Le concours

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~Erell~

Ce soir, mes amies viennent à la maison pour dormir. Par chance, je suis chez ma mère. A cause de son anniversaire la semaine dernière, j'ai dû dire à mon père que je ne venais pas chez lui. Ça aurait dû être son tour mais je voulais tellement être avec maman pour son anniversaire que j'ai décidé de ne pas le voir. De toute façon, je n'en avais pas beaucoup envie. Dans mon idée, on reprenait donc le planning des week-ends normalement, c'est-à-dire que je passais deux week-ends de suite chez ma mère pour ne pas tout perturber. Evidemment, il n'a pas voulu et a accusé maman de me monter contre lui parce que ça faisait plusieurs fois que j'avais l'air, je cite, « complètement à côté de la plaque » quand je venais. Je me suis retenue de lui dire que c'était entièrement sa faute à lui que je ne voulais plus venir. La dernière fois que j'y suis allée, j'avais invité Solal. Depuis, je lui en veux encore pour ce qu'il a fait. Et puis, d'habitude, il m'envoie des messages dans la semaine mais depuis quelques temps, plus rien. J'ai l'impression qu'il ne s'intéresse plus vraiment à moi-même si j'avais déjà remarqué ce fait quand Adélaïde est née. Je n'arrive pas à me défaire à l'idée qu'il serait mieux sans moi.

Je n'avais pas menti quand j'ai dit à Solal que je n'avais pas de famille. Je suis coincée entre un père qui a sa refait sa vie avec une nouvelle fille et une mère qui a fait de même mais avec deux enfants. Même si j'aime énormément mes sœurs et mon beau-père, il y a des moments où je me demande si ma présence est vraiment indispensable. Ma seule véritable alliée est Alba mais comme elle se détache de moi petit à petit, je ne sais plus vraiment quoi penser. Heureusement, j'ai mes amies et je sais qu'elles tiennent à moi. Et puis, j'ai Solal, qui est un peu dans le même cas que moi.

Quand je passe dans la cuisine pour aller vérifier que tout est présent pour ce soir, à savoir les ingrédients pour faire de la pâte à pizza et des gâteaux, quelqu'un frappe à la porte. Sur mon portable, je vérifie l'heure. Il est trop tôt pour que ce soit mes amies, je leur ai dit de venir à dix-huit heures et il vient tout juste d'être dix-sept heures. Je m'approche de la fenêtre de la cuisine, qui donne sur le devant de la maison et essaie de voir qui a frappé. Mon cœur rate un battement lorsque je découvre Solal en train de tourner les talons, un labrador beige à ses côtés. Je reprends aussitôt mes esprits, sans même avoir le temps de me demander ce qu'il fait là, et ouvre la porte d'entrée. Il se retourne vers moi et j'avance vers lui.

— Salut, je lance.

— Salut.

Je le scrute pour trouver ce qui l'amène ici mais je suis interrompue par le chien qui me saute dessus et manque de me faire tomber. J'éclate de rire et le repousse doucement pour le faire descendre.

— C'est ton chien ? je demande avant de me rendre compte que ma question est bête.

— Elle s'appelle Nairobi. C'est ma meilleure amie.

Je souris et la gratte derrière les oreilles en attendant qu'il me parle.

— On peut parler ?

— De quoi ?

Il garde le silence et m'entraîne vers le parc devant, là où il avait parlé à son grand-père et où il m'avait rejetée. Ce jour-là, j'avais cru avoir dépassé ses limites et je pensais qu'il ne voudrait plus me parler. Et si je pensais que ça allait difficile de l'approcher à nouveau, c'était finalement lui qui avait brisé le froid qui régnait entre nous.

— Je viens de voir Maurice, me dit-il alors que nous nous asseyons sur un banc.

— Ton grand-père, c'est ça ?

— Oui. Désolé, j'arrive pas à me dire ça. C'est trop bizarre.

— Je me doute. Tu n'as jamais pensé que tu en avais un et puis il débarque comme ça. Tu dois avoir du mal à y croire.

Nos sentiments voilésWhere stories live. Discover now