Chapitre 10

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_Alyana_

Le sommeil m'avait fuit, friand de jeu, transformé en vrai souris et le chat pitoyable que j'avais incarné toute la nuit n'avait pas réussit à l'attraper.

J'étais fatiguée. Mais je me sentais mieux.

J'avais assimilé les révélations faites, et j'avais surtout commencé à les accepter.

Mes parents été décédés, c'était un fait, et même si ils n'avaient jamais été mes parents biologiques, ils m'avaient élevés. Pour ce qui était de Arne, j'étais toujours terrorisée. Je ne comprenais pas l'objectif de ses agissements, et les quelques aveux n'avaient apportés qu'un peu plus d'appréhension.

Je m'étirais, masquant un bâillement du bout des doigts.

Ma chambre était dans mon dos, et je parcourais une fois encore les longs couloirs de bois, car mon ventre criait famine.

Malheureusement, lorsque j'aboutis dans la salle à manger, je n'y trouvais pas âmes qui vivent. Un bref soupir libéra mes poumons, et je passai une main dans mes boucles fauves. Une masse de poils en profita pour faire son apparition, et se pelotonna contre mes jambes en jappant joyeusement. Le molosse de la veille semblait porter une totale contradiction entre son physique menaçant et son caractère affectueux.

Ses jappements me tirèrent un sourire.

   - Tu ne saurais pas où sont tes maîtres ?

Haletant les yeux brillants, il m'offrit son regard simple, sans pour autant me donner de réponse.

Je soufflais et me redressai.

Les effluves typiques des cuisines flottaient dans l'air, titillant mon nez de commis.

Traversant la grande salle, suivit de près par le molosse, je m'enfonçais dans une ouverture aux abords de l'estrade où la table royale était vide de ses occupants. Un corridor me projeta sur une immense cuisine, et les émanations d'arômes en tous genres agrandirent mon sourire.

J'avais l'étrange impression d'avoir fait un saut en arrière.

Je parcourus un bref corridor, avant de déboucher sur des dalles grises. Dès lors, je fus happée par le tourbillon qui caractérisait tant cette pièce. Le vrombissement des voix, les rires des cuisiniers, les grincements des broches, le crépitements des grands feux, le chuintement des légumes, la cuisine vivait avec autant de force que celle que l'on m'avait obligé à quitter.

Tous sourires aux lèvres, je m'aventurais entre les tables bondés, saisissant les moindres détails, les sourires des femmes, les soupirs fatigués, les commérages, les pas sur les dalles de pierres, les enfants accrochés aux jupons de leurs mères, la même atmosphère vivait ici.

Une lourde main tomba sur mon épaule et me fit pivoter. Sitôt, je fis face au regard courroucé de celui qui me parut être le maître coq.

   - A quel poste es-tu ? Tu es retard, et je déteste les retardataires !

Incrédule, les yeux écarquillés, je ne sus que dire.

   - Idun !, hurla-t-il aussitôt.

Une femme d'un certain âge apparut, louche en main, et offrit un regard narquois au chef.

   - Occupe-toi d'elle.

   - Bien monseigneur, railla-t-elle en s'approchant, pas le moins du monde gênée par son embonpoint.

Elle s'approcha de moi alors que le maître coq et ses yeux de sorcier partait ennuyer quelqu'un d'autre. 

Je ne l'aimais pas.

ÉsotériqueWhere stories live. Discover now