Chapitre 11 : Nastya

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Après un bon repas, qui n'avait pas été au goût de mon convive, nous étions allé nous coucher.

Tyler semblerait ne pouvoir se contenter de légumes du jardin. La viande était une pièce centrale de ses repas, avais-je fini par comprendre.

Lorsque je lui avais annoncé qu'il n'y avait aucune pièce de bœuf ici, il avait râlé en déclarant que la prochaine fois qu'il viendrait, il ramènerait sa propre viande pour avoir quelque chose de concret à donner à son estomac. Cela m'avait fait rire. Cela avait été si bon de pouvoir rire sincèrement après la catatonie désespérée dans laquelle je m'étais plongé.

Derrière son air rustre, Tyler était un homme drôle. Lorsqu'il avait compris que l'entendre râler me faisait rire, il n'avait plus arrêté de le faire.

J'aurais pensé aimer me retrouver, enfin, face à moi-même, sans interférence, mais cela n'était plus le cas. Avoir les émotions d'autres personnes en moi, m'éviter de me faire du mal. J'avais compris que j'avais besoin des autres, autant que je les craignais. J'étais dans un cercle vicieux dont je ne pouvais me sortir.

Il avait fini par manger son plat et je l'avais conduit, par la suite, à l'ancienne chambre de ma mère avant de me rendre dans ma propre chambre, le cœur un peu plus léger. Il n'avait pas menti en disant qu'il ne partirait pas. J'avais juste à dire que j'étais fatiguée et il avait demandé où était la chambre. Au vu de l'attirance qu'il ressentait pour moi, il était hors de question de le laisser approcher ma chambre. Aussi, j'avais juste ouvert la porte de la chambre de mes parents et avais filé, sans me retourner, vers la mienne.

Cela fut une nuit courte, et compliquée. Je n'étais pas encore accoutumé à cette nouvelle personne et tout ce qui l'accompagnait. Il avait fallu prendre le temps de m'y habituer. Cela différait de mon ancienne colocataire car cette colère ne m'était, clairement, pas destiné. Ce qui l'était, en revanche, me perturba toute la nuit.

Il était extrêmement sensible à ma présence. Cela avait inondé, entièrement, la maison. J'en avais, presque, pu en sentir la texture me laper la peau, réveillant mon propre corps, pour la première fois de ma vie. J'avais expérimenté, toute la nuit durant, la torture d'un corps en plein émoi.

J'avais eu beaucoup de mal à m'endormir. Tyler n'avait pu résister. J'avais senti chaque mouvement que sa main entreprenait sur son corps. Je n'avais pas résisté et avais suivi la cadence de mon côté. J'espérais qu'en nous occupant de nous, chacun de notre côté, il serait plus facile pour nous deux de nous côtoyer, le lendemain.

Lorsqu'il était enfin tombé dans un sommeil profond, j'avais, enfin, pu repenser à sa proposition. Cette promenade à moto me terrifiait autant qu'elle me donnait secrètement envie. Son projet de m'emmener loin d'ici serait le cauchemar de mon père. La présence de Tyler aussi. J'avais peur... très peur. Cependant, j'espérais que cette balade me ferait du bien. Il ne m'emmènerait pas près des gens. Il me l'avait dit. Je lui faisais confiance. Aussi, peu à peu, sa proposition m'avait excité. Je ne risquais rien avec lui. Il s'en assurerait. Je n'avais, seulement, qu'à me détendre et me réjouir de ses attentions pour moi.

J'ouvrais, lentement, les yeux avant les frotter. Ils me piquaient du manque de sommeil. J'étais fatiguée mais cela n'allait pas entacher l'euphorie, qui s'était emparé de moi dans la nuit, à l'idée de m'éloigner de la clairière pour une balade à moto. Je ressentais une pointe de culpabilité de désobéir à mon père mais il était temps pour moi de découvrir ce que le monde avait de beau. Je n'étais pas stupide, ni imprudente. Je n'irais jamais au-delà de mes capacités. Une promenade en dehors de mon périmètre de sécurité allait m'aérer l'esprit et faire taire le désespoir qui m'avait profondément assailli la veille.

The young empathOù les histoires vivent. Découvrez maintenant