CHAPITRE 25 :

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Cela faisait quelques heures que mon frère se reposait dans la maison de l'infirmier du village. J'étais assise sur un banc posé sur un sentier qui bordait la rivière alimentant les rizières de ce village. Nous n'avions pas eu le droit d'entrer dans la maison car il fallait qu'il se repose. Le chef de ce village appelé Matsumoto nous avait expliqué qu'il était d'accord pour nous héberger pendant quelques temps dans son village. Après de brefs remerciements, nous étions tous retournés vaquer à nos occupations, mais surtout dans nos pensées. Mon cerveau était encore un peu confus de tout ce qui venait de se passer mais aussi très anxieuse de l'état de mon frère. C'était compliqué pour moi de me dire que Temio n'arrivait pas à contrôler parfaitement sa magie, lui qui m'avait toujours montré en côté sûr de lui et expérimenté dans ce domaine. Un idée surgit dans ma tête. Il ressemble un peu à Renji... Je secouai la tête. Non, je ne peux pas dire ça, ils sont différents. Après tout, Alois avait une maladie qui était déclarée alors que Temio avait simplement une magie qu'il ne contrôlait pas suffisamment pour pouvoir certaines choses. J'entendais alors des bruits de pas. Je tournai la tête à gauche et vis le manteau rouge que je connaissais si bien. Il s'approcha en me saluant de loin. Le souvenir d'Aloïs menaçant mon frère me revint et une douleur aigüe vint se blottir contre moi.

« Qu'est-ce que tu viens faire ici, Renji ? Demandai-je, excédée. »

Je n'avais vraiment pas envie d'être dérangée pendant que je réfléchissais.

« Du calme, je viens te tenir compagnie simplement. Me répondit-il, visiblement sur la défensive.
- Je n'en ai pas envie.
- Tu vas pas avoir trop le choix... Je m'ennuie. »

Il s'avança et s'assit sur le banc, à côté de moi.

« Tu as menacé mon frère de le tuer et tu voudrais que je passe l'éponge ? Demandai-je, sidérée.
- Quelle tête de mule. Il allait te tuer. Me fit-il remarquer.
-N'importe quoi !
-Prouves-moi le contraire alors ? »

Je ne pouvais pas lui prouver car quand il est arrivé, tout portait à croire. Je regardai mes pieds et soupirai de lassitude.

« Je le sais, c'est tout. Niais-je.
-Tsss... Enfin toujours est-il que je n'ai fait que de la légitime défense. »

Je me tournai vers lui, prête à le frapper pour qu'il cesse ses sottises mais, mon regard porta sur sa main en évidence sur le banc. Elle était tournée vers moi. Forte, grande mais raffinée, je détournais ma tête, légèrement gênée.

« Ce village ne m'inspire pas confiance.
-Pourquoi ? Demandai-je.
-Les gens de la région Nord sont de grands aristocrates ou des aventuriers. Des paysans comme eux ne pouvaient pas rejoindre la partie Nord du pays. De plus, si Hacétio les a laissé passer c'est qu'il y a une raison plus secrète que ça.
-je trouve ça mieux que des paysans soient là, ça prouve une diversité des classes sociales dans les régions.
-Ce n'est que de l'esbroufe. C'est impossible que Saguraka ait toléré ça. C'est une femme odieuse, prête à tout pour assouvir ses envies les plus fous. Prête à user de la vie de ses compagnons, elle ne laisse personne barrer la route à ses ambitions...
-Je le savais déjà ça. Le coupai-je , avant qu'il ne parte dans un long monologue.
-Tu vas me bouder combien de temps encore ?
-Je ne te boude pas ! Dis-je, les joues gonflées. »

Il éclata de rire, et son visage lumineux me rendait toute heureuse. Je me mise à rire aussi. Une fois nos éclats de rire passés, nous regardions la rivière et son court d'eau prendre vie.

« J'aimerai tellement revenir en arrière. Pensa-t-il.
-Moi aussi... »

C'était tellement bien le temps où nous étions encore à la cité avec Temio. Tout nous paraissait insignifiant et c'était bien mieux comme ça. Maintenant que nous sommes embarqués dans cette histoire de Dieux et de pactes de Descendants, c'est bien plus complexe que ce que je m'imaginais. Contrairement à des contes de fées, ce n'est pas le héros qui va tuer le méchant et délivrer la princesse mais là nous sommes dans de l'ordre politique et nous faisons des rencontres bien plus importantes que prévu. Plus nous avançons dans notre aventure, plus les adversaires sont coriaces et plus nous avons besoin d'aide.

HÉROSWhere stories live. Discover now