Chapitre 117

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SUMMER

La fin de l'année approchait en même temps que les examens. Certains avaient déjà entamé leurs partiels quand d'autres bénéficiaient d'une semaine supplémentaire. Summer, qui s'y prenait toujours au dernier moment pour terminer ses devoirs, croulait sous les mémoires qu'elle était censée rendre au plus vite. Quelle idée d'avoir choisi une licence littéraire ? Si la moitié du temps elle pouvait jouir de la liberté que lui octroyait le peu de cours qu'elle devait suivre dans ce cursus, il n'en restait pas moins qu'elle aurait dû en profiter afin d'approfondir ses connaissances tout comme la majorité de ses camarades. À moins qu'ils soient trop stones pour avancer ne serait-ce qu'une idée cohérente. Summer n'aimait pas les clichés, mais elle devait avouer que l'image de « baba cool » qui collait à la peau de sa promo était malheureusement très vite confirmée par tous ces feignants qui, un joint à la bouche, passaient leur temps à divaguer sur l'herbe. Oui, vraiment, elle ne savait pas pourquoi elle avait choisi cette filière.

Pour ce week-end particulièrement ensoleillé, Viviane avait réuni ses trois enfants dans le jardin afin de déguster un déjeuner qui se constituerait d'un simple barbecue. Summer en avait déjà l'eau à la bouche tant l'arôme remplissait l'air. C'était synonyme de vacances, de chips, de cocktails, de soleil et de rires. Oui, définitivement, elle adorait les barbecues ! Portable à la main, elle échangeait quand elle le pouvait avec Anton. Le décalage n'aidait pas. Actuellement treize heures pour elle, il n'était que quatre heures du matin à Los Angeles. De quoi la déprimer totalement. Ses amis étaient présents tout comme Swann qu'elle embêtait pratiquement tous les soirs quand il n'était pas fourré chez Alban ou Lola, mais son meilleur ami lui manquait cruellement. Parfois, ce n'était qu'un pincement au cœur, à d'autres elle déprimait dans sa chambre avec une playlist spéciale « pleurons toute seule dans la chambre comme une naufragée ». Anton était parti et aucune date de retour n'avait été émise. Ses yeux la picotèrent. Elle remua son nez, cligna des cils tout en observant le ciel bleu afin de ne pas pleurer. Il n'était pas mort, juste à l'autre bout du globe ! Pas de quoi en faire un drame, tentait-elle de se convaincre.

Assise sur la chaise de jardin, non loin de sa mère qui, tout en chantonnant, retournait la viande sur le gril, elle continuait de fixer Jude et Swann qui se taquinaient au point de lui faire naître de l'urticaire. Enfant, elle avait longuement jalousé le temps que lui volait son aîné avec son jumeau. Il était à elle, c'était une part de sa personne, alors pourquoi devait-il être plus proche de Jude que de sa jumelle ? Elle avait piqué des crises de jalousie dans le seul but d'attendrir Swann qui venait lui sécher ses larmes. Elle se souvenait avoir même accusé son frère de certaines bêtises pour que le noiraud prenne sa défense. Elle avait été une peste. Puis Anton était arrivé et ils avaient créé leur propre monde. C'était agréable de ne pas se sentir à l'écart. Swann serait toujours son frère, mais elle pouvait accepter qu'il suive partout Jude si elle avait quelqu'un qui remplissait la place de son jumeau, au moins de façon temporaire. Puis ils ne s'étaient plus jamais lâchés, Anton et elle.

Malgré ses vingt ans, bientôt vingt-et-un, elle se rendait compte qu'elle n'avait jamais vraiment dépassé cela. Observer ses deux frères renouer après la mise à l'écart qu'avait induit Swann lui serrait le cœur. Elle se sentait exclue de cette complicité même si, au vu de l'expression de fatigue de son aîné, Jude semblait vouloir séquestrer son petit frère dans une pièce au moins quelques heures. Histoire d'avoir la paix. Ses dents torturèrent sa lèvre inférieure. Être jalouse à son âge était d'un ridicule.

Malgré tout, elle se sentait seule dernièrement. Anton était parti et, même si elle avait des amis, elle passait pratiquement l'intégralité de son temps avec le châtain. Ce qui la conduisait forcément à être moins proches de ses camarades. Swann aurait pu combler le manque, mais il était toujours fourré à droite et à gauche. Visiblement, il ne rencontrait pas le même problème qu'elle. À la réflexion, même en étant si proche de Lola, il était parvenu à créer des liens solides avec toute sa bande. Puis il y avait Alban.

My Heavy SecretWhere stories live. Discover now