Chapitre 33 : Au clair de lune

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« La beauté est dans les yeux de celui qui regarde. »

- Oscar Wilde –


Autour de nous, les bâtiments avaient disparu au profit de la végétation qui nous entourait de toute part. Le lac s'étendait à perte de vue au-delà du ponton sur lequel nous nous trouvions. Je regardai le halo blanc qui ondulait sur la surface de l'eau. Etant donné qu'il faisait encore nuit, la seule lumière qui nous éclairait était celle projetée par la lune. Elle se refléta dans le regard mordoré de Jackson lorsqu'il le posa sur moi. Il se tenait face à moi, les bras croisés sur sa poitrine, un sourire aux lèvres. Le t-shirt blanc qu'il portait faisait ressortir son teint halé sous le clair de lune.

Je m'étais levée à l'aube pour le suivre comme chaque matin depuis plusieurs semaines. Mais contrairement aux autres jours, il n'avait pas pris la direction de l'ancienne usine située dans le quartier d'Algiers où nous avions pris l'habitude de nous entrainer. Il nous avait conduit aux abords de la ville avant de s'enfoncer dans les profondeurs du bayou en m'entrainant derrière lui. J'avais perdu quelques cheveux à cause des branches que j'avais croisé sur mon passage et mes baskets blanches et mon jogging étaient désormais couverts de boue.

- On va travailler ton endurance aujourd'hui, me dit-il en tapant dans ses mains, d'un air un peu trop enjoué à mon goût. Tu ne pourras pas toujours gagner au corps à corps. La plupart des bêtas de Reagan sont des loups-garous depuis leur naissance ou transformés depuis beaucoup plus longtemps que toi. Il est donc important que tu sois capable de courir assez vite et assez longtemps pour pouvoir t'enfuir en cas de besoin

- On est venus jusqu'ici pour faire un footing ? On aurait très bien pu le faire en ville.

Je relevai la tête quand des gouttes d'eau tombèrent sur mon visage et soupirai. Il ne manquait plus que ça. Jackson n'avait pas l'air d'être gênée par la pluie qui commençait à s'abattre sur nous. Je le connaissais assez pour savoir qu'elle ne le ferait pas changer ses plans. Je n'échapperai pas à cette nouvelle séance de torture, même avec l'aide de la Nature. À cause de la basse température, mon souffle formait un nuage blanc dans l'air à chaque expiration. Heureusement pour moi, ma récente transformation me protégeait du froid hivernal.

- Non. J'ai prévu quelque chose d'un peu différent, même si en soit le principe reste le même.

- C'est-à-dire ?

Je le regardai avec méfiance lorsqu'il s'approcha de moi avec un sourire avant de poser ses mains sur mes épaules.

- On va jouer au petit chaperon rouge. Le décor est parfait, ajouta-t-il en désignant la forêt derrière nous, les yeux pétillants d'amusement.

- Je ne suis pas sûre d'avoir bien compris, dis-je en plissant les yeux.

- Laisse-moi t'expliquer le principe très simplement : toi, tu es le petit chaperon rouge et moi, le grand méchant loup. Si je t'attrape avant que tu aies atteint la route, tu perds. Si tu l'atteins avant que je n'aie réussi à te rattraper, tu gagnes. Le perdant offre un menu au gagnant.

- Sérieusement ? C'est pour ça que tu m'as passé un sweat à capuche rouge ? demandai-je en baissant les yeux sur le sweat à l'odeur masculine qu'il m'avait donné et que j'avais enfilé avant de partir. J'aurai dû me douter que tu mijotais quelque chose.

- Je me suis dit que ça te mettrait un peu plus dans l'ambiance, ricana-t-il en attrapant la capuche du sweat pour la rabattre sur ma tête.

- Tu es conscient que tu es beaucoup plus rapide que moi ? dis-je en repoussant ses mains avec un léger sourire, amusée par sa référence au célèbre conte. Tu m'auras attrapé dès le moment où je me serais mis à courir.

Between Two SidesWo Geschichten leben. Entdecke jetzt