⚜ Chapitre 36 : Un duel pour les mousquetaires ⚜

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Paris, mois de juillet

Céleste

Pour cette chaude après-dîner, j'avais décidé de me la jouer coquette. Je ne savais pas pourquoi, probablement juste pour me faire plaisir. J'avais mis une robe aubergine, élégante sans faire trop tâche dans les rues de Paris, et passé un fin trait noir sous mes yeux pour les faire ressortir. J'appréciai être bien mise, c'était un fait. Mais lorsque j'avais hésité à appliquer un peu de rose sur mes joue, l'image du visage de Tréville en me voyant s'imposa à moi. Oui, je voulais voir du désir dans ses yeux lorsqu'il me verrait.

J'étais en train de marcher fièrement vers l'hôtel des mousquetaires, mon épée dissimulée sous ma fine cape beige. Quand je passai sous le porche de l'entrée, tous les cadets me saluèrent d'un sourire et se précipitèrent vers moi.

- Vous revenez nous entraînez, madame ? m'en demanda un.

- Cela nous ferrais vraiment plaisir ! confirma Tronion en sautant d'un pied sur l'autre.

- Alors, madame ?

Je ris, totalement charmée par ces futurs mousquetaires.

- Désolée messieurs, répondis-je, aujourd'hui je viens passer du temps avec mes amis.

- Les mousquetaires Porthos et Athos sont en mission, m'apprit Valin. Mais d'Artagnan et Aramis doivent être dans la cour...

- Je vous remercie.

Je passai le porche, et marquai un temps d'arrêt devant le soleil qui m'éblouit un instant. Dès que mes yeux se furent acclimatés, je distinguai aussitôt trois silhouettes bien connues : celles de mon amant et de mes amis. Ils ne m'avaient pas vu arriver, aussi je me rapprochai à pas de loup. Je n'eus le temps que de voir les sourcils froncés et inquiet de Tréville avant qu'il ne lève le regard pour le poser sur moi. Il ouvrit de grands yeux surpris, et je sentis bien son regard glisser sur mon cou, puis descendre à ma poitrine et à mes hanches pour enfin revenir à mes propres yeux. Aramis et d'Artagnan se retournèrent vers moi, et avant leur ébahissement, je vis aussi de la contrariété.

- Colombe ? Que fais-tu là ? me demanda d'Artagnan.

- On voit à quel point ma visite vous fait plaisir, ironisai-je. Au cas où tu n'aurais pas remarquer, je passe presque plus de temps ici qu'aux cotés de la reine...

Et je m'approchai du papier que tenait mon amant entre ses mains et d'où semblait venir leur contrariété.

- Qu'est-ce ? demandai-je.

Aramis ôta son chapeau en soupirant et se passa une main dans les cheveux, chose qu'il faisait quand il était agacé ou nerveux. Ou les deux. Ce qui n'annonçait généralement rien de bon. Sans hésitation, Tréville me tendit le papier que j'attrapai délicatement. Dès les premières lignes mes yeux s'écarquillèrent et je portai une main à ma bouche.

- Marie de Médicis est... Morte ? fis-je, ne m'y attendant pas du tout.

Marie de Médicis, la redoutable adversaire politique de Richelieu, l'une des fille de la prestigieuse famille Italienne... Et mère du roi Louis XIII.

- Une ennemie de moins, non ? demanda d'Artagnan.

- Non. Et oui en même temps, soupira Tréville. Le roi ne veut pas de grandes pompes pour ses funérailles. Il ne sait même pas s'il veut en faire... Mais une chose est sure : ceci ne fait que le fragiliser encore plus. Et après les tentative d'assassinats, nous n'avions vraiment pas besoin de ça.

Effectivement. Mais un roi plus fragile voulait dire un roi plus facile à manipuler, et cela allait dans le bon sens pour Richelieu. Donc forcément pour moi aussi... non ? Mes pensées furent interrompus par les paroles de Tréville.

L'Espionne du Cardinal - Livre IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant