Chapitre 16-1

1.8K 165 1
                                    

Mes amies et moi regagnâmes le rivage à la force de nos bras puis nous retirâmes lentement nos masques et nos tuyaux d'oxygène pour remplir nos poumons d'air. Lexy était allongée sur le ventre, le corps à moitié dans l'eau, tandis qu'Asarys et moi tirions le Bénitier pour le sortir du lac. Soudain, nous entendîmes des pas pressés venir dans notre direction. Sans attendre, nous enlevâmes nos bouteilles d'oxygène de notre dos, tous nos sens en alerte. Lexy en fit de même et nous rejoignit aussitôt, prête à affronter le danger, toutes ensemble. Mon cœur battait à toute vitesse. L'adrénaline dans les veines nous faisait oublier l'état d'épuisement dans lequel nous nous trouvions.

— Faïz, m'écriai-je, soulagée en le voyant traverser le rideau brumeux.

Je m'élançai vers lui pour me jeter à corps perdu dans ses bras. Ce dernier me serra si fort, que l'air faillit de nouveau me manquer. Ses mains passèrent dans mes cheveux puis sur mon visage et descendirent le long de mon dos. Il vérifiait sans nul doute que je n'avais rien de cassé. Faïz écarta brusquement son visage du mien pour plonger ses prunelles, remplies de doute, dans les miennes.

— Dieu soit loué ! murmura-t-il, tu es vivante.

Je me retournai vers les filles qui nous fixaient, les yeux humides, sans oser bouger.

— Je suis heureux de voir que vous allez toutes bien, ajouta Faïz.

Celui-ci semblait les remercier du regard. Asarys se baissa alors pour porter le lourd coquillage dans ses bras.

— Vous... vous l'avez ? souffla Faïz, étonné. Vous avez réussi.

Lexy hocha la tête avec solennité, les mains sur les hanches :

— Hey, nous n'avons pas mangé la poussière ces dernières semaines avec Malika pour revenir les mains vides !

Un rictus triomphal se dessina sur le coin des lèvres de Faïz, le rendant à cet instant irrésistible. Des cris plus loin me rendirent ma raison.

— Restez-là ! ordonna ce dernier qui avait repris les traits d'un ange de malheur.

— Hors de question ! protestai-je. Je refuse de rester les bras croisés.

— Pour une fois Zoé, écoute-moi !

Bien que le ton de sa voix me blessât une fois de plus, je déniai baisser les armes et réussis à soutenir son regard si tranchant. Celui-ci n'eut pas le temps de me sermonner, des pas de course retentirent tout autour de nous.

— Ray ? gémit Asarys, étranglée par les sanglots en suppliant Faïz du regard.

— J'y vais ! répondit celui-ci, un air grave sur le visage.

Avant même qu'il eut le temps de faire un pas, des silhouettes apparurent, nous encerclant tous les quatre. Le lourd brouillard nous empêchait de les distinguer correctement. Prises de panique, mes amies et moi nous blottîmes les unes contre les autres quand soudain, Faïz se jeta sur nous pour nous faire basculer face contre terre. Le choc était si violent qu'il me fallut quelques secondes pour réaliser ce qu'il se passait. Des tirs de fléchettes tournoyaient tout autour de nous.

— Zoé ! hurla Faïz au-dessus de moi. Va chercher la radio pour demander de l'aide. Lexy, Asarys, partez d'ici pour mettre le coquillage à l'abri et ne revenez sous aucun prétexte.

Comme les filles, je m'exécutai sans attendre. Après seulement quelques mètres parcourus, plusieurs combattants étaient déjà à mes trousses, prêts à se jeter sur moi. J'allais atteindre les affaires, laissées au bord du lac, quand des attaques simultanées à mon encontre me firent perdre l'équilibre et tomber sur le sol.

— Zoé ! cria Lexy un peu plus loin, le Bénitier dans les mains.

— Allez-vous-en ! hurlai-je de toutes mes forces. Sauvez-vous.

Asarys retint difficilement son amie pour l'empêcher de venir à mon secours. Je me relevai en vitesse en balayant du regard les environs, à la recherche de mes ennemis qui manifestement s'étaient volatilisés dans la nature. Au loin, je discernai les cris et les coups d'un combat qui se jouait entre ces guerriers sanguinaires et notre équipe. Je parcourus les derniers mètres, qui me séparaient de mon sac à dos, en courant à perdre haleine. Au bout de ma course, je saisis ma radio :

— Ici Zoé... nous sommes... nous sommes encerclés et en très grande difficulté. Nous avons besoin d'aide, envoyez des renforts !

— Négatif, réagit Min en alerte. La demande nous a déjà été faite avant vous et nous restons sur nos positions. Votre groupe de commandos est le seul habilité à combattre sur nos terres. Notre armée n'interviendra en aucun cas pour les intérêts d'un autre pays !

— C'est pour notre intérêt à nous tous ! hurlai-je de colère en essayant de retenir mes larmes de rage. Ils sont trop nombreux, si vous ne nous aidez pas, nous allons tous y rester.

— Où est le rubis ? s'empressa de demander Min.

— Entre les mains de Asarys et de Lexy.

— Donnez-moi leur position ! Je suis désolée, mais je ne peux garantir que leur sécurité. Pour vous autres, je ne peux malheureusement rien faire.

Je tombai des nues. Les dirigeants de Eros ne comptaient pas nous venir en aide. Ils se tenaient juste prêts à intervenir pour protéger la pierre afin qu'elle soit en sécurité, et ce, au péril des autres vies ici.

— Elles sont en train de rejoindre l'entrée du cimetière, finis-je par lâcher d'une voix à peine audible.

Dark Faïz Tome 2 [ Terminé]Where stories live. Discover now