CHAPITRE QUINZE

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Dean

Je ne suis pas rassuré de laisser Alex seule et blessée avec ces bons à rien. Quand je pense que ce Derry n'a même pas été aidé par sa famille pendant qu'il se faisait égorger par cette petite...
— Tu crois que ça va aller pour Alex ? s'inquiète mon frère en montant au premier.
Ma parole ! Cette maison c'est un vrai labyrinthe, ou quoi ?
— Je l'espère, parce que sinon je te jure que je les zigouille tous. Qu'ils soient responsables ou non.
— Ça me surprend de ta part...
— Pourquoi ?
— Parce que je te signale que tu n'as pas l'air de la porter dans ton coeur.
S'il savait combien il est à côté de la plaque...
— Tu te trompes.
— Je t'en prie ! Dean ! Je te signale que tu n'arrêtes pas de la rabaisser depuis que ce type lui adonné son numéro.
Je reconnais que sur ce coup-là, j'ai agit en mec jaloux et possessif, alors que nous ne sommes même ensemble elle et moi. Et à des années lumières de l'être, hier encore.
— Je parie que si elle n'avait gardé, ce serait pire.
Wow ! On ralentit. Qu'est-ce qu'il vient de dire ? Je m'arrête en fronçant les sourcils.
— Attends ! Quoi ? Elle ne l'a pas prit ?
Sam se retourne et me regarde comme si j'étais stupide. — Bien sûr que non. Tu ne le savais pas ?
— Je ne te poserais pas la question si c'était le cas.
Sam hausse les sourcils de surprise. Pourquoi ne me l'a-t-elle pas dit ? Parce qu'elle pensait qu'elle arriverait à me rendre jaloux ?
— De toute façon, je ne vois pas ce que ça change ! Je te signale que tu préfères sa sœur.
— Wow ! Wow ! Wow ! Je te signale que je ne préfère pas Jo à Alex. J'adorais JO. C'est vrai que j'avais le béguin pour elle. Mais que ce soit clair, je ne la préfère pas à Alex. J'apprends encore à la connaître. Je ne sais même pas si je la considère comme une amie ou...
... ou un coup d'un soir... ou une petite amie... Je ne sais pas comment me comporter avec elle. Je ne sais jamais ce que je ressens. Elle peut me faire passer de la colère à l'envie de l'embrasser en une fraction de seconde. Tout à l'heure, lorsque je l'embrasser, j'avais envie de la plaquer contre le mur pour la sentir plus proche de moi qu'elle ne l'était déjà. Pourtant, quelques minutes avant, j'avais envie de la secouer comme un prunier pour qu'elle se taise. Je voulais mettre des kilomètres entre elle et moi, pour ne plus entendre le son de sa voix et les paroles qu'elle déversait contre moi. Et maintenant, j'ai envie de la serrer dans mes bras et la protéger contre le monde entier, tandis qu'elle est blessée dans le salon. Je suis tellement indécis avec elle. Je ne sais jamais quoi ressentir.
— Ou une ennemie ? termine mon frère.
Je me remets à avancer, pour en finir au plus vite et retrouver Alex. Sam me suit aussitôt.
— Non, pas une ennemie. Comme une sœur.
Ce n'est pas tout à fait ce que je ressens, mais je ne vais quand même pas lui dire que j'ai envie d'elle de manière plus qu'amicale... Je connais mon frère, il n'arrêtera pas de me gonfler avec ça, après.
— Oui, moi aussi je suis inquiet, reconnaît-il en soupirant. Mais pour le moment, ils faut que nous nous concentrions sur la recherche de ce grenier, et ces informations, avant qu'il n'y ait un mort de plus.
J'opine silencieusement. Moi non plus je ne veux pas qu'il y ait un mort de plus. Surtout lorsqu'on pense au fait qu'Alex est blessée et à la merci d'un esprit.

Nous trouvons la porte menant au grenier, rapidement. Nous trouvons étrange que l'esprit de la petite fille ne nous ait pas attaquée, à moins qu'elle ne soit occupée ailleurs, ce qui me plaît encore moins. Je n'aime pas savoir que Alex peut être en danger. Il y a déjà une menace qui plane au-dessus de sa tête, d'après Castiel. Il faudra que j'en informe mon frère, maintenant que Alex commence à risquer sa vie quand on bosse.
Aussitôt en entrant, nous sommes frappés par une odeur horrible. Inutile de nous demander de quoi il peut bien s'agir, puisque nous sommes souvent confrontés à ce genre d'odeur lorsque nous sommes sur une affaire. C'est celle d'un cadavre en décomposition. Ou plutôt trois cadavres. Je ne sais pas quel est le pire, honnêtement. Retrouver les corps ici, ou leurs gorges tranchées comme celle de Derry ?
— Parfois j'envisage vraiment de demander une compensation à certaines familles... On supporte l'odeur de cadavre et on se donne la gerbe, pour des bourges comme eux qui en ont rien à foutre les uns des autres.
— Dean ! m'appelle mon frère en me donnant un léger coup de coude dans les côtes. Regarde.
Je décroche mes yeux de la contemplation des cadavres en décomposition, et regarde ce que mon frère me montre. Je n'en reviens pas. C'est un grand portrait peint de la petite fille qui a attaquée Alex.
— Je croyais qu'ils ne la connaissaient pas... marmonné-je en m'approchant du portrait. Et lui, c'est qui ?
Je montre du doigt à mon frère, un vieil homme moustachu, portant un chapeau de cow-boy blanc et un costume assortis.
— Lui ? C'est le grand-père de madame Shumacker. C'est le premier à avoir été tué il y a cinq ans. Mais personne ne sait comment il est mort. La police en a conclu que c'était un accident. Qu'il a dû basculer par-dessus la rambarde du deuxième étage et se briser la nuque dans sa chute. Le corps aurait, semble-t-il, été volé après qu'il ait été chargé dans le véhicule du légiste. Ça explique ce qu'il fait ici...
Je fronce les sourcils en me tournant vers lui.
— Comment tu sais ça ?
Il me montre des brochures de journaux, découpés.
— On dirait que quelqu'un collectionnait les articles de journaux concernant cette mort accidentelle.
— Mais si on a affaire à un esprit, pourquoi se manifeste-t-il cinq ans plus tard ? Ça n'a pas de sens.
— Peut-être pas pour nous, mais pour elle si. Regarde ça.
Mon frère me tend un article de presse.
— L'arrière petite-fille du grand milliardaire Henry Schumacker, disparaît mystérieusement... lis-je, en survolant la coupure de presse. Apparemment ils n'ont jamais retrouvé le cadavre.
— Tu ne trouves pas ça étrange que lorsqu'elle disparaît, quelques temps plus tard l'arrière grand-père fait une chute accidentelle ?
— Tu crois que l'arrière papy a fait le coup ?
— Ouais, mais ce que je ne comprends pas, c'est si elle a été vengée, pourquoi continue-t-elle de tuer ?
Je continue de fouiller dans les papiers et tombe sur un acte de naissance — celui de la petite fille, Caliope Schumacker —, et plusieurs courriers de l'hôpital de la ville.
— À moins qu'ils soient tous dans le coup.
— C'est un peu tiré par les cheveux... marmonne Sam en fouillant dans de vieux cartons poussiéreux.
— Pas nécessairement, écoute ça. D'après des courriers de l'hôpital, la petite-fille souffrait d'un handicap physique. Suite à des problèmes liés à l'accouchement, elle aurait souffert de malformations.
Sam se tourne vers moi en fronçant les sourcils, et prend le papier que je lui tends.
— Ils avaient honte de ces malformations, et l'auraient tuée ?
— En tout cas, ça explique pourquoi elle s'acharne sur eux. Elle tue l'arrière grand-père, et cinq ans plus tard, la baraque revient aux héritiers. Comme elle est en colère, elle se venge parce qu'ils n'ont rien fait. C'est vrai, c'est l'arrière petite fille de ce type, ce qui veut dire qu'elle a forcément des parents ! Et en toute logique, par déduction, je dirais que c'est cette chère madame Schumacker.
— Ce qui voudrait dire qu'ils savent tous qui est exactement cette petite. Et que Alex est toute seule avec cette bande de dégénérés ! réalisé-je en devenant livide.
— Dean, est-ce que tu as trouvé l'acte de naissance ? On est déclarés morts, au bout de cinq ans de disparition !
— Non. J'ai retourné tout le carton.
Nous nous tournons vers un des cadavres qui était supposé être disparu. Je tourne les yeux vers mon frère.
— Qui est-ce qui s'y colle ?
— On décide à pierre, papier, ciseaux ? me propose Sam.
J'accepte en fronçant les sourcils. Il est hors de question que je fouille ces maccabés putrides. Je tape dans ma main avant de sortir feuille, mais Sam sort... ciseaux !
— Eh merde ! râlé-je. Comment ça se fait que tu gagnes toujours ?!
Mon frère hausse les épaules silencieusement, en affichant un sourire moqueur.
— C'est à toi de t'y coller.
Je soupire ne levant les yeux au ciel, et m'approche du corps de Henry. Je grimace de dégoût en enfouissant mes mains dans les poches de ses vêtements, mais rien.
— Essaye l'autre !
Je tourne les yeux vers mon frère en le foudroyant du regard, puis je me tourne vers l'autre. L'odeur est encore plus immonde, si bien que je manque de dégueuler lorsque je mets mes mains dans son manteau. Je sens alors quelque chose dans la poche intérieure du veston. Je le prends, et me tourne vers mon frère.
— Je crois que j'ai trouvé ! déclaré-je en lui montrant une enveloppe tâchée de sang.
Je m'empresse de l'ouvrir et en sort une feuille que je déplie.
— Bingo ! m'exclamé-je. La déclaration a été faite...
— Dean... marmonne Sam.
Je lève les yeux du papier, et aperçois la petite fille juste en face de nous. Je regarde autour de moi, avant de me rappeler que j'ai laissé mon fusil à Alex.
— Fais chier... Tu vas devoir t'y coller !
Sam soupire et tire sur elle avec des balles de sel. Nous nous précipitons alors hors du grenier en courant dans le couloir pour rejoindre les autres.
— La déclaration a été faite hier ! expliqué-je à Sam.
— Ça explique pourquoi elle a décidé de tuer toute la famille ! Nous n'avons pas affaire à un simple esprit, mais à un esprit vengeur ! Et comme nous protégeons cette foutue famille, elle nous a mis sur son tableau de chasse.
— Je t'aurais bien dit de les laisser se débrouiller seul avec Caliope, mais c'est maintenant devenu notre problème. Il va falloir que nous nous en occupions.
Lorsque nous arrivons dans le salon, Alex se tient immobile, debout, sur ses gardes. Elle tourne alors l'arme vers nous.
— Wow ! Relax ! Ce n'est que nous ! m'exclamé-je.
— J'ai cru que vous ne reviendriez jamais ! soupire-t-elle de soulagement.
Je m'approche d'elle, et lui prends l'arme des mains. Elle est pâle comme la mort.
— Tu devrais retourner t'asseoir, lui intimé-je en posant ma main sur son bras en douceur.
— Ok... soupire-t-elle, d'une voix lascive.
— Où avez-vous mit le corps de Caliope ? s'exclame tout à coup Sam, en se tournant vers la mère.
— Que se passe-t-il ? s'inquiète ma jolie blonde en fronçant les sourcils.
— Il se passe que nous avons affaire à un esprit vengeur. La petite fille qui t'a poignardé, n'est autre que la fille de Madame Schumacker, qui se venge de sa propre mort.
— C'est pas vrai... murmure Alex.
— Elle a disparue à cause de son arrière grand-père ce qui a provoqué sa mort, et elle est revenue pour venger sa mort en s'en prenant au reste de la famille parce qu'elle a été déclarée morte il y a cinq ans. Aucun de vous n'a avoué le meurtre de Caliope ! s'écrie Sam d'une voix accusatrice.
Je m'approche d'eux et montre ma colère.
— Et à cause de votre lâcheté, notre amie est gravement blessée. Alors je vous conseille très sérieusement de nous dire où se trouve le corps de Caliope afin qu'on brûle sa dépouille pour qu'elle repose enfin en paix !
La femme soupire tristement.
— Elle est dans le caveau familial, dans son propre cercueil. Mon père a déplacé le corps après qu'elle ait été déclarée morte...
Sam tourne les yeux vers moi. Je soupire.
— D'accord. Restes avec elles, et protège Alex. Je vais m'occuper de Caliope.
Je regarde une dernière fois Alex en soupirant et lui adresse un sourire pour lui transmettre mon soutiens.
— Tu as intérêt à être encore en vie à mon retour.
Elle hoche la tête, et je quitte rapidement la maison. 

The Family Business : SupernaturalWhere stories live. Discover now