Chapitre 1 : Nastya

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Douze ans plus tard

Assise sur une chaise en bois, au coin cuisine, je me concentrais sur ma mère qui s'affairait à ranger le chalet. Je respirais tranquillement. J'imaginais un voile protecteur autour de moi. Mes yeux ne la lâchèrent pas durant tout le processus. Cela faisait quelques mois que je travaillais à dresser des barrières entre ma mère et moi, étant la seule qui gravitait autour de moi. Cela avait été échec sur échec, mais je ne désespérais pas. Il m'était possible de me protéger avec de la concentration et de l'assiduité.

Cela ne voulait pas dire que je n'avais pas évolué. J'avais développé certaines caractéristiques de mon don. L'année de mes quinze ans, un nouveau voile avait disparu. L'aura, qui entourait mes parents était devenue visible. Cela avait été extrêmement perturbant, au tout début. Je pouvais voir les personnes telles qu'ils étaient, dès lors. Cela ne servait pas à grand—chose au quotidien mais je trouvais cela magique. Cela fut la seule fois où je fus ébloui par ma particularité.

Cela était arrivé soudainement. Je m'étais levé, un matin, et lorsque j'étais descendu pour prendre mon petit déjeuner, ma mère était entouré d'un vert vif et épars. Cela m'avait fait pousser une exclamation d'admiration. C'était beau à voir. Je l'avais regardé durant un long moment jusqu'à ce qu'elle me demande pourquoi je la fixais de cette manière, agacer. Je n'avais pas voulu partager cela avec elle, tout de suite.

J'avais attendu le week-end avec impatience pour découvrir mon père. Je n'avais pas été déçus en voyant ce bleu graviter autour de lui. Ce fut à ce moment—là, que je m'étais décidé à parler de cette nouveauté. Cela avait été une surprise pour eux aussi. Ils étaient contents que je trouve, enfin, du positif dans ce qu'ils considéraient comme une malédiction.

Ma mère traversait le salon de long en large en rangeant, nettoyant, repositionnant, afin que tout soit parfait. En effet, mon père allait bientôt arriver. Tout était déjà parfaitement propre, mais cela ne semblait pas suffisant à ses yeux. D'après elle, il y avait toujours à faire dans une maison. Je devais avouer qu'elle m'exaspérait.

Il y avait douze ans de cela, j'avais été pourvu d'un don empoisonné. Nous ne savions pas ce qui l'avait déclenché, d'où il provenait.

Je n'ai pas beaucoup de souvenir de ce jour fatidique. Seul une impression me restait. L'impression d'être passé sous une bétonneuse. Ce jour-là, j'ai failli mourir. J'avais été transporté à l'hôpital en urgence, et rejointe par mes parents, par la suite. Ce passage aux urgences avait été un véritable calvaire pour moi.

Les médecins ne savaient plus quoi faire pour soulager cette mystérieuse douleur, qui me faisait tant hurler. Ils avaient même pensé à contacter le pédopsychiatre de garde, pensant que je subissais une soudaine crise de démence, et que je m'étais blessé toute seule. Cela avait mis en colère mon père. Il avait crier sur les médecins, exigeant qu'ils continuent à chercher une solution. Ils avaient fini par me plonger dans un coma artificiel afin de m'épargner, durant quelques jours, mais aucun de leur examen n'avait abouti. Ils avaient été dans le flou et ne savaient plus quoi faire pour me venir en aide.

Lorsque je fus réveillé, l'horreur avait recommencé. Il n'y avait pas de pire endroit qu'un hôpital. Tant de gens en souffrance...

Une infirmière avait été un véritable ange avec moi. Avant que les médecins ne me plongent dans un coma artificiel, elle avait tout fait pour me faire parler. Lorsque mes cris s'étaient tues, à cause d'une extinction de voix, j'ai pu entendre ses questions posées avec douceur.

Je n'étais plus dans la capacité de parler. Mon niveau de concentration n'était pas très élevé. La douleur prenait toute la place. Cependant, j'avais pu lui répondre par des hochements de tête pour l'aiguiller. Il fallait que je les aide pour qu'ils arrêtent la souffrance.

The young empathOù les histoires vivent. Découvrez maintenant