XXI

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- Kimberly... Faut que t'arrêtes de déprimer comme ça.

Je suis chez Jules, en train d'entamer mon troisième pot de glace. Je fais pitié à voir, avec mon sweat à capuche et mon bas de jogging. Ça fait deux semaines depuis l'incident à l'hôtel, avec Aiden. Depuis, pas un message, pas un appel. Juste des descriptions vagues de la part de Jules, qui traîne parfois avec lui.

- Je veux pas. Je veux rester comme ça pour toujours.

- Dis pas ça, t'es malade ! Faut pas que tu te mettes dans des états pareils pour un gars. Ils en valent pas la peine.

- C'est facile pour toi de dire ça. Vous filez le parfait amour, avec Éric.

- C'est vrai, dit-elle en souriant. Mais c'est pas une raison pour déprimer chez moi comme ça.

Je soupire. Aiden me manque terriblement, mais je préfère mourir plutôt que de le lui avouer. Ce qu'il a dit, ou plutôt n'a pas dit, m'a vraiment blessé.
À cause de lui, j'ai fini par me perdre dans Paris, le matin de notre dispute. J'ai dû appeler Caleb vu que Jules était chez Éric. C'était un peu bizarre, vu que il était justement le sujet de notre dispute. Il est venu me chercher en voiture, et j'ai pleuré comme une demeurée. Lui, de son côté, n'a pas arrêté d'insulter Aiden de tous les noms, si bien que c'en est presque devenu comique.

- Pourquoi tu sors avec quelqu'un qui te fait autant pleurer ? m'a-t-il demandé.

- J'en sais rien, Caleb, ai-je répondu.

Il m'a ensuite déposé chez moi, et on a dîné avec ma mère, qui était ravie de le voir. Elle n'a posé aucune question, ce dont je lui suis entièrement reconnaissante.

J'ai passé la première semaine à ruminer dans ma chambre, et errer comme un être sans vie dans la maison. La deuxième semaine de vacances, j'ai commencé à travailler, et à organiser mes affaires pour le voyage.

Aujourd'hui, on est là veille de la rentrée, c'est-à-dire la veille de notre voyage, et la perspective de revoir Aiden me rend vraiment nerveuse. Si on rajoute en plus le fait que Lisa vienne avec nous...

- Tu sais quoi ? Viens, on va au McDo.

- Nan, je vais prendre trop de kilos sinon.

- Bah, t'as qu'à ne rien acheter. Allez, viens ! T'as déjà gâche tes vacances, essaye au moins de te rattraper.

Je lui lance un regard noir, mais finit par me lever et partir avec elle, en traînant des pieds.

Une fois arrivés au McDo, Jules commande un menu Maxi Best of. Elle dévore sans pitié son repas devant moi. Le contraste est frappant, entre son côté qui est rempli de tas de nourriture et le mien, vide et propre. Un homme d'environ la vingtaine a tellement pitié de moi qu'il m'offre un ice-tea, bien que j'ai refusé plusieurs fois.

- Eh ben. Être jolie c'est vraiment bien, t'as des inconnus qui t'offrent des boissons.

Je m'apprête à répliquer quand je remarque que l'expression sur le visage de Jules change. Tout d'un coup, elle commence à paniquer, et fait tout pour me distraire.

- Bon, qu'est-ce qu'il y a ?

- C'est...

Je suis son regard, et une boule se forme immédiatement dans mon ventre. C'est Aiden. Accompagné d'une fille. 

- Aiden, regarde ! Y'a Jules, dit Lisa de sa voix aiguë, si insupportable.

Je vais l'étrangler. Je vous jure que je vais l'étrangler.


Jules semble le remarquer, vu qu'elle me chuchote "Calme-toi".

Lisa finit par me saluer de la main, l'air sadique. Je lui réponds par un regard noir et un doigt d'honneur, puis prend mon ice-tea et sort du McDo, sans adresser un regard à Aiden. Jules me suit, où du moins c'est ce que je pensais.

- Eh, attends.

Je me retourne et aperçoit Aiden à la place de Jules. Il a un air bizarre, indescriptible.

- Quoi ?

- J'ai merdé, ok? Plus que tu l'imagines. Je suis vraiment désolé.

- Tu dis ça juste pour pas te sentir coupable.

-Non, je suis sérieux. J'ai vraiment merdé, je... J'aurais pas du faire ça. J'aurais pas du te laisser partir.

Je haussé les sourcils, surprise. La frustration et la tristesse accumulés aux cours des derniers jours ressort, et je craque devant lui.

- Pourquoi tu fais ça ? Tu m'ignores pendant deux semaines, et c'est que maintenant tu vois me voir ? Si j'étais pas venue ici, t'aurais continué à m'ignorer. Pas vrai ?

Je réprime un sanglot, et continue :

- Pourquoi faut-il toujours que je me retrouve à pleurer à cause de toi ? Quand on est ensemble, pendant un instant, j'ai l'impression d'être au paradis, et puis l'instant d'après, je pleure. Tu trouves ça normal ?

Il ne dit rien, et continue à m'observer.

- Arrête de me regarder ! Criai-je. Parle !

Il continue à ne rien dire, et m'attire vers lui.

- Je te promets que je te ferai plus pleurer. Je déteste te voir dans cet état.

Je me blottis dans ses bras, et on reste comme ça pendant un moment. Puis il me lâche, et rentre dans le fast-food. Je reste plantée la, incapable de bouger. Mon esprit est encore plus confus qu'avant. 

Nda : je vais garder le pdv de Kimberly pendant un moment, vous comprendrez bientôt pour quoi. 

PrejudiceOnde histórias criam vida. Descubra agora