A la porte de ton cœur - Chroniques de nos Cœurs Tome 1

Chapitre 29 - JOSH

Le samedi suivant, je me rendais chez Matt pour l'aider à déplacer les meubles de son salon en compagnie de Dan et Tom avant d'installer la sono et les lumières. Julie, Elena et Rory se joignirent bientôt à nous, les bras chargés de courses.

Chaque année, la « soirée décadence » avait un thème. On avait déjà eu droit à « Pool Party » ou encore « Studio 54 ». Cette fois, il s'agissait de la « rétrospective de la déglingue ». Matt avait pour ambition d'afficher les photos prises lors de ses différents anniversaires dans tout l'appartement.

Nous nous attelâmes donc à cette tâche avec un plaisir non dissimulé. Il y avait la photo de l'inconnu à poil dans le canapé, celle de Rory, endormie dans la baignoire, enveloppée dans une serviette de bain avec les jambes pliées selon des angles improbables, trois filles à moitié nues dans la piscine gonflable, Julie sur les épaules de Dan au milieu d'une foule de gens qui dansaient, et bien d'autres. Chaque image était l'occasion de se remémorer un moment particulier dont seules quelques bribes nous revenaient.

— Hé venez voir celle-là ! s'écria Dan depuis la chambre.

Tom se mit à courir avec le reste de la bande sur les talons. Matt avait affiché une large photo sur laquelle on pouvait admirer Rory, allongée sur le flanc, le visage tourné vers Elena qui était sur le ventre. À sa droite, s'étendaient Tom, puis Julie, couchée contre lui. Les filles ne portaient que leurs sous-vêtements. La chemise blanche de Tom était à moitié ouverte, mais il avait gardé son jean. Ils dormaient tous les uns à côté des autres dans le lit de Matt. Dan était quant à lui assis par terre, une cigarette entre les lèvres, l'air hagard. Et j'étais là, moi aussi. Près de Dan, jambes croisées, mon visage était le seul tourné vers l'objectif. J'avais une tête à faire peur avec mes petits yeux, mes cheveux en bataille et mes habits froissés. La photo était belle.

— Elle est magnifique, commenta Julie, le regard brillant.

— C'est tellement nous, acquiesça Rory.

— Il ne manque que toi, releva Elena. Même si techniquement, tu es là.

— Attends, il y a une suite, révéla Matt en ouvrant les portes de son dressing.

Le mur du fond s'ornait de quatre autres photos, réalisées à quelques minutes d'intervalle. Sur la première, Matt se prenait en selfie devant la scène. Sa tête apparaissait en gros plan, cachant à moitié la mienne. Sur la suivante, son visage disparaissait, Dan avait redressé le sien et regardait l'objectif avec méfiance tandis que je me tenais debout, le pantalon sur les chevilles. La dernière me provoqua un éclat de rire franc. J'imaginais aisément Dan à l'origine de cette idée. Il avait photographié Matt, allongé sur le lit entre Rory et Elena avec un grand sourire et des yeux fatigués.

— Les filles, je me rappelle vaguement maintenant, dit Julie sans se départir de son air joyeux. Je crois qu'on s'est retrouvé tous les quatre dans la chambre pour discuter. On a commencé à parler de sous-vêtements et on a eu envie de se les montrer. Tom dormait déjà.

— Il me semble qu'on est arrivé après, Josh et moi, précisa Dan. On s'est mis par terre pour parler de je ne sais plus quoi. Et puis le paparazzi a débarqué. Maintenant, je me souviens avoir pris la photo de Matt entre vous deux. On s'était grave marré alors que c'était une idée vraiment naze.

— Tu m'étonnes ! se moqua Elena en lui donnant un petit coup de poing dans l'épaule.

Alors que tout était installé, j'enfilai un jean brut et une chemise blanche, pressé de démarrer les festivités.

Le whisky et le gin étaient déjà de sortie lorsque les premiers invités arrivèrent. J'étais affecté au buffet avec Dan pour servir les nouveaux venus. Julie, Matt et Tom préparaient un punch en cuisine pendant que Rory et Elena accueillaient les convives.

Lorsque Chris et Robyn firent leur entrée, elles se jetèrent sur eux, heureuses de les voir et légèrement éméchées. Rory les accompagna pour remplir leur verre, et je les saluai avant de rejoindre Elena restée seule près de la porte.

— Je viens te ravitailler, dis-je en lui tendant un gin-tonic.

— Merci. Tu n'essayerais pas de me soûler par hasard ?

— Tu n'as pas besoin de moi pour ça, rétorquai-je.

— C'est juste.

Après avoir bu une gorgée, elle reprit :

— J'adore la photo de nous dans la chambre.

— Elle est drôle.

— Rory a raison, renchérit-elle. Ça nous ressemble.

— Tu veux dire qu'on est tout le temps défoncé ?

Elle rit et mon cœur bondit. Je la trouvais un peu trop mignonne avec sa jupe rouge et sa barrette en forme de marguerite.

— Je veux dire qu'on est beaux, rectifia-t-elle. Tu es beau sur cette photo.

Je me passai la main dans les cheveux pour dissimuler une gêne que je ne devrais pas ressentir.

L'interphone sonna pour nous interrompre, et la voix de Franck grésilla. Comme je le voyais peu en dehors de son bar, j'étais heureux qu'il ait réussi à se libérer. Ce sentiment ne dura pas. Elena ouvrit la porte sur notre ami qui s'exclama :

— Salut ! Je suis venu avec mon pote Alex.