Chapitre 17

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2 janvier 1887

Draigh Orlaquame n'avait jamais été aussi sûr de lui. Ce matin encore, il avait vérifié leurs armes magiques, la portée du contrôle mental sur les humains et mages ingénieurs, ainsi que les enchantements des automates du côté du bois de Vincennes. Les Orlaquame n'étaient, certes, pas parvenus à mettre la main sur le gouvernement, mais cela n'avait plus aucune importance. Une fois qu'ils auraient assassiné les Bernier, ils seraient les seuls maîtres de la ville.

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10 janvier 1887

Xezhul Kane tournait en rond dans son atelier, vérifiant encore et encore les ingrédients nécessaires à l'invocation d'Alrinach. Georgina, assise dans un fauteuil, se contentait de siroter une tasse de thé en silence, tout en lisant les prédictions apportées par ses cartes de tarot. Elle se retint de grimacer, afin de ne point inquiéter son maître. Au vu de l'état de ce dernier, la moindre contrariété pourrait le faire échouer. La jeune femme opta donc pour le silence. Après tout, ils touchaient au but. Et si le sorcier se ratait, et bien... elle avait déjà prévu de s'enfuir très vite et très loin. Elle n'était qu'une mage avec quelques talents innés de médium. Contre un démon ou toute autre menace, elle ne tiendrait pas une seconde.

— Georgina ?

— Oui, maître ?

— Lorsque les ensorceleurs seront morts et que la ville m'appartiendra, je t'offrirai tout ce que tu voudras. Tu deviendras ma reine, sois-en assurée.

— Je vous remercie, maître.

Elle se leva en soupirant. Elle ne savait pas les sorciers si optimistes et idéalistes. Ou était-ce de la naïveté ? Toutefois, il existait une infime chance pour que le plan de Xezhul fonctionne. Une unique voie où il serait vainqueur... Mais Georgina n'était pas femme à croire aux miracles.

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25 février 1887

La construction de la tour Eiffel s'était achevée quelques jours auparavant et tout le monde attendait avec impatience son inauguration le 5 mars, lors de l'ouverture de l'exposition universelle. De loin, Archibald et les habitants pouvaient déjà admirer l'édifice, tandis qu'Alfy et Lawrence l'avaient survolé, rongés par la curiosité. Dans la ville régnait un air de fête, alors que dans les bois de Boulogne et de Vincennes, la Nature s'agitait d'inquiétude.

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27 février 1887

Les Parisiens attendaient avec impatience le discours de leur président. Tous savaient que cela avait un rapport avec la monarchie.

— Habitants de Paris, merci d'être venus si nombreux.

Jules Grévy, accompagné de son chien inorganique, s'était installé sur l'estrade.

— Aujourd'hui est un jour historique pour le gouvernement français. À compter de ce jour, Charles de Bourbon me remplace.

Le Duc de Madrid rejoignit le président sur l'estrade.

— Charles XI récupère son statut de roi.

Le public, désormais ensorcelé depuis de nombreuses années, ne put qu'acclamer cette nouvelle, comme s'il s'agissait là de la déclaration la plus banale au monde, comme si le président venait de leur annoncer la météo du lendemain matin.

Au loin, dans la chaleur de leur manoir, Alastair et Eveus Bernier suivaient l'évènement grâce à une sphère de divination. Le patriarche souriait.

— Parfait. As-tu préparé les prochains journaux qui seront distribués au reste du pays ?

— Oui. Les autres Français ne seront pas au courant du retour de la monarchie avant que nous ayons récupéré le pouvoir... avant qu'il ne soit trop tard. Ne vous en faites pas, père. Tout se déroule à merveille. J'ai aussi demandé à mon familier de vérifier l'influence des Orlaquame sur la ville. Elle est négligeable. Eux, tout comme le sorcier, ne nous poseront absolument aucun problème.

Paris n'existe plusWhere stories live. Discover now