Chapitre 4 : J-6

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« Tout ce dont j'ai besoin, c'est d'espoir. »

« Tout ce dont j'ai besoin, c'est d'espoir. »

« Tout ce dont j'ai besoin, c'est d'espoir. »

« Tout ce dont j'ai besoin, c'est d'espoir. »

Hoseok ouvrit les yeux dans un sursaut, le cœur battant. Il battit des paupières quelques courtes secondes avant de s'apercevoir qu'il avait les larmes aux yeux. Immédiatement il se rendit compte qu'il s'était endormi en attendant qu'un vœu lui soit adressé. Or... rien. Il n'y avait strictement rien eu. Pas de vœu, pas de statue, rien d'autre que la nuit sombre et muette que pas une étincelle d'espoir n'avait pu illuminer.

Aussitôt l'anxiété serra le cœur de Hope qui crut entendre résonner à ses oreilles cette phrase qui avait supplié dans son rêve : « Tout ce dont j'ai besoin, c'est d'espoir. »

Il ignorait à qui appartenait cette voix, il ignorait qui avait formulé ce vœu. Ça n'avait rien d'habituel : chaque fois qu'un souhait était fait à l'étoile, Hope était en mesure de savoir immédiatement qui avait fait le souhait en question.

Le jeune garçon se sentait complètement désemparé, la situation était inédite. La semaine qui précédait Noël était un moment qu'il pourrait qualifier de « rituel » : tout se passait toujours de la même façon... alors que se passait-il cette fois-ci ? Était-ce au moins réellement un vœu qu'il avait entendu pendant son sommeil ? Ça lui avait semblé si réel, si touchant. Quelque chose au fond de lui n'avait aucun doute : un souhait avait été formulé cette nuit-là, un souhait à l'origine inconnue. Et ça, ça n'avait jamais fait partie de son « rituel ».

L'esprit embrumé par toutes les questions qu'il se posait encore, Hoseok se leva précipitamment et ouvrit machinalement la porte de son studio qui donnait sur son atelier. Si le jeune homme en effet était capable de faire apparaître une statue de glace en quelques instants, la solitude de ces derniers siècles l'avait poussé à vouloir apprendre à être réellement capable de sculpter la glace. C'était quelque chose de particulièrement technique qui requérait une patience et une minutie à toute épreuve.

Il avait donc aménagé dans son entrepôt une pièce consacrée à l'art de la sculpture sur glace : il s'y trouvait un long bureau de bois massif sur lequel s'étalaient un nombre effrayant de manuels techniques et d'outils en pagaille. C'était un endroit dans lequel il faisait sans doute aussi froid qu'à l'extérieur, pourtant Hope y avait une impression d'agréable chaleur. Il était là dans son élément. Un haut bloc de glace se dressait dans un coin, auquel la lampe accrochée au plafond conférait un éclat presque irréel.

Le parquet ancien donnait à la pièce un charme inégalable, le petit tabouret placé auprès du bloc de glace et au pied duquel se trouvaient un marteau et un burin de fer ajoutaient une touche d'authenticité à ce lieu que Hoseok n'avait jamais souhaité moderniser d'une quelconque manière – outre la lampe qu'il y avait installée.

Le cœur lourd, Hope baissa les yeux sur ses mains.

« Qu'est-ce que je dois faire ? murmura-t-il. Je ne ressens rien, mon pouvoir est muet. Qu'est-ce qui se passe ? »

Sa plainte ne fut qu'un souffle qui demeura prisonnier de la pièce. La grande fenêtre qui couvrait la longueur du bureau ouvrait la pièce sur l'extérieur et laissait apparaître le ciel qui s'illuminait lentement des couleurs de l'aurore. Hoseok y tourna les yeux pour y découvrir son étoile. Elle était toujours là.

Elle ne disparaîtrait des cieux que si Hoseok fabriquait la statue liée à un souhait, puis elle réapparaîtrait le matin de Noël, jour où était supposée prendre vie ou s'éteindre pour toujours la statue qu'il aurait dû créer. Mais qu'allait-il se passer puisqu'il n'y avait rien ?

« Pourquoi je ne peux rien faire ? Qu'est-ce qu'on attend de moi ? »

Désemparé, il tourna les yeux sur son bloc de glace que le soleil levant éclairait de ses faibles rayons. Il semblait briller, rares avaient été les fois où Hoseok avait pu le voir teinté d'un bleu si pâle et lumineux. C'était beau, sa propre silhouette s'y reflétait de manière incertaine, on en distinguait les contours sans en discerner les détails. Lui que la glace fascinait, il reporta pourtant son regard sur le sol, l'air peiné : personne ne pouvait répondre à ses questions, il était seul, complètement seul.

Personne n'était comme lui et personne ne pouvait ni le comprendre ni lui tendre la main.

D'un naturel optimiste, avoir la sensation que cette année son existence serait vaine lui donnait à l'approche de Noël l'envie de s'enfermer dans son studio pour y broyer du noir. C'était la seule période de l'année où il avait l'impression d'être quelque chose. S'il ne pouvait pas apporter d'espoir même aux plus désespérés, que lui restait-il ?

La magie de Noël [Namseok]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant