Chapitre 2 : Et je suis partie

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???

Il y a maintenant plusieurs années, j'ai rencontré un garçon près d'un terrain de foot. J'étais partie à la hâte, comme elle me l'avait ordonné. Je ne devais pas rentrer avant 18h, et je pensais errer dans la ville, dans les campagnes et le bord de la montagne, gangrenée par l'inquiétude. Cependant, j'ai eu le droit à un rayon de Soleil, un sourire et une main tendue qui ont réussi à me faire oublier, pour quelques heures, tous mes tourments. Je pensais y retourner le lendemain, revoir celui dont je ne connaissais pas encore le nom, mais, dans la nuit, ma mère l'a réveillée, et nous sommes parties.

Ce qui s'est passé ensuite, me revint en mémoire, comme le pire film que je n'avais jamais vu de ma vie. La voiture, le bruit du tonnerre, l'arbre, son cris, et un silence. Un silence macabre. j'ai vite chassé ces images de mon esprit, tentant de me concentrer sur la musique qui me parvenait depuis mes écouteurs depuis mes écouteurs, et le paysage enneigé glissant derrière la vitre.

Damien et mon oncle me cherchaient probablement partout à l'heure qu'il était. Je savais bien que c'était mal, que je n'aurais jamais dû tout laisser en plan. Partir sans prévenir pour ne jamais revenir. Cependant, je ne pouvais pas l'accepter, je refusais de lui obéir et de devenir ce qu'il voulait que je sois. Certes, ma mère, sa sœur, avait disparu en choisissant la liberté plutôt que la sécurité, mais je saurais être libre et vivante, de toute façon, quand je suis dans cette cage dorée, je ne vis pas, je survis. Un vibrement accompagné d'un drôle de chant d'oiseau me sortirent de mes pensées. Je baissais les yeux vers mon téléphone, et voyais le nom de mon amie affiché à côté de la note "appel entrant de...". J'ai décroché, et j'ai approché le téléphone de mon oreille pour répondre :"Allô ? Halley ?

- Salut ! retentit la voix de ma meilleure, et unique amie. Tu l'as fait ? Tu es partie ?

- Oui, j'ai pris le premier train vers Hokkaido dès que j'ai réussi à quitter les lieux. l'informai-je, mélancolique de cette ville dans laquelle j'avais autrefois habité, et passé de merveilleux moments avec ma mère.

- Mais t'es une warrior ma parole ! s'exclama-t-elle. Viens chez moi après 23h, mes parents seront partis, tu vas pouvoir dormir à la maison. Et Dinah ?

- Elle est avec moi. expliquais-je simplement en jetant un œil à mon sac.

- Tu l'as mise dans tes bagages ? demanda-t-elle sur le ton de la plaisanterie.

- Oui. affirmais-je le plus sérieusement du monde, tout en glissant ma main dans mon bagage pour caresser le petit animal au pelage moucheté qui s'y cachait, glissé entre mes quelques affaires.

- Plus 20 points de courage ! annonça-t-elle. Et Damien alors ? Tu l'as vu avant de partir ? Il n'est peut-être pas si mauvais que ça après tout ?

- Je ne lui ai pas parlé, je l'ai vu de loin. soupirais-je. Quand mon oncle disait qu'il me plairait, je peux confirmer que ce n'était que physiquement, en même temps, je doute qu'il ne déplaise à quiconque, il est parfaitement splendide dirait-on.

- Tu as intérêt à me faire la meilleure description de ta vie quand tu arriveras ! s'écria Halley.

- J'ai pris une photo en cachette, je te l'envoie. décidais-je.

- Merci ! Mais pourquoi refuses-tu de lui laisser sa chance ? m'interrogea-t-elle. Tu n'as reçu qu'une lettre de lui, c'est peut-être quelqu'un de charmant.

- Elle était suffisante pour que je comprenne que nous n'étions pas faits l'un pour l'autre. murmurais-je, en me souvenant de cette lettre. écrite à l'ordinateur, sans aucun doute, j'étais déçue de ne pas voir comment il écrivait, mais, je n'ai pas eu besoin de sa calligraphie pour comprendre qu'il me croyait acquise. il ne faisait qu'exiger dans son écrit, il ne demandait rien, il ne proposait rien? il n'y avait que lui et ses envies qui existaient.

- Je vois. souffla Halley. Je dois raccrocher, mes parents m'appellent. A tout à l'heure ma belle !

- Merci Halley, tu es parfaitement splendide."

Puis elle raccrocha. Je relançais la musique, et continuais de caresser mon chat, maintenant endormi. Il me restait encore plusieurs changements et heures de train avant d'arriver à destination. Puis une longue marche pour arriver chez Halley. Beaucoup de personnes se seraient ennuyées de ce voyage, mais je ne faisais pas partie de cette catégorie. J'ai toujours adoré le train et la marche.

Pour la dernière fois de la journée, j'ai entendu le crissement assourdissant des freins. Je me suis levée après quelques secondes, et alors que je rejoignais la sortie, j'ai vu une femme âgée tremblotante, tentant de descendre les marches. Je me suis alors approchée d'elle en lançant, en même temps qu'une voix masculine bienveillante, que je connaissais, mais que je n'arrivais pas à identifier :"Attendez Madame, je vais vous aider." J'ai relevé la tête, alors que je m'étais approchée pour prendre le bras gauche de la vieille femme, j'ai vu qu'un garçon aux cheveux argentés coupés au niveau du menton, me regardant avec des yeux turquoises emplis de surprise, et de ce que j'interprétais étrangement comme de la mélancolie. Quand je l'ai vu, à cet instant j'étais sûre que c'était lui. Ce garçon était celui qui avait illuminé la pire journée de ma vie avec son sourire et sa main tendue. Cependant, je n'ai rien dit, redoutant peut-être sa réaction. Après tout, il ne se souvenait probablement pas de moi. Il ne m'avait connue qu'une journée, je n'étais rien pour lui.

La vieille dame nous remercia, alors que nous l'aidions à descendre. Une fois en bas des quelques marches, je lui demandais avec un sourire :"Où allez-vous ? Je peux vous accompagner si vous le souhaitez.

- Merci ma petite, je vais dans la rue principale, mais ménagez-vous mon enfant, et retournez voir votre famille. m'intima-t-elle d'une voix chevrotante, sans manquer d'être bienveillante.

- Ne vous inquiétez pas, on ne m'attend pas. affirmais-je alors qu'il était déjà 23h, voulant juste oublier un temps Damien, mon oncle, et tous ces tracas, j'ai passé mon bras en dessous de celui de la grand-mère pour l'accompagner.

- Dans ce cas, merci ma petite. me remercia-t-elle avant de se tourner vers le garçon aux yeux turquoises . Et merci à vous aussi mon petit, de m'avoir aidée."

Il lui répondit d'un sourire, avant que nous ne partions en direction de la sortie de la gare. Après quelques mètres, je me suis retournée, voulant revoir ce garçon, souhaitant savoir s'il n'était qu'un rêve éveillé. Et il était là, rentrant dans le train. J'ai laissé échapper un sourire, avant de reprendre ma route, la vieille femme m'interrogeant, amusée par la situation :"Un coup de foudre ma petite ?

- Des retrouvailles..."

"Je te retrouverai"  Shawn x Oc ArèsWhere stories live. Discover now