Les liens cédèrent sans mal. Je pris conscience de la gravité des choses en observant le corps meurtri et sans vie de Faïz dont la chemise et le sable sous lui étaient maculés de sang.
— Allez ! Réveille-toi, suppliai-je la voix pleine de sanglots.
Assise, je tenais sa tête contre moi.
— Je n'ai pas fait tout ça pour rien, réveille-toi ! MAINTENANT ! Il faut te soigner.
Le son de ma voix n'était que désespoir. Ma main vint se perdre dans ses cheveux. Ce geste que j'avais réprimé tant de fois me semblait, à cet instant, si naturel.
— Faïz, murmurai-je en laissant couler mes larmes, ne me laisse pas. Victoria, puis toi... je ne survivrai pas cette fois.
Mes lèvres vinrent se poser délicatement sur son front, puis je collai ma joue humide contre la sienne. Soudain, je sentis sa lourde main se poser sur ma tête.
— Il en faudrait plus que ça pour venir à bout d'un Léviathan, articula difficilement Faïz.
Je me redressai en essuyant mon visage avec mes mains, soulagée et inquiète à la fois.
— Je sais, répondis-je en reniflant. Je suis la seule capable de te mettre une bonne raclée.
Un petit rire s'échappa de lui, mais la douleur sur son visage reprit vite le dessus. Ses blessures devaient le faire atrocement souffrir.
— Je vais t'aider, déclarai-je en passant son bras par-dessus mon cou, appuie-toi sur moi.
Pendant que Faïz se relevait péniblement, une pensée terrifiante s'empara de moi.
— Qu'y a-t-il ? me demanda celui-ci l'air grave.
— Asarys et Ray ! leurs guides aussi ont été changés.
— Je sais, répondit Faïz à voix basse, espérons qu'ils s'en soient sortis eux aussi. Je n'ai pas envie d'imaginer le pire. Nos téléphones satellites sont hors service, nous devons rejoindre au plus vite l'auberge avant de faire l'objet d'une nouvelle attaque.
Le jour commençait à se lever lorsque nous franchîmes les portes de l'auberge.
— Attends-moi ici, dis-je à Faïz en lui indiquant un des fauteuils dans le hall, je vais prévenir le personnel pour les alerter de ton état.
— Non ! Allons au Q.G directement. Je veux savoir pour Ray et Asarys.
— Tu es en train de te vider de ton sang. Il faut...
— Zoé, je ne demande pas ton avis, répondit brusquement ce dernier en tournant les talons pour se diriger vers le long couloir qui menait à la salle de conférence.
Lexy me sauta au cou dès que nous eûmes dépassé le seuil d'entrée, suivie d'Asarys. Dieu merci, elles étaient en vie. Leurs visages se figèrent en constatant l'état alarmant de Faïz ainsi que le mien.
— Il faut vous emmener tout de suite à l'hôpital le plus proche, s'écria Lexy.
— Impossible, répondit l'inspecteur Barthey qui se rapprocha de nous, ce serait trop risqué. Notre couverture est tombée. Désormais, nos têtes sont mises à prix par un groupe de personnes qui ne veulent pas que nous récupérions la pierre.
— Il faut faire venir quelqu'un pour les soigner ! C'est hors de question de les laisser comme ça.
Ray, le visage tuméfié, surgit de derrière mes amies aux côtés de William. Nous pouvions facilement lire le soulagement sur le visage de celui-ci.
— Zoé, tu es saine et sauve, déclara William avec un soupir déchirant, en me prenant le poignet pour m'attirer vers lui.
À cet instant, Faïz attrapa le tee-shirt de ce dernier et le plaqua violemment contre le mur en mettant son coude sur son cou afin de le tenir en joug.
— Espèce d'enfoiré ! rugit Faïz, c'est quoi ces putains de guides que tu nous as trouvés ?
Je me précipitai, avec l'aide de mes amis, au secours de William qui refusait de se battre.
— Tu as failli nous faire tuer ! hurla Faïz, les traits déformés par la colère.
— Lâche-le ! Il n'y est pour rien, criai-je à mon tour en essayant de repousser Faïz qui malgré la gravité de ses blessures était plus fort que nous tous ici réunis.
— Je sais tout ça ! se défendit William qui n'oscilla pas devant l'agressivité du jeune homme en face de lui. Tu sais aussi bien que moi que je donnerais jusqu'à mon dernier souffle pour sauver n'importe lequel d'entre vous.
Il se dégagea sans mal du coude de Faïz et le repoussa sans effort.
— Je ne veux pas te blesser davantage, le menaça William, alors reste loin de moi ! Je culpabilise à un point que tu n'imagines même pas.
— Faïz, s'il te plaît, arrête, suppliai-je. Tu dois te soigner.
Je posai délicatement mes mains sur son torse. Le rythme de sa respiration ralentit aussitôt et la rage dans son regard se dissipa quand il posa enfin ses yeux sur moi.
— Faïz, allez, venez avec moi ! ordonna l'inspecteur en lui prenant le bras pour l'obliger à le suivre.
— Oui, je viens, finit par lâcher sèchement ce dernier.
Il colla un court instant son front contre le mien. Je fermai les yeux et le laissai partir avec regret.

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Dark Faïz Tome 2 [ Terminé]
RomanceLe décès tragique de Victoria chamboule la vie de la famille Mattew ainsi que celle de Zoé et de ses amis. La jeune femme est déstabilisée par le comportement plus que jamais distant de Faïz qui semble avoir perdu toute humanité depuis la disparitio...