Chapitre 76

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ALBAN

— Tu fais la gueule, assura Ylan au volant de sa voiture.

Le coude planté contre le rebord de la fenêtre, Alban observait la ville plongée dans le noir qui défilait à vitesse respectable sous ses yeux.

— Non, grogna-t-il.

— Si.

Il soupira et laissa son bras retomber contre la vitre, reposant son crâne contre l'appuie-tête. Les sourcils froncés, il observait la rue illuminée par les phares, mécontent.

— Oui, t'as raison.

— Je sais.

Il leva les yeux au ciel à cause du rictus amusé de son meilleur ami et s'enfonça un peu plus dans son siège. Était-ce de sa faute si l'image de Lola et Swann enlacée venait nourrir sa jalousie ? Non. C'était tout simplement blessant. Quarante minutes plus tôt, il découvrait le plaisir de sentir Swann contre lui, le plaisir de leur danse endiablée, le plaisir de leurs caresses sensuelles... puis le retrouvait dans les bras de sa fausse ex alors même qu'il crevait d'envie de l'embrasser devant tout le monde. Alors oui, il comprenait que ces deux-là soient proches, mais à un moment donné, c'était trop. Surtout qu'il avait passé six mois à ronger son frein en croyant qu'ils étaient ensemble.

— Je suis juste vexé, lâcha-t-il en croisant les bras.

— Parce que Swann câline d'autres personnes que toi ?

La tentative d'humour échoua. Elle ne fit que rembrunir le blond. Après leur petite conversation sur l'adoption que les parents d'Ylan souhaitaient faire pour lui, il avait eu besoin de légèreté. Sans vraiment y penser, il avait simplement écouté son cœur et lui avait tout avoué à propos du noiraud. Enfin, il avait gardé certaines choses pour lui, mais exposé l'essentiel. Swan et Lola, c'était bidon, Swann et Alban, c'était un carton ! Puis, il lui avait fait promettre de ne rien dire au moins jusqu'à ce qu'il en discute avec son petit ami.

— Je comprends qu'elle soit sa meilleure amie et il est gay ! Je ne devrais pas me mettre dans tels états. Sauf qu'on ne peut rien faire devant les autres... je ne suis pas en train de me plaindre de ça, se justifia-t-il en se rendant compte de ses paroles. J'irais au rythme de Swann, je m'en moque ! Mais... il m'a ignoré. Littéralement. Ok, faut faire semblant de n'être que des amis, mais un petit bisou en guise d'au revoir ce n'est pas la mer à boire ! Et puis, c'est quoi ! Lola, il peut lui faire des câlins quand il veut. Moi, il faut prendre rendez-vous sous les bosquets sous peine de se faire griller.

Ylan se pinça les lèvres pour ne pas répliquer. Honnêtement, il avait peur que la réserve du noiraud ne blesse son ami - ce qui arriverait forcément à un moment ou un autre. Il n'osait pas le lui dire parce qu'Alban lui taillerait un costume, mais il n'en pensait pas moins.

— Tu ne veux pas te dépêcher de ferrer Lola, histoire que je ne l'aie plus dans les pattes ? grommela-t-il.

— Hé ! Ça ne se fait pas comme ça. C'est tout en finesse.

— Tu peux y aller au bulldozer, je crois, répliqua Alban. Ça fait deux ans qu'elle fait la vierge Marie, je suis sûr qu'elle serait open.

— Alban ! s'insurgea Ylan qui n'en revenait pas de ses paroles.

Honteux de s'être ainsi laissé emporter, le blond prit sa tête entre les mains et soupira bruyamment. Bon sang ! Se mettre en colère pour un simple câlin ? Non, ce qui le blessait le plus était l'ignorance dont avait fait preuve son petit ami. Ils devaient, certes, se montrer discrets, mais pas non plus insensibles.

My Heavy SecretWhere stories live. Discover now