Chapitre 53 : Toute la vérité et rien que la vérité (1)

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*Azalée*
J'ai garé ma voiture et je suis sortie. J'ai regardé longuement les fenêtres de l'appartement de mon père. Je ne sais pas à quoi m'attendre quand je vais ouvrir la porte. Je crois que je cherche juste des réponses à mes questions. Je suis étrangement calme, comme si au fond de moi, je n'attendais plus rien de lui. C'est la dernière fois que je viens ici. Ce soir, je compte dire adieu à cet immense appartement qui m'a abritée pendant de longues années. C'est avec le coeur lourd que j'ai franchi la porte d'entrée. Le portier m'a reconnu et m'a souris.

-Qu'est-ce que votre père a fait cette fois-ci ? demanda-t-il avec un sourire infiniment triste.

-Quelque chose d'impardonnable. Ce n'est pas inimaginable, même dans mes pires cauchemars.

Il m'a tapoté l'épaule.

-Bon courage Azalée. Dîtes bonjour à Noa et Zola de ma part.

Il a appuyé sur le bouton de l'ascenseur et je suis montée. Arrivée devant la porte, j'ai glissé ma clé et je l'ai ouverte. Mon père est là, en train de boire dans la cuisine. Il m'a lancé un regard rempli de surprise avant de ricaner.

-Tu finis toujours par rentrer à la maison.

-Je ne suis pas là pour papoter sur le temps qu'il fait aujourd'hui.

J'ai posé violemment ma clé sur la table de l'entrée et je me suis rapprochée dangereusement de mon père.

-Je savais que tu allais finir par comprendre, rigola-t-il. Tu as toujours été la plus maligne de la famille.

-C'était quoi ton plan, André ? Qu'il me quitte à la mairie ? Que je ne remette jamais de cette rupture ?

Il m'a servi un verre.

-Azalée, mon but était que tu te rapproches de moi. Si je n'avais pas ça, tu ne seras pas là devant moi.

J'ai levé les yeux au ciel.

-On arrête avec tes conneries. Je veux la vérité et rien que la vérité. J'en ai assez de tes manipulations et de tes mensonges. Pour une fois dans ta vie, sois l'homme que tu n'as jamais été.

-Tu n'es pas prête à connaître la vérité, ma chère.

-Essaie.

Il n'a rien dit et a continué à boire en silence.

-J'ai besoin que tu me laisses partir, papa.

Il a pris une grande inspiration et a posé ses yeux dans les miens. Pour la première fois de ma vie, j'arrive à voir un peu de tristesse dans ses yeux. Mais cette minuscule part est cachée sous de la haine, une colère noire et infinie qui m'a toujours fait peur.

-Si je vous laisse partir, qu'est-ce qui va me rester d'elles, hein ?

-De maman ? dis-je en haussant les sourcils.

-Oui et de ta grande sœur.

Je l'ai regardé. Je ne comprends rien à ce qu'il me raconte.

-Noa n'est pas l'aîné de la famille. On a eu une fille, Eliza. Tu lui ressembles tellement, tu n'as pas idée.

-Qu'est-ce qui lui est arrivée ?

-Tu n'as jamais connu mes parents. Tu sais pourquoi ?

-Non.

-Un jour, ils gardaient Eliza. Elle jouait toute seule, en attendant le retour de ta mère et moi. Quand nous sommes rentrés, elle était bleue, allongée sur le sol. Elle avait avalé un putain de jouet et elle s'était étouffée. Quand elle est morte, je l'ai accompagnée. Je me noyais sous le boulot tandis que ta mère pleurait à longueur de journée. Puis, vous êtes arrivés. Des enfants pansements pour oublier la perte de notre adorable fille. Vous avez été conçus dans les pleurs et le deuil.

Je suis un enfant pansement.

-J'ai aimé ta mère jusqu'à la fin mais notre relation était trop compliquée. Elle me reprochait la mort d'Eliza et je lui reprochais vos naissances.

Je suis née pour combler le vide laissé par une autre.

-Tu es son portait craché. Je te déteste pour ça. Aujourd'hui, tu respires tandis que ta grande sœur est enterrée six pieds sous terre.

J'ai toujours cru vivre dans l'ombre de mon père. Je viens enfin de comprendre que j'étais dans l'ombre de ma grande sœur.

-Tu es bien silencieuse, ça ne te ressemble guère.

-Je ne suis pas responsable de la mort de votre enfant. Tu es un psychopathe, tu le sais ? Tu peux crier que je ne mérite pas de vivre, j'en n'ai rien à faire. Je ne porterai plus ta culpabilité. Je dépose les armes, je laisse tomber.

Il a ricané et il a terminé son verre.

-Vous vous n'êtes jamais aimés avec maman.

-Ne parle pas de choses dont tu ignores la vérité, hurla-t-il.

-S'il-te-plaît, regarde les choses d'une autre perspective. Vous êtes les pires parents possibles. J'ai idolâtré maman mais voilà que je me suis bien trompée sur son compte.

-Mon histoire avec ta mère était exceptionnelle.

J'ai repris le dessus sur la conversation. Mon père est sur les nerfs tandis que je jubile du moment présent.

-Vous avez toujours adoré le mensonge parce que c'était plus simple de vivre dans le déni. Maman était juste moins folle que toi, c'est la seule qualité que je peux lui trouver.

-Fais attention alors, dit-il, notre folie doit couler dans tes veines.

J'ai rigolé ironiquement à mon tour. J'ai décroché la montre de ma mère et je lui ai donné.

-Ta phobie est de mourir seul. Tu as dépassé mes limites avec Luca. Tu ne me reverras plus jamais, ni Noa, ni Zola. À partir d'aujourd'hui, tu es tout seul avec tes souvenirs.

Mon père est énervé. Désormais, je n'ai plus peur de lui. Je connais la vérité. Il n'a plus aucun moyen de pression sur moi. Je pense que je fais table rase du passé. Certes, mes parents font qui je suis mais ils n'auront plus aucun pouvoir sur qui je serais dans le futur.

-Avant de partir, il me reste une dernière question à te poser.

Mon père a levé les yeux.

-Pourquoi tu as fait tout ça avec Luca ?

-Pour que tu viennes me voir.

-C'est faux.

Il a pris une grande inspiration.

-Pour te protéger. Ton histoire avec ton voyou va finir comme celle de ta mère et moi.

*********
Fin du 53ème chapitre !
Update sur mon état de santé :
Je crache mes poumons, littéralement. Le seul point positif est que je travaille mes abdos à force de tousser autant. Au moins, je n'ai plus de fièvre ! Dans quelques jours, mon médecin m'a dit que cela ira mieux. Je croise les doigts.
Comment s'est passé votre Noël ?
J'espère que vous allez bien !
Bisous ❤️❤️

Deux mondes opposésWhere stories live. Discover now