Chapitre III

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Romane et Jules se baladaient dans les rues de Vérone, vérifiant par reflexe à chaque coin de rue qu'un trafiquant d'enfants ou autre ne s'y cachait pas. Mais peu à peu, ils se détendirent, comprenant qu'ils n'avaient rien à craindre. 

Plus loin, ils aperçurent deux hommes apprenant à leurs fils à se battre à l'épée. Leurs femmes étaient assises sur un banc juste derrière, discutant en compagnie d'une dame plus âgée. 

Les deux garçons s'affrontaient en duel. L'un devait avoir aux alentours de dix ans, était blond. L'autre, roux, était à peine plus jeune, environ sept-huit ans. 

Le plus jeune tomba, déséquilibré. 

- Je comprends pas pourquoi je suis tombé, dit-il à l'attention de celui qui semblait être son père. 

Romane s'approcha et l'aida à se relever. 

- Comment tu t'appelles ? 

- Lucas, répondit-il, étonné.

- Lucas, ta garde était trop basse et tes appuis trop proches. Remonte ta lame. Très bien. Maintenant, recule ton pied droit. Tu sens que tu es plus stable ? 

- Oui, dit Lucas, plus confiant qu'avant.

L'autre garçon paraissait agacé. 

- Et comment tu sais ça ? demanda-t-il d'un ton légèrement hautain. 

- J'ai appris, comme toi. 

- Les filles ne savent pas se battre à l'épée. 

La jeune fille vit rouge. 

- Tu veux que je te prouve le contraire ? 

Le garçon s'avança et se planta juste devant, la forçant à lever la tête pour le regarder dans les yeux. 

- Avec plaisir. 

Romane prit Jules par la main et se dirigea vers les adultes. 

- Vous pouvez surveiller mon frère deux minutes ? Merci. 

Elle se tourna vers son adversaire et sortit son épée d'une poche de sa robe. Cela étonna tout le monde qui la pensait désarmée. 

- Je vais aller doucement, dit le garçon d'un ton mesquin. 

- Et bien moi, je ne vais pas faire dans la dentelle. 

Et elle attaqua. 

Elle n'avait pas autant de force que son adversaire mais ses coups étaient rapides et précis. Sa robe, conçue spécialement par sa mère, était légère et fluide pour qu'elle puisse feinter à son aise.

Des personnes s'étaient regroupés autour d'eux. Enfants comme adultes admiraient la jeune fille qu'ils n'avaient jamais vu combattre. Certains faisaient même des paris. 

Un coup circulaire la fit tomber en arrière et elle heurta le sol. Le blond, pensant avoir gagner, relâcha son attention. Erreur de sa part. Romane en profita pour lui faire un croche-pied. Il tomba et la jeune fille roula, lui prit le poignet et lui mit sa propre lame sous la gorge, tenant la sienne au dessus de son visage. 

- C'est pas juste ! protesta le garçon. Tu étais à terre, le combat était fini ! C'est déloyal !

- Premièrement, commença Romane, un combat n'est jamais fini tant ton adversaire n'est pas mort. Deuxièmement, tu crois vraiment qu'un ennemi sera juste ou loyal ? 

Elle se releva et rangea son épée. Elle se tourna pour aller chercher son frère, mais le garçon l'attrapa par le poignet. 

- Je m'excuse pour ce que j'ai dit tout à l'heure. Les filles savent se battre.

Il marqua une pause. 

- Je m'appelle Gabriel. Mes parents, c'est Benvolio et Céleste. Lucas est le fils de Mercutio et Livia et la dame là-bas, c'est ma grande tante, Lucy. On est des Montaigu. Et toi ? 

Elle lui sourit. 

- Moi, c'est Romane. Et mon frère, Jules. 

Elle prit la main de son frère. 

- Tu sais que tu vas te faire disputer par Papa et Maman quand ils le sauront ? demanda Jules.

- Raison de plus pour pas leur dire, lui répondit sa sœur avec un clin d'œil.

Et ils reprirent leur chemin dans les rues de Vérone.

 À deux mètres d'eux, Benvolio et Mercutio avaient observé la scène du début à la fin et étaient troublés. Ils se regardèrent et dirent en même temps :

- C'est dingue ce qu'elle lui ressemble.

Les enfants de Roméo et Juliette [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant