Chapitre V

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Trois jours plus tard :

Roméo et Juliette faisaient route vers Vérone, la boule au ventre il fallait bien l'admettre. Tous deux appréhendait leur retour dans la ville de leur enfance. 

"Tout va bien se passer". C'est ce qu'ils s'étaient dit pour se rassurer mais aucun n'en était sûr.

Roméo regarda avec nostalgie les grandes portes qu'il avait essayé tant de fois de passer incognito avec Benvolio et Mercutio. Deux gardes étaient postés devant. 

- Halte ! Déclinez votre identités et la raison de votre venue.

- Voyons Mattéo, on ne reconnait même plus un vieil ami ? 

Mattéo ne cacha pas sa surprise. Il faut dire qu'ils se connaissaient déjà quand ils étaient hauts comme trois pommes.

- Roméo ! Ça fait longtemps. Je vois que tu es accompagné, ajouta-t-il en remarquant Juliette. 

- Oui. Tu veux bien prévenir ma mère ainsi que les parents de Juliette ? 

Mattéo fit signe à son collègue et tous deux coururent à l'intérieur de la ville. 

- Prête ? 

Juliette hocha la tête. 

- Prête si tu es prêt. 

Ils pénétrèrent à leur tour dans la ville. 

Lady Montaigu apparut devant eux, suivie de près par Benvolio et Mercutio. Elle courut prendre son fils dans ses bras. Elle le serra si fort qu'il eût du mal à articuler.

- M'man, tu m'étouffes. 

Juliette resta à l'écart, laissant son mari avec sa famille. Par ailleurs, la sienne se pointait au bout de la rue.Sa mère fondit en larmes et elle-même eût beaucoup de peine à ne pas céder sous l'émotion. 

- Ma fille, dit son père d'une voix tremblante, tu es revenue. 

Juliette craqua et se précipita dans les bras de son père. Elle avait souvent pensé à eux depuis son départ mais elle se rendait compte à quel point ils lui avait manqué. 

Le Comte Capulet prit les mains de sa fille et remarqua l'alliance qu'elle portait à l'annuaire gauche.

- Tu... Tu es mariée. 

- Oui. 

Tybalt sourit à la nouvelle.

- Et qui est l'heureux élu ? la taquina-t-il.

Juliette se mordit la lèvre.

A peine plus loin, Mercutio, content de revoir son ami, ébouriffa les cheveux de Roméo. 

- Tu te souviens de Mina ?

- Celle qui me courrait toujours après ? 

- Ouais, dit Benvolio en riant. Elle est toujours décidée à devenir ta femme. Je serai toi, je ferais attention.  

- Elle va être très déçue alors.

Sa mère et ses deux amis écarquillèrent les yeux de surprise. Ils furent presque choqués l'anneau d'or au doigt de Roméo.

- Mais... Depuis quand ? 

- Depuis un bon bout de temps. 

Un raclement de gorge se fit entendre et Capulet et Montaigu se retournèrent. Le prince Escalus avança de son pas royal et traversa la foule qui s'inclina jusqu'à arriver à Roméo et Juliette. 

- Vous êtes revenus, dit-il avec un sourire bienveillant (quoiqu'un poil moqueur). Je commençais à croire que vous nous aviez oublier. 

- Bien sûr que non.

- En tout cas, je suis content de vous revoir Monsieur Montaigu. Et vous aussi, Mademoiselle Capulet. 

- En fait non, je... 

- Maman ! Papa ! 

Romane et Jules se précipitèrent vers leurs parents, sous les yeux étonnés de tous.

- Vous nous avez manqué.

- Vous aussi, dit Juliette en les serrant contre elle, vous avez été sages ? 

- Oui, bien sûr, assura Romane. 

- Enfin, Romane a failli embroché Gabriel mais à part ça...

Sa sœur le fusilla du regard.  

- Romane, qu'est qu'on a dit à propos de l'épée ? la sermonna son père. 

- Uniquement pour se défendre, je sais. Mais il m'a provoqué aussi ! Il a dit que les filles savaient pas se battre. Et puis, j'ai failli l'embrocher, je l'ai pas fait. 

Juliette soupira et dit :

- Je n'aime pas que tu te bagarres mais l'argument est recevable donc : bien joué.

- Et tu oses dire que c'est moi qui l'incite à se battre, dit Roméo avec un air faussement indigné.

- Quoi ? On provoque pas les filles. C'est les meilleures, point barre. 

Leurs familles les regardaient toujours avec incompréhension. Tybalt fut le premier à reprendre ses esprits. 

- Tu t'es mariée avec... Roméo Montaigu. 

- Oui. 

- Te rends-tu compte de ton erreur ? fulmina son père.

Juliette sortit de ses gonds. Elle en criait presque :

- C'était peut-être une erreur, mais je ne la regrette pas ! C'est un mari extraordinaire ! Il m'a donné deux enfants merveilleux ! Alors oui, c'était peut-être une erreur mais je suis heureuse de l'avoir faite et que tu ne l'acceptes pas m'importe peu !

Lady Montaigu prit son fils par les épaules.

- Es-tu vraiment sûr ? Si nous ne nous entendons pas avec les Capulet, c'est qu'il y a une raison, tu le sais.

Romane se racla la gorge, attirant ainsi l'attention sur elle.

- Si vous me permettez une remarque, le simple fait que Jules et moi soyons là en dit long sur la question, non ?

L'assistance fût surprise des paroles de la jeune fille. Néanmoins, ils savaient qu'elle avait raison.

Le Comte Capulet hocha la tête. Chose surprenante, il s'adressa à Lady Montaigu.

- Nos enfants ont raison. Cette haine dure depuis bien trop longtemps. Je vous propose une paix stable et durable entre nos deux familles.

Plus personne n'osait respirer. Tous le monde regarda Lady Montaigu. Mais cette dernière sourit.

- Il faut bien une première à tous, dit-elle en tendant sa main vers le père de sa belle-fille.

Il accepta cette poignée de main. Puis il y eu un boucan pas possible. On aurait dit que toute la ville se réjouissait de la nouvelle. Roméo ne gêna pas pour embrasser langoureusement sa femme. Seuls les enfants lâchèrent un "berk !"

Les deux amants furent conduits dans la ville, passant du temps avec leur famille et amis. Romane et Jules étaient heureux. Ils étaient les rois du monde, comme disait leur père.

Et, pour une fois, on pouvait dire que Roméo et Juliette eûrent une longue et heureuse vie.

Les enfants de Roméo et Juliette [Terminée]Where stories live. Discover now