Chapitre 59

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SWANN

Sur la pointe des pieds, il s'était rendu dans la salle de bain pour prendre une rapide douche et emballer ses affaires de toilettes dans un sac avant de tout récupérer et de s'enfermer dans la voiture. Priant pour que le moteur n'attire pas l'attention de sa sœur ou de sa mère, il était parti aussi vite qu'il l'avait pu. Le téléphone jeté sur le siège passager, il avait coupé toute communication pour ne plus avoir la sensation d'être attaché quelque part. Il n'était pas sans cœur et un mot attendrait sa famille sur la table de cuisine, indiquant qu'il partait pour quelques jours sans préciser la durée de son séjour. Pas sûr que sa génitrice apprécie qu'il sèche les cours. Pas grave ! Il pourrait tout récupérer en ligne.

Au bout de deux heures, il avait allumé la radio pour ne pas faire le trajet dans un silence de mort. Au fur et à mesure qu'il mangeait les kilomètres, ses muscles se détendaient peu à peu. Il le savait : fuir ainsi était lâche. Mais il en avait besoin. D'une puissance... Il sentait que s'il ne s'octroyait pas cette pause dans sa vie, il sombrerait, incapable de se reprendre.

Il arriva dans l'après-midi, quelque peu fatigué. Un arrêt pour déjeuner avait été nécessaire et il ne rêvait plus que de se dégourdir les jambes. Il ouvrit la portière de son véhicule et ferma les paupières pour savourer la brise marine qui le détendit un peu plus. Un fin sourire étira ses lèvres. Il était à l'endroit le plus apaisant du monde. Verrouillant sa voiture, il descendit vers la plage en fourrant ses mains dans le sweat bleu océan qu'il avait enfilé ce matin. Il ne faisait pas très froid, mais son short noir n'était pas non plus très couvrant. Il retira ses baskets pour savourer la texture du sable et s'avança tranquillement sur la plage déserte.

En ce mois de mars, les touristes ne pullulaient pas et les locaux préféraient sûrement s'enfermer dans leur demeure avec un bon plaid autour du feu. Il échoua à quelques mètres des vagues qui venaient déposer l'écume sur les grains mouillés. Deux ans qu'il n'était pas revenu ici. Quel idiot il avait été ! Cela lui aurait sûrement fait plus de bien qu'il ne le pensait.

Il contempla l'horizon en silence, savourant l'impression de quiétude que dégageait cet endroit. Il rabattit sa capuche sur ses boucles noires et enroula ses bras autour de ses genoux. Que devait-il faire maintenant ? Est-ce qu'être ici lui apporterait des réponses ? Et combien de temps cela allait prendre ? Il aurait tellement eu envie de disposer du même courage qu'Alban. Le blond s'assumait sans en ressentir la moindre gêne. L'image de son béguin apparut dans son esprit et son cœur se serra. Alban était resplendissant à sa manière : il souriait constamment, riait franchement et vivait pleinement. Pourquoi ne pouvait-il pas en faire de même ?

Immobile, perdu dans ses pensées, il ne se rendit pas compte qu'il fixait l'océan depuis des heures. Assis sur le sable, bercé par le vent frisquet au goût de sel, il se sentait bien. Pour la première fois depuis longtemps.

- Swann ?! fit une voix interloquée.

Il tourna la tête à gauche et resta perplexe plusieurs secondes. Un châtain aux taches de rousseur sur le nez le fixait avec de grands yeux étonnés. Un sourire se dessina aussitôt sur son visage, ravi.

- Oh, putain, c'est vraiment toi ?! Ça faisait super longtemps.

Sortant de son hébétude, le noiraud sourit en retour et se leva tout en époussetant ses habits.

- Deux ans pour être exacte.

- J'ai cru que j'étais en train d'halluciner !

Heureux de le revoir, il ne cessait de scruter le visage de l'étudiant. Swann souriait également, tout à sa propre inspection. Malgré le temps plutôt frais, le garçon était en tee-shirt-short, des tongs dans les pieds. Il n'avait pas changé ! Toujours aussi peu frileux.

My Heavy SecretWhere stories live. Discover now