Chapitre 12-5

2K 176 0
                                    

— Ils sont en train de dépasser la ligne rouge ! s'insurgea Faïz dans le hall d'entrée de l'auberge. Le gouvernement est prêt à tout pour boucler cette mission quitte à envoyer au bûcher des citoyens innocents. Barthey et les autres m'écœurent.

Cachée des regards, le dos contre le mur, j'écoutai la conversation entre les deux jeunes hommes. Ray, de sa voix posée, paraissait peser tous ses mots avant de prononcer la moindre parole afin de calmer les nerfs de son ami.

— Zoé est plus forte que tu ne le penses. C'est elle qui t'a sorti de cette grotte avant que tu ne te vides de ton sang et...

— Je te rappelle qu'elle a risqué sa vie ce jour-là ! le coupa froidement Faïz, hors de question que cette situation se reproduise. J'irai seul chercher cette foutue pierre maudite.

— Tu sais aussi bien que moi que la Confrérie du Crépuscule fera tout pour la garder au fond de ce lac. Je ne suis pas d'accord avec le plan de Barthey, mais nous n'avons pas le choix ! nous ne pouvons pas combattre notre adversaire et en même temps nous trouver au fond de l'eau. Réfléchis.

— Ray a raison ! décidai-je d'intervenir.

Les sourcils froncés et le front plissé par l'inquiétude, Faïz me fusilla du regard.

— Tu plaisantes, Zoé ? lâcha ce dernier d'une voix cassante.

— Pour une fois, essaye de voir les choses autrement, le suppliai-je tout en m'avançant vers lui.

Faïz porta ses mains à son visage comme pour mieux réfléchir puis tira sur la racine de ses cheveux, torturé par la décision qu'il devait prendre.

— Vous serez là pour nous couvrir, continuai-je, encouragée par les coups d'œil de Ray. C'est vous qui serez présents sur place pour nous protéger. Tout se passera bien.

Faïz fit volte-face et me tourna le dos, les mains posées sur ses hanches.

— Demain, nous partons chercher le rubis, intervint Ray. Après ça, nous serons tous de retour à Los Angeles avant la fin de la semaine.

En entendant ces paroles, Faïz se retourna brusquement. Soucieuse de sa réaction, je n'osai prononcer un mot, redoutant que nos efforts pour le convaincre tombent finalement à l'eau. Ce dernier toisa son ami d'un œil impartial puis soupira profondément en secouant la tête :

— Ray, veux-tu bien nous laisser s'il te plaît ? quémanda Faïz.

Le compagnon de Asarys m'adressa un regard sceptique avant de s'exécuter à contrecœur.

Le hall était désormais vide, il ne restait plus que Faïz et moi. Je me surpris à imaginer ce lieu rempli de visiteurs et de voyageurs de tous horizons et il me parut aussitôt plus chaleureux. Je posai de nouveau mes yeux sur Faïz qui me regardait avec une expression indéchiffrable. Sa colère semblait s'être dissipée, emportant avec elle la fureur qui avait obscurci ses prunelles et qui laissait place maintenant à une profonde tendresse. Il s'avança doucement vers moi, l'air désappointé, puis me prit délicatement la main en scrutant ma réaction.

— J'aimerais te montrer quelque chose, ou plutôt un endroit, prononça Faïz à voix basse. Les Kobolds disent de ce lieu qu'il est capable de guérir n'importe quelle âme, même les plus tourmentées.

La douceur de sa paume dans la mienne et sa si grande hésitation dans la voix m'obligea à baisser ma garde. Le revirement de situation me déstabilisa quelque peu, mais Faïz semblait si vulnérable à cet instant que je ne pus lui en vouloir.

— Quel est cet endroit ? demandai-je calmement.

— C'est une surprise. Tu verras ce soir.

— Ce soir ? C'est... soudain. Je ne m'y attendais pas, m'exclamai-je stupéfaite.

— Je suis d'accord, répondit-il, l'air amusé, avant de se reprendre. Il est temps de finir cette journée avec Barthey et les autres !

Je posai une main sur la joue de Faïz qui ferma l'espace d'une seconde ses paupières comme pour mieux apprécier ce moment. De son bras, il m'attira tout contre lui et j'enfouis mon visage au creux de son cou avant de murmurer :

— Tu peux émettre des suggestions ou proposer d'autres solutions. Ça s'appelle négocier. S'il te plaît, c'est important pour la cohésion du groupe.

— Je sais. Je vais...

Son corps se raidit à cet instant et je relevai aussitôt ma tête pour le regarder afin de comprendre ce qui se passait. Son humeur venait encore une nouvelle fois de changer. Il s'éloigna légèrement de moi avant de déclarer :

— William est là. Je pense qu'il veut me parler.

Je me retournai précipitamment. Faïz avait raison, William était posté un peu plus loin et nous observait avec un regard qui me glaça le sang.

Dark Faïz Tome 2 [ Terminé]Where stories live. Discover now