Chapitre 22

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Ils partirent à l'aube. Médral avait peu dormi, car il avait dû indiquer aux elfes les endroits où ces derniers pourraient trouver les magiciens. Les Ereths les attendraient dans les galeries des nains. Le voyage serait long, mais il fallait faire vite. Si Dofn trouvait le moyen de briser la frontière, une nouvelle invasion de Huinës dévasterait le pays. Les Ereths firent leurs adieux à la reine et au prince, et ils se mirent en route en direction de l'est.

Ils faisaient galoper leurs chevaux autant que les bêtes pouvaient le supporter, mais devaient néanmoins les ménager en leur accordant des temps de repos. Dans ces moments – là, les Ereths chassaient, pêchaient, ou bien s'autorisaient quelques minutes de vol s'ils se trouvaient assez loin des habitations humaines. Ils mirent trois jours à rejoindre le Torne, cet immense fleuve qui prenait sa source au nord. Du moins c'est ce que l'on pensait, car personne ne s'était aventuré dans ces contrées depuis bien longtemps. Torlee était la seule elfe qui accompagnait les Ereths, et elle fut donc seule cette fois pour faire pousser un pont suffisamment large pour les faire traverser. Cela lui demanda des efforts colossaux. Lélia et quelques Ereths aux ailes vertes tentèrent de l'aider. Certains avaient survolé le Torne pour se retrouver sur l'autre rive et ainsi faire pousser quelques solides branches. Caliawen voulut tenter quelque chose. Elle pensait pouvoir allier son don à celui de son amie elfe et ainsi soulager celle – ci. Elle prit la main de l'elfe et se concentra. Elle dirigea son don vers sa main, et elle le sentit affluer comme une immense et puissante vague. Elle le fit ralentir, elle avait peur qu'en envoyant trop d'énergie d'un coup, Torlee ne puisse le supporter. Elle parvient alors à transmettre son énergie en un flux léger mais continu. Torlee était grisée par les sensations que lui procurait l'afflux d'énergie. Elle avait l'impression que son corps se faisait léger, au point qu'elle aurait pu s'envoler. Son propre don s'en trouva décuplé. Les branches poussèrent alors aussi vite que si d'autres elfes avaient œuvré avec elle. C'était incroyable, car Torlee n'avait jamais imaginé que deux êtres magiques puissent unir leurs dons de cette manière. Le pont fut vite terminé, et la traversée put se faire avant la tombée de la nuit.

Le lendemain, ils reprirent leur voyage. Médral leur indiqua que s'ils continuaient à cette vitesse, ils atteindraient les plaines d'Automne dès le lendemain. Pour l'heure, ils se trouvaient encore dans une forêt à la végétation abondante, et Torlee reconnut l'endroit.

- Il y a un village d'elfes pas très loin d'ici. Nous pourrions peut – être nous y rendre pour passer la prochaine nuit.

Caliawen acquiesça :

- Bonne idée Torlee. En plus, ces elfes n'ont peut-être pas été informés des récents évènements.

Médral intervint alors, de son air bourru habituel :

- Nous allons perdre du temps, plus vite nous atteindrons les galeries, plus vite les nains pourront nous aider.

Torlee répondit malicieusement :

- Ne souhaitez – vous pas revoir votre amie Aerhin ? Je pense qu'elle ne vous a pas oublié.

Pour la première fois depuis qu'ils avaient rencontré l'Ereth voyageur, ils le virent s'empourprer et marmonner qu'il les suivrait si c'est ce que la Kaëlwen décidait. Cela fit sourire tout le monde, mais personne n'osa rire ouvertement, de peur de s'attirer les foudres de Médral. Caliawen se dit qu'un peu de repos dans un vrai lit ne leur serait que bénéfique, et ils prirent le chemin indiqué par Torlee.

Après une petite heure de chevauchées, Torlee les fit s'arrêter.

- Nous sommes arrivés !

Tous regardèrent autour d'eux, mais ne voyaient que des arbres, des buissons. Pas de mur de bois comme dans la forêt des songes. L'elfe avait dû se tromper, il n'y avait rien ici. Celle – ci leur fit lever les yeux, mais ils ne voyaient toujours rien. Rien que de haut arbres et d'épais feuillages que les rayons du soleil ne parvenaient pas à transpercer. L'elfe posa la main sur le tronc d'un gros chêne, et une échelle de bois se dessina dans le tronc. Il fallait monter ! Ils libérèrent les chevaux de leurs selles et harnais, et entreprirent l'ascension un par un. Cela fut long et douloureux pour leurs bras et leurs jambes. Les traditions elfes leur semblaient bien étranges, car les Ereths aux ailes vertes auraient pu leur épargner cet effort, mais comme lors de leur première visite au royaume de Solathril, il fallait faire l'ascension sans utiliser son don.

les Ereths - renaissanceWhere stories live. Discover now