Chapitre 9-5

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Lorsque le calme revint dans la pièce, je décidai d'intervenir à mon tour :

— La suite de notre mission constituerait en quoi exactement ? Et combien serions-nous à nous rendre sur les lacs du Sun ?

Le Premier ministre se racla la gorge puis baissa le regard sur ses notes. Désormais, un silence profond s'était installé dans la salle.

— Demain, c'est juste une mission de repérage et d'observation. Nous vous demandons de rester le plus discret possible et de ne pas vous mettre plus en danger que vous ne le serez déjà. Le groupe reste le même, c'est-à-dire : Zoé, Lexy, Asarys, Ray et William.

— Hors de question que je les laisse partir sans moi ! éclata Faïz avec un regard menaçant envers Dewei, Ayame et Barthey. C'est bien trop dangereux.

— Je m'en occupe, déclara Karl à voix basse aux deux ministres qui se tenaient à côté de lui.

Une ambiance glaciale envahit la pièce. Un bras de fer entre Faïz et l'inspecteur venait de s'engager. Je savais d'avance qui gagnerait cette guerre et cela m'effrayait, car les blessures de Faïz étaient graves, bien trop graves pour qu'il puisse venir avec nous. Les images de l'agression dans la grotte me rattrapèrent avec violence. Prise de vertiges, je mis mon visage entre mes mains pour essayer de reprendre le souffle qui commençait à me manquer. Les éclats de voix virulentes entre Karl et Faïz paraissaient provenir de loin, comme un écho dans un tunnel sans fin.

— Zoé ? Hey, ça ne va pas ? chuchota Lexy inquiète.

— Non, avouai-je au bord du malaise. Je dois sortir d'ici.

Lexy et Ray se levèrent en même temps que moi pour m'accompagner, mais je les arrêtai aussitôt :

— Je dois passer au dispensaire, déclarai-je d'une voix faible. Les médecins veulent me voir. Vous me ferez un compte rendu.

La vérité, c'était que je ne pouvais ni entendre ni en supporter davantage. Au moment de sortir de la salle de conférence, je sentis dans mon dos le regard de mes amis peser sur moi ainsi que celui de Faïz. Surtout le sien.

Pendant que mes yeux étaient rivés sur les étagères remplies de matériel de premiers secours, mon esprit se concentrait sur la douce musique qui résonnait dans la pièce.

— Il semblerait que vos blessures guérissent bien, déclara la femme médecin en m'appuyant légèrement sur les côtes.

Son collègue continuait de retranscrire les notes qu'elle lui communiquait au fur et à mesure. Je me demandai si ces gens-là s'autorisaient dans la journée quelques heures de repos ou même de sommeil. En effet, ils semblaient être totalement disponibles à n'importe quelle heure du jour et de la nuit.

— Exercez-vous uniquement dans cet établissement ou partout sur Eros ? osai-je demander, tout en me redressant pour m'asseoir sur le lit.

Le coton imbibé d'alcool au contact d'une de mes plaies m'arracha une grimace.

— Pas exactement, répondit la femme d'une voix neutre sans en dire plus.

— Vous êtes employés par les services secrets américains ? continuai-je, poursuivant mon enquête.

À cet instant, l'homme releva légèrement la tête de ses notes pour me jeter un regard, puis mal à l'aise, ses yeux se tournèrent en direction de sa collègue qui restait, elle aussi, silencieuse à cette question.

— Par moi !

La voix de Faïz me surprit. Ce dernier se trouvait dans l'encart de la porte juste derrière moi et me fixait avec une moue inquiète. Depuis combien de temps était-il là, à m'observer ? Malgré son humeur sombre, sa beauté précieuse me renvoyait à mes premières émotions lorsque je l'avais vu pour la première fois. La femme se précipita vers moi avec une blouse afin de me couvrir au plus vite devant cette visite impromptue. Faïz détourna son regard de moi en essayant de dissimuler un léger sourire au coin de ses lèvres. Peut-être se remémorait-il ce souvenir où il était rentré dans ma suite, à New York, alors que je sortais à peine vêtue de la salle de bain ? Mes joues se mirent à rougir et j'enfilai avec hâte la blouse sans lui adresser un mot.

— Pouvez-vous nous laisser ? demanda Faïz en s'adressant aux deux médecins sans s'embarrasser de politesse.

Les deux individus obtempérèrent immédiatement. En passant devant Faïz, la femme s'arrêta en apercevant la tache de sang qui commençait à être de plus en plus voyante sous le tee-shirt de ce dernier. Après une certaine hésitation, celle-ci décida de lui adresser quelques mots avant de partir :

— Monsieur Mattew, il faudra absolument nous laisser vous ausculter et vous soigner après ça ! Nous vous attendons dans la pièce d'à côté.

Cette dernière franchit le pas de la porte sans attendre une réponse de Faïz qui entra dans le dispensaire en prenant soin de refermer la porte derrière lui, puis il s'approcha doucement de moi.

Dark Faïz Tome 2 [ Terminé]Where stories live. Discover now