La fin de l'été

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~Solal~

— Eh, Solal ! Regarde ! me crie Adrien.

Je tourne la tête vers lui. Le pied appuyé sur son skate, il attend que je sois attentif. Il me sourit et s'élance vers la rampe qui ressemble à un bateau. Je n'ai aucune connaissance en matière de skate même si mes amis en font. Je me contente de les regarder et non pas d'apprendre les noms de chaque figure ou matériel spécifique. Adrien prend de plus en plus de vitesse et commence à s'élever dans les airs. Mais je ne peux pas voir sa figure entière parce que Samuel m'appelle :

 — Dis à ta chienne de bouger de là, elle me gêne !

Je siffle Nairobi et elle accourt vers moi.

 — Sinon tu peux lui parler aussi.

 — Ouais bah elle voulait pas dégager.

 — Putain, je l'avais trop bien fait, Solal !

Adrien est en bas de la rampe, les bras croisés. J'ai l'impression d'être sa mère, il faut toujours que je le regarde voltiger. D'un regard, je m'excuse et l'encourage à recommencer. Cette fois, je le regarderai jusqu'au bout. Il recommence comme tout à l'heure et je caresse distraitement Nairobi. En haut de la rampe, il frotte son pied sur sa planche et se détache d'elle. Cette dernière fait un tour sur elle-même avant de se replacer droit. Adrien amorce sa descente, les genoux pliés, mais seul son pied gauche vient rencontrer la planche, qui l'envoie en contrebas. Adrien est emporté et s'écrase sur ses fesses, glissant derrière son skateboard comme s'il était sur un toboggan.

 — Putain, j'avais réussi tout à l'heure !

Il jure encore quelques minutes et tape dans sa planche, comme si c'était de sa faute. A côté de lui, Samuel se tente la même figure mais à l'arrêt.

— Depuis le début de l'été ils sont sur le flip, se marre Marius en venant s'asseoir dans l'herbe, à côté de moi.

 — Adrien dit qu'il l'a réussi.

 — Il doit la réussir à chaque fois. Sinon ça s'appelle la chance du débutant.

 — Débutant, pas trop quand même. Ils sont loin d'être débutants.

 — Pas débutants en skate, mais dans le flip. Mais ils vont y arriver.

On se tait, regardant nos deux amis galérer. Nairobi bouge, me lèche la main et repart faire sa vie. Je vérifie qu'elle ne soit pas sur le terrain.

 — Tu veux essayer ? relance Marius.

 — Moi ?

 — Non, Nairobi.

 — Hors de question, elle va pas monter là-dessus !

Il éclate de rire et je comprends qu'il me proposait bien à moi.

 — T'es con quand tu t'y mets. Alors, tu veux essayer ?

 — Non plus. Tu sais que je déteste ça.

 — Mais t'as jamais essayé tu peux pas savoir.

 — Si, je sais très bien, je mens.

Il lève les yeux au ciel mais n'insiste pas. Depuis le temps qu'on se connaît, il devrait savoir que c'est non.

On vient au skate park dès qu'on peut. C'est-à-dire très souvent. L'été, nos journées se font ici. Ils skatent, Nairobi se balade et moi j'observe tout le monde. Le midi, on file au kebab ou au Macdo. On se gave de gras et on se marre. On y reste quelques heures et puis on repart dans les rues. Et le soir, on va dans les bars. Eux surtout. Généralement, je préfère la compagnie de Nairobi et on se contente d'errer dans la nuit.

Nos sentiments voilésWhere stories live. Discover now