Chapitre 41 : Alcoolisé (2)

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*Mathieu*
Mon père a rallumé une cigarette et attend une réponse de ma part.

-Elle est malade, papa.

J'ai tendance à oublier la maladie d'Azalée mais je sais qu'elle vit tous les jours avec. Je n'aime pas qu'il la pointe du doigt comme cela. Ce n'est pas lui qui l'a retrouvée dans les toilettes du restaurant en train de vomir. Ce n'est pas lui qui l'a vue se faire hospitaliser.

-C'est grave ? s'inquiéta mon oncle.

-Oui.

Je me suis retourné et j'ai continué de fumer ma cigarette en regardant le jardin. Mon père et Borys parlent entre eux tandis que je me perds dans mes pensées. Puisque j'ai enchaîné les verres, ma tête tourne légèrement.

Je tourne la tête et je vois que ma mère et Azalée discutent en rigolant. Parfois, je déteste mon propre daron. Je ne devrais pas car il m'a aidé à sortir de la merde un bon nombre de fois. Il a été toujours trop dur avec moi. Au lieu de lui reprocher, je continue de boire en silence. J'me sens pas très bien.

*Azalée*
-Comment tu as rencontré mon fils ? demanda Nina.

-C'est assez original, ricanai-je. J'essayais de travailler mais il faisait une soirée avec ses potes. Je suis partie lui demander de baisser le son et il m'a envoyé chier. J'ai coupé son électricité.

Sa mère a rigolé.

-Il a l'air heureux, rajouta-elle.

-Son album marche bien, ça doit être pour ça.

-Non, le sourire qu'il a, c'est un sourire provoqué par une femme.

J'ai rougi.

- Nous sommes amis lui et moi.

-Je suis une maman. Je ressens ces choses là.

J'ai croisé le regard de Mathieu. Il n'a pas l'air bien.
Par conséquent, je suis sortie à mon tour. Son père me dévisage mais je n'y fais pas attention. J'ai posé ma main sur son dos et il s'est retourné.

-Ça va ?

Je ne lui dis pas mais il sent l'alcool.

-Je me suis disputé avec mon daron.

J'ai glissé ma main dans ses cheveux. Son regard est noir.

-Viens, on va se coucher.

-On retourne à l'hôtel ?

-J'ai bu et tu as bu beaucoup plus que moi. On reste ici.

-Je n'ai pas envie de rester ici.

Mathieu a parlé fort et son père a entendu. Ainsi, je me suis donc tournée vers son oncle.

-Où se trouve de notre chambre ?

-Au fond du couloir à droite, répondit son oncle en me souriant. Nina a déposé un pyjama pour toi et des brosses à dents neuves.

J'ai pris la main de Mathieu et j'ai réussi à trouver notre chambre. Il est complètement torché. Il refuse de s'asseoir sur le lit et prend mon visage entre ses mains. Ses bagues refroidissent mes joues chaudes.

-T'es la plus belle femme que j'ai jamais vu.

-Mathieu, couche-toi.

-Tu surpasses Louise.

-Ne me compare à elle.

Il a soufflé.

-Tu ne sais pas ce que ça m'a fait de te voir avec elle.

-Explique-moi.

Dans le meilleur des cas, il ne s'en souviendrai pas demain matin.

-La façon dont elle te regardait me rendait malade. Je ne pouvais même pas la détester. Louise est un ange. Je suis même sûre que ton père l'adorait, contrairement à moi.

Mathieu a plongé son regard dans le mien.

-Quand elle me regardait, je te fixais. Tu veux savoir la vérité ? Depuis que je t'ai rencontrée, t'es dans mon cerveau. Quand je fais des sons, quand je joue à la play ou quand je promène mon chien, t'es toujours là. Et ça me rend ouf.

-Parce que tu aimerais m'oublier ? rétorquai-je avec un sourire triste.

-Parce que c'est nouveau pour moi. T'sais une fois que j'ai baisé une meuf, je m'en lasse. Avec toi, c'est tout le contraire.

Mon coeur se serre dans ma poitrine. C'est la première fois que Mathieu s'ouvre autant à moi.

-On fait quoi ? demandai-je.

-J'peux pas me lancer dans une relation. C'est pas pour moi.

Mes yeux commencent à pleurer. Pour la seconde fois, Mathieu me brise le coeur. Mathieu a mis son pouce sur une larme et me regarde d'un air tendre, ce qui est plutôt hors du commun pour lui.

-Je n'ai pas envie de te souffrir. Tu mérites tellement mieux qu'un vieux mec comme moi.

-On fait quoi si c'est toi que je veux ?

D'un seul coup, il m'a embrassé. Mon coeur se retourne en entier au contact de nos lèvres. J'ai enlevé son t-shirt.

-Azalée, s'il-te-plaît...Si tu continues, je ne pourrais pas m'arrêter.

Par conséquent, j'ai arrêté. En silence, nous nous sommes changés pour se mettre en pyjama. On s'est brossés les dents en évitant de se regarder. Je me suis allongée dans le lit tandis que Mathieu fume à côté de la fenêtre.

Ma mère avait l'habitude de me dire que lorsque je trouverais le grand amour, je le saurais de suite. Elle m'a toujours dit que la vie était fade et sans réel intérêt. Selon elle, la vie était un énorme sentiment de solitude. Elle me disait toujours que nous naissions seuls et que nous mourrions seuls. L'amour est l'élément primordial qui contrebalance cette vérité morbide.

Est-ce que ma mère avait songé à la possibilité d'un amour impossible ? Est-ce qu'elle savait que l'amour pouvait se transformer en douleur sans fin ? Elle me disait que le lien qui unissait mon père à elle était spécial et que personne ne pouvait réellement comprendre. Elle n'a jamais voulu m'expliquer leur relation ni en quoi elle était si spéciale. Je crois que ce secret de famille est mort avec elle. Au final, est-ce que ma mère a vraiment connu l'amour ? Ou bien était-ce une illusion pour camoufler leur mariage raté ? J'en sais rien. Penser à tout ça me fait mal. Penser au fait que Mathieu ne veuille pas se lancer dans une relation avec moi, empire la situation.

Il s'est allongé à mes côtés et m'a pris dans ses bras.

-Je crois que t'es la femme de ma vie.

Et mon cœur s'est définitivement brisé car je sais qu'une fois sobre, son discours changera.

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Fin du 41ème chapitre !
C'est un chapitre un peu triste mais je le trouve vraiment beau !
Bisous, prenez soin de vous ❤️

Deux mondes opposésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant