This is the last time

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Assise par terre, une main retenant mes genoux pour ne pas laisser mon corps tomber dans un fracas contre le sol carrelé de la douche, l'autre sur le bout de métal reflétant mon visage meurtri par les pleurs, du sang s'étalant tout autour de moi, une bouteille vide de vodka accosté pas loin de mon cadavre.

Voilà comment j'ai passé mes dernières minutes en enfer.

Assise contre le carrelage, les genoux repliés contre ma poitrine, un sourire vainqueur sur les lèvres, de la musique s'écoulant à flot dans mes oreilles et une pointe de satisfaction colossale dans mon regard.

J'aurais voulu savoir me battre mais je n'ai pas su comment faire. Et puis, qui sait ? Je n'aurais sûrement pas pu résister plus longtemps, alors c'était la meilleure solution à faire.

Des regrets ? Je dirais, ne plus savoir me reconnaître à travers un miroir, ne plus savoir de qui appartient se reflet.

De l'amertume ? Aucune. Je suis contente de ce qu'il se passe en ce moment même et personne ne pourrait m'ôter ce bonheur que j'attendais depuis si longtemps. Est-ce la lumière au bout du tunnel que j'attendais depuis tant d'années ? Très certainement.

Beaucoup me diront que je suis égoïste, à vouloir quitter cette cage alors que beaucoup m'aiment et n'attendent que mon bonheur. Mais est-ce qu'ils ne comprennent pas que je suis dans ce pur bonheur qu'on attendait tous ? Je suis heureuse ? Oui. Et rien ni personne ne m'aurait pu m'empêcher d'y aller.

Cette lumière, je l'ai vu. C'est celle qu'on voit lorsque notre vie entière défile à grande vitesse, comme dans les films. Et c'est peut-être comme ça que j'ai réalisé qu'il n'y avait pas que malheurs sur malheurs, qu'il y avait quand même une part de bonheur et de sincérité dans ma vie. Et cette part, je la vois en me rappelant tous mes moments passés avec eux. J'ai passé mes plus beaux jours avec eux, même si tout n'était pas totalement rose, même si les larmes se débattaient avec les sourires en leur compagnie, j'étais heureuse, sur mon petit bout de paradis.

Vous allez donc vous dire pourquoi maintenant si j'étais « heureuse » ? Parce que ce ne l'était plus assez pour me redonner goût à la vie, j'étais déjà morte, n'attendant plus que mon corps pour rejoindre mon âme.

Et j'espère que plus tard, si jamais ce qui m'arrivait devait arriver à quelqu'un, dites vous que peut-être vous êtes égoïste en les quittant, mais qui est le plus égoïste ? Celui qui t'empêche d'être heureux ou celui qui veut être heureux ? Dur choix hein ?

Mais avant de commencer à vous raconter une partie de moi en quelques lignes, couper de temps en temps par mon manque de sang ou d'oxygène, je voudrais m'appliquer comme toutes les personnes qui ont raconté son histoire. Puisque c'est toujours ce que j'aurais espéré faire un jour : raconter mon histoire comme si j'étais quelqu'un d'assez importante pour être digne d'intérêt particulier. Après tout, on a tous un « rêve » même si parfois - ou souvent -, on a l'impression qu'on n'en a pas et qu'espérer ne servirait plus à rien.

Alors voilà, moi c'est Avery. Avery Miller. Je suis née le 27 juillet 2000 et morte le 31 décembre 2020. Enfin « morte », c'est beaucoup trop vague non ? Plutôt dire : "mon corps a lâché prise la veille du nouvel an". Pourquoi cette date aussi spéciale et pas un autre jour ? Parce que c'est signe d'une nouvelle année, d'un nouveau départ, que du renouveau. Et j'aime ça, voir quelque chose de différents dans ma vie ne se résumant plus qu'à me torturer corps et âme, rendant mes journées répétitives et lassantes. Alors pendant que tout le monde s'amusait pour fêter cette fin d'année et en espérant une meilleure année, j'ai fait de même et ma meilleure année elle ne se trouvera plus jamais ici. Et rien que ça, j'en suis reconnaissante.

~ Then let's do the things we always do
Like go to the mall and buy some shoes
I don't wanna cry, I'm bad at goodbye
If this is the last time ~



Falling like the starsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant