XLVII - Ma bulle à nous

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Une bulle. Je n'avais pas d'autre mot pour décrire les jours que nous avions vécus avec Jimmy. Le calme, la tranquillité. Pas une visite. De personne. J'étais fou d'inquiétude au final. Comment Max avait-il réussi à résister à l'envie voire la nécessité de venir fouiner dans la cuisine à la recherche de mes petits plats ? C'était un mystère que je n'avais pas encore résolu. Tout ce que je savais c'est qu'il me manquait. Ils me manquaient tous en fait. Bon d'accord j'avais Jimmy et c'était énorme. On ne se disputait jamais ou du moins pas longtemps. J'avais adopté son style de vie n'en ayant inventé aucun pour moi-même auparavant. J'avais dû supporter qu'il se balade nu dans l'appartement sans aucune honte. Je lui avais demandé d'arrêter. Il m'avait simplement demandé pourquoi puisque nous n'étions que tous les deux et qu'il n'y avait rien à cacher. J'avais bredouillé avant de me taire, il allait falloir que je m'habitue aux bouffées de chaleur et à ma gorge sèche à chaque fois que je le verrais passer. Le pire avait été lorsqu'il était sorti de la salle de bain, toujours légèrement humide et séchant ses cheveux doucement dans une serviette gonflée et moelleuse à souhait. Je crois que mes glandes salivaires avaient subitement retrouvé l'intégralité de leur fonction primaire, en clair, j'avais failli baver partout. Il avait ri. J'avais boudé.

J'avais donc décidé de le prendre à son jeu. Moi aussi j'étais sorti les cheveux mouillés de la salle de bain avec une serviette nouée autour de la taille. Jimmy avait été surpris et avait relevé un sourcil à la mode Spock puis avait ricané. Il s'était approché et avait embrassé mon front, tripoté mon postérieur et avait donné des ailes à cette serviette censée allumer son feu intérieur. Évidemment que j'avais mis un boxer en dessous. Vous me prenez pour qui ? Bon, lui, ça l'avait fait rire. Il m'avait embrassé et puis avait glissé au creux de mon oreille des mots qui m'avaient fait frémir.

- Tu fais des progrès, petite pomme, il s'en est fallu de peu que je te croque.

J'avais de nouveau retrouvé mon humeur de dogue. C'est alors que j'eus une idée machiavélique. J'allais préparer le dîner romantique parfait. Il me fallut vingt secondes pour être certain que ce serait absolument obligatoire de cuisiner japonais. Je m'étais donc rendu immédiatement chez mon maître, madame Shimura. Elle avait été tellement ravie qu'elle m'avait tout expliqué en détail, tout écrit et finalement avait décidé d'acheter avec moi tout le nécessaire. De fil en aiguille, nous nous étions retrouvés dans la cuisine de l'appartement à préparer le plus sympathique des repas. Jimmy avait eu un rendez-vous tattoo à honorer absolument alors nous étions vraiment tranquilles. J'avais donc cuisiné la soupe miso, le riz parfait, les condiments et accompagnements. Au passage, j'avais investi dans de la vaisselle japonaise. Tout était exactement comme je me l'étais représenté. J'avais laissé le tout au chaud en me trouvant particulièrement intelligent d'avoir trouvé cette fonction dans le four forcément high-tech de Jimmy. Je n'étais pas du tout certain qu'il en connaissait l'existence par contre.

Je regardais l'heure et après avoir salué et remercié comme il se devait Shimura sensei, j'avais entrepris de commencer à allumer des bougies par-ci par-là dans l'espace salon. J'avais organisé la table basse pour imiter la disposition des ryokan, ces auberges typiquement japonaises. J'avais réussi à faire comprendre à cette imbécile d'enceinte connectée quelle musique il fallait jouer. J'éteignais tout ce qui n'était pas bougie et terminais de planter mon décor. J'avais repéré dans la chambre de Jimmy quelques petites choses typiques du pays du soleil levant alors je les avais redisposées à mon goût pour renforcer l'immersion. Voilà, c'était un décor de rêve. Il ne manquait plus qu'une pièce et, en attendant qu'elle arrive, je passais le temps en échangeant avec Max. Oui, j'avais trahi ma semaine de vacances et d'isolement. Comment pouvais-je rester longtemps sans lui, au final. Il me racontait à quel point il souffrait. Il fallait que je revienne absolument vivre avec lui. L'autre cabot, comprendre Alexis, tentait d'apprendre la cuisine et son estomac allait forcément finir perforé. Ça, c'était la délicatesse de Pepper. Je ricanais lorsque je détectais un son familier derrière la porte. Je prenais vite congé de Max et me positionnais au bon endroit dans l'appartement pour voir sans être vu.

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