XXXII - La réalité ? Ca fait mal !

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Seigneur Dieu, cela me provoquait des frissons dans le dos et même dans tout le reste du corps. Ses lèvres étaient douces, mais avec ce côté râpeux qui me rendrait totalement dépendant. C'était une première fois cette sensation. J'en goûtais toute la nouveauté et la fraîcheur. C'était délicatement chaud et entouré de cette odeur de cannelle qui me rendait fondant. Après un instant où ses lèvres furent raidies, elles s'assouplirent doucement se laissant aller à ce contact de la peau. J'avais oublié le temps et l'espace. Lorsque ses lèvres virent doucement pincer ma lèvre inférieure, je repris contact avec la réalité et j'ouvrais subitement les yeux. La réalité reprenait froidement ses droits et je m'éloignais vivement. Je regardais mes mains tenant le t-shirt de Jimmy. Je le voyais à quatre pattes devant moi, j'étais assis bêtement les cuisses de chaque côté de ses bras. Jimmy me regardait en souriant en coin, ses yeux pétillaient de malice. Je regardais autour de moi et apparemment tout mon petit monde avait assisté à la scène sans rien dire. Ils avaient été témoin de "ça".

C'est à ce moment précis qu'un drôle de sentiment prit naissance dans mon estomac et que je commençais à avoir chaud. Pas cette chaleur qui vous monte aux joues, plutôt un genre de feu qui se réveille au creux des reins et qui envahit chacune de vos veines. Un genre de combustion qui vous donne chaud alors que sa morsure est froide comme l'hiver polaire. Mon corps commença à trembler en même temps que l'air devenait rare dans mes poumons. Il fallait fuir. Mes pensées commençaient à se dissoudre dans une mélasse informe et noirâtre. Déglutir était un effort. Fuir. Partir. Plus de regards. Qu'est-ce que j'avais fait ? Cette honte qui envahissait tout. Je bougeais. Je ne sais comment cela avait été possible, mais j'avais bondi d'un coup et m'était retrouvé enfermé dans la salle de bain. Loin des yeux. Loin de ses yeux à lui surtout. Il semblait amusé, mais moi j'avais conscience que j'avais osé quelque chose de si impardonnable. Qu'est-ce qu'il m'avait pris ? Et le pire, c'est que je sentais toujours ses lèvres sur les miennes. Leur goût était encore palpable. Je sentais la bile envahir ma bouche lorsque je fus distrait par la fermeture de la porte de la salle de bain.

- La prochaine fois que tu veux fuir et t'enfermer quelque part, pense au moins à fermer la porte pour commencer et ensuite tente de tourner le verrou. Ça aide, tu sais.

Max ... Évidemment que c'était Max. Je commençais à perdre un peu le contrôle de ce qui m'entourait, les vertiges arrivaient et j'allais sûrement mourir là, tout seul, enrobé de ma grande honte. Et puis, les bras de Max m'entouraient de nouveau, sa main caressant doucement ma nuque. Et le rituel reprit. Un. Deux. Trois. On respire. On bloque. On expire. Un deux. Trois. Quatre. Cinq. Après un moment de cette gymnastique, je finis par me sentir un peu mieux. J'appuyai mon front contre le torse de Max. Simplement. Cela me permettait de reprendre possession de la réalité. Ses mains relevèrent ma tête doucement. Il était simplement assis devant moi, ses grands yeux verts sondant mon âme comme jamais.

- Qu'est-ce qu'il s'est passé mon joli husky ?

Qu'est-ce que j'en savais. J'avoue que j'avais sûrement fait une belle sortie de route. Qu'est-ce qu'ils allaient tous penser et en prime je n'avais pas servi les pancakes qui restaient à l'état liquide dans la cuisine.

- J'ai pas servi le brunch ! répondis-je platement.

- Oui. Bon. C'est sur que mon estomac ne se serait pas plaint, mais franchement c'est à ça que tu penses ? Maintenant ? Vraiment ?

- Bha quoi, c'est vrai. Qu'est-ce qu'ils vont penser ?

- Penser de quoi ? Que le thé ne soit pas servi ou bien que tu viennes d'embrasser un bel homme pour la première fois de ta vie ?

Je pense que c'est à ce moment-là précis que je compris ce que point de fusion voulait dire. Je calais de nouveau ma tête contre Max sans répondre. Les petits bruits et les mouvements brusques de son torse me firent comprendre qu'il riait. J'étais tétanisé et il riait.

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