.

— Est-ce que tu sais quel clan, c'est ? On peut aller la chercher ? Genre, tout de suite ? le pressai-je.

— Malheureusement, tout ce que je sais d'elles, c'est qu'elles laissent une rose noire derrière elle, comme une marque de fabrique.

— Mais, pourquoi ?

— Je n'en ai aucune idée, Elia.

— Il faut qu'on retrouve Camille, on doit faire quelque chose ! La voilà embarquée dans cette histoire, alors qu'elle n'a rien demandé ! m'exclamai-je.

— Toi non plus, tu n'avais rien demandé, observa-t-il.

Je haussai les épaules. J'avais l'impression, désormais, que c'était comme si j'avais toujours été dans cet univers. Mais on ne pouvait pas mêler ma sœur à toute ça. C'était hors de question.

— Qu'est-ce qu'ils font de ces femmes qu'ils enlèvent ? l'interrogeai-je soudainement, réalisant que c'était un détail important.

— Je ne suis pas sûr, mais j'ai une théorie... hésita-t-il.

— Et... ? le pressai-je.

— Qu'elles essayeraient de transformer de simples humaines en sorcières pour gonfler leurs rangs.

— Mais... pour quoi faire ? m'étonnai-je. Est-ce que... C'est ce qu'elles vont entreprendre de faire sur Camille ?

Je sentis la panique monter en moi. Il fallait absolument que l'on retrouve ma sœur avant qu'elles ne tentent quoi que ce soit sur elle.

— Tu n'as vraiment aucune idée de là où elle peut être ? insistai-je.

Je ne laissai pas le temps à Reed de me répondre que je me mis à tourner en rond dans son salon, essayant de faire fonctionner mes méninges.

DALLOù les histoires vivent. Découvrez maintenant