Chapitre 20: Le destructeur du monde anéantit

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Maloan

Soudain, alors que je luttais avec Ellya, je me retrouve seul, seul, mais ça ne m'empêche pas de lutter. J'arrive enfin à voir ce qui se trouve autour de moi. Devant moi, le destructeur du monde, qui contrôle encore le reste de mon corps, excepté mes yeux, continue de brûler et de réduire en cendre tout sur son passage. Je n'ose imaginer le massacre derrière moi. Je me trouve apparemment dans une forêt, où tous les êtres vivants sont soit cachés soit disparus, car le silence règne presque, hormis le bruit de la destruction. C'est alors que, face à moi, deux créatures surgissent : deux Anthousai, une maman et sa fille. Facilement reconnaissables grâce à leurs cheveux et vêtements faits de fleurs. Oh non, le destructeur du monde se dirige vers, elles. Elles sont apeurées, et fuient le plus rapidement possible. Mais ce ne sera sûrement pas assez vite pour elles. Je dois à tout prix l'empêcher de les atteindre. Je lutte pour prendre possession de mon corps. Je réfléchis : la première partie de mon corps que je dois contrôler sont mes jambes ! Je veux empêcher le destructeur du monde d'avancer. Je me concentre sur celles-ci, mais essayer les deux jambes entières d'un coup est impossible. Je commence par le pied droit, appuyant du plus fort que je peux sur le sol de celui-ci. Je veux ancrer mon pied, le contrôler. Le destructeur du monde est presque sur les deux Anthousai.

J'y arrive ! Je suis surpris d'y arriver si facilement, tandis je vois le sol se rapprocher de moi. Le reste de mon corps tombe en avant, tout simplement car le destructeur du monde a continué d'avancer avec la gauche, et il s'écroule alors face contre le sol, comme une crêpe, comme si quelqu'un lui avait fait un croche-patte. Il s'étale tout son long. Il n'avait pas imaginé une seule seconde que j'arriverais à résister, ne savait même pas que j'étais de nouveau conscient. Il semble ne pas prendre conscience de ma présence, croyant à une simple erreur de sa part, un trébuchement. Pendant qu'il se relève, je vois que les deux Anthousai ont pris de l'avance, et j'en suis heureux. Même si le destructeur du monde a encore le temps de les atteindre, je vais l'en empêcher.

Je sens alors qu'il essaye, force, de relever le pied droit qui est toujours solidement ancré dans le sol. Pour l'instant, toutes mes forces sont concentrées sur lui, alors il ne risque pas d'y arriver. Le destructeur du monde s'égosille, hurle, bouge en tout sens, va même jusqu'à saisir ses mains pour soulever son pied. Il hurle de rage, tandis que je ne desserre pas d'un cran. Je vois alors qu'il a une autre idée en tête. S'il ne peut pas poursuivre les créatures, il les attaquera de loin, lançant une boule de feu au loin. Je comprends ses intentions quand la boule de feu se forme dans ses bras. Elle est quatre fois plus grosse que ma tête.

Vite ! Je prends l'emprise de la main droite, serrant la boule de feu du plus fort que je peux, même si la douleur me brûle les doigts. Au moins le destructeur du monde souffre aussi, et ce n'est que faible compensation comparé au mal qu'il fait. J'arrive à bouger la main gauche, et la boule de feu serrée fermement entre les deux, je force celle-ci à rétrécir en rapprochant mes mains l'une de l'autre doucement. La douleur est intolérable, mais je la supporte. Je le dois, quitte à les brûler. Celle-ci finit par disparaître en une fumée épaisse lorsque je joins enfin mes deux mains, et elle s'échappe d'entre mes doigts pour s'évader vers le ciel, dans la nature.

J'ai alors l'impression que le destructeur du monde comprend le problème, c'est-à-dire moi. Il se met à essayer, de ses forces mentales, de lutter contre ma conscience, pour me renvoyer dans l'inconscience. Tout autour de moi est alors plongé dans le noir. Mais je sens encore mon corps, et ne relâche pas mes mains, ni mon pied droit. Il se matérialise alors dans ma tête, telle un démon fait et entouré de noirceur. Le démon a forme humaine, avec néanmoins la tête du diable, une tête de bouc, avec deux cornes épaisses enroulées sur elles-mêmes. Son visage est monstrueux, diabolique, horrifiant, digne des plus effrayants films d'horreur. Sa peau est craquelée, ses sourcils épais bifurquent en tous sens. De ses yeux surgissent des flammes, qui me font penser à celles de l'enfer. Il n'a pas de nez mais un museau. Son sourire est pourtant bel et bien humanoïde, un large sourire qui s'étend jusqu'à ses joues, tout en haut. Un sourire noir, figé, muni de longues dents pointues et acérées, aussi pointues que celles d'un requin, ou encore de toute autre créature sous-marine inconnue. Une langue de serpent, rose, sort de sa bouche, et son menton et sa mâchoire sont triangulaires, donnant une impression de maigreur, de diabolisme et de puissance à la fois. Le diable en face de moi possède des cheveux longs jusqu'au menton, noirs et lisses, plaqués en arrière.

Je sais que ce n'est qu'une représentation mentale du destructeur du monde qui s'offre à moi, car il n'est pas comme cela dans la réalité. Il veut me terroriser, pour me faire perdre le contrôle et se débarrasser de moi. J'avoue cependant avoir un véritable frisson remontant de mes bras jusqu'à mon échine en passant par tout mon corps, en l'observant. Il fout vraiment les jetons.

C'est alors que le combat commence. Le destructeur du monde, du moins, sa représentation, m'attaque. Je devrais avoir peur et trembler de tout mon corps. Néanmoins, je prends sur moi, malgré la peur, et ferme les yeux. Le courage s'empare de moi, et je déclare alors :

-Tu n'existe pas.

Je dis cette phrase si fermement que, lorsque je rouvre les yeux, tout est en suspens. Le destructeur du monde est comme à l'extrême ralenti. En même temps, ça me paraît logique. Quoi de mieux pour détruire une illusion de l'esprit que de dire tout haut et fort ce qu'elle est. Je répète alors, cette fois les yeux ouverts, et sûr de moi à cent pour cent :

-Tu n'es qu'une illusion, je ne crois pas en toi. Disparais.

Une seconde après que j'eu prononcés ces mots, tout s'arrêta complètement de bouger, puis l'illusion se fracassa, tel un miroir qui se fendille de tous les côtés, avant d'exploser dans un bruit de verre.

Je rouvrais les yeux et me retrouvais dans la réalité. Je sentais le destructeur bouillir en moi, terriblement déçu et agacé de s'être fait avoir si facilement, que j'ai réussi sans faillir à déjouer son piège si rapidement.

Plus il enrage et plus je me sens fier, fort, plus puissant que la conscience du destructeur du monde. Je suppose que l'aide d'Ellya y est pour quelque chose, bien sûr, je n'aurais jamais pu retrouver conscience de mon corps sans elle, car elle m'a aidé à gravir le plus dur. Mais je suis quand même i fier. Je continue de reprendre le contrôle de ma jambe droite : d'abord la cheville, ensuite jusqu'au genou, puis mes cuisses... Et c'est pareil pour la jambe gauche, en commençant toujours par mon pied. Le destructeur du monde hurle d'impuissance. Il doit se douter que c'est fichu. Puis mes bras me reviennent à moi, mon torse, mon cou, ma tête, mon corps entier.

Je respire lentement. Je suis épuisé. J'ai enfin pleinement conscience de mon corps, et du destructeur du monde ne subsiste qu'une petite voix, une voix grave, qui lutte encore. Mais c'est tout. Ne me reste plus qu'à enterrer cette voix, de la même manière qu'elle a voulu m'entraîner dans le néant à jamais. Sauf que moi, je vais y arriver, car je n'emploierais pas la même méthode. Fermant les yeux et me rendant dans mon esprit. Le destructeur du monde est presque replié sur lui-même. Il sait que je maîtrise toutes mes capacités habituelles, et que je possède les siennes, même si leur maîtrise m'est totalement inconnue. J'aimerais faire comme dans les livres que je lisais petit. Des livres emplis de magies dans lesquels un jeune mage apprenait la magie dans le but de contrer fantôme, démons et toutes autres créatures maléfiques. Dans mes livres, les héros utilisaient souvent un sort pour sceller les créatures à jamais. Je devais utiliser mes nouveaux pouvoirs pour reproduire quelque chose de similaire.

Je réfléchissais à la manière de le faire. Puis une idée me vient. Ellya m'avait un jour expliqué la manière dont elle créait ses sorts : elle imaginait l'effet qu'elle voulait obtenir, le but du sort, et ça marchait, comme ça. Je pouvais peut-être faire de même !

J'imaginais alors deux énormes pierres blanches, des pierres immenses, assez grandes pour contenir, ou plutôt détruire, l'âme du destructeur du monde, ou son esprit plutôt, car je doute qu'il ait une âme. Ces deux pierres rectangulaires sont taillées dans la magie, une magie puissante, largement supérieure à celle du destructeur du monde. Une puissance infini, qui vient de moi, mais pas seulement, qui vient aussi du monde entier, rempli de cette même magie, pure. Je vois alors les deux pierres blanches foncer, chacune d'un côté du destructeur du monde, une devant et l'autre derrière, à toute vitesse, et l'écraser. Le destructeur du monde hurle une dernière fois, tandis qu'une lumière blanche jaillit des deux pierres, avant de s'atténuer jusqu'à disparaître. Sur la face que je vois de la pierre, devenue une seule, j'aperçois, comme une peinture gravée, la représentation du destructeur du monde au moment de sa disparation, ses bras noirs tendus vers le ciel, que son visage horrible regardant en l'air.

Puis je reviens dans la réalité. Je me sens... faible tout à coup... comme épuisé... Et alors que ma vision se brouille, je tombe au sol, m'évanouissant...


Maloan: Les aventures des terres mixtes (Tome 2) (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant