Chapitre 3 - grasse matinée...

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Le lendemain matin au réfectoire, Erwin s'approcha de Mikasa pour lui demander :

"Comment s'est passé cet entraînement hier ? Tu as vu Livaï ce matin ?"

"Euh...plutôt bien. Non je ne l'ai pas vu..."

"Tu peux aller le chercher ?"

"Bien monsieur", répondit Mikasa à contrecœur.

Elle se dirigea vers la chambre de Livaï. C'est vrai que c'était étrange qu'il ne soit pas encore levé à cette heure-ci. Mais elle n'avait pas envie de se retrouver encore seule avec lui après ces deux derniers soirs déstabilisants, et surtout pas dans sa chambre. Mikasa s'arrêta devant la porte et n'entendit rien donc elle se décida à frapper. Pas de réponse. Elle tenta alors d'ouvrir la porte qui n'était pas verrouillée. Elle n'était encore jamais entrée ici. Elle ne put s'empêcher de remarquer comme tout était propre et bien rangé. Quel maniaque, pensa-t-elle. Alors qu'elle scannait la pièce, elle l'aperçut allongé dans son lit, habillé d'une sorte de chemise. Il semblait dormir comme un bébé. Elle soupira à l'idée de devoir se charger de le réveiller. Une fois devant lui, elle constata à quel point son expression était paisible et douce. Est-ce qu'il s'agissait vraiment du même homme revêche qu'elle connaissait ?

"Hum, caporal..."

Comme fascinée par son expression, elle s'assit sur le bord du lit et se pencha vers lui pour lui toucher le bras. Il ne réagit toujours pas mais il respirait clairement. C'est alors qu'elle remarqua une mèche de ses cheveux en travers de son visage et ne put s'empêcher de l'écarter avec ses doigts. Mais qu'est-ce que je suis en train de faire ? Dès qu'elle prit conscience de son geste, elle écarta sa main. Il bougea un peu la tête et émit un léger gémissement, sans pour autant ouvrir les yeux. Mikasa commençait à s'impatienter donc elle reposa sa main sur son bras, le secouant légèrement cette fois.

Livaï avait senti comme quelque chose lui chatouiller le visage puis il perçut comme une pression sur son bras gauche. Il ne réagit pas vivement comme à son habitude et ouvrit doucement ses paupières. Lorsqu'il distingua une silhouette féminine, il écarquilla les yeux avant d'afficher l'expression la plus surprise que son visage habituellement impassible pouvait montrer. Encore elle ?!

"Qu'est-ce que tu fous là, assise sur mon lit ? On n'était quand même pas censé s'entraîner ce matin aussi non ?" demanda-t-il sur un ton qui se voulait sec mais sa voix était encore pâteuse.

Tout en se levant précipitamment, Mikasa ne put s'empêcher de pouffer discrètement et de répondre sur un ton sarcastique :

"Non, Erwin commençait juste à s'inquiéter de ne pas vous voir à neuf heures passées..."

Il tourna alors brusquement la tête vers l'horloge au mur et eut un petit rire étouffé.

"Eh bien on dirait que l'entraînement d'hier soir m'a épuisé", dit-il d'un ton sarcastique en la toisant du regard.

Elle écarquilla les yeux car elle ne savait pas comment interpréter cette remarque. Il ne pouvait pas dire ça sérieusement ; ils n'avaient quasiment pas fait de pratique physique. Ce n'était pas non plus son genre d'ironiser. Est-ce qu'il insinuait qu'elle l'avait fatigué en lui prenant la tête ? Il fallait qu'elle réplique.

"Vous aussi vous m'avez fatiguée mais moi je suis debout et habillée déjà", lança-t-elle avec un petit sourire en coin. Elle se voulait agressive mais ça devenait plus un jeu pour elle.

"Eh bien j'attends que tu partes et que tu me laisses m'habiller."

Non, elle n'allait pas le laisser s'en sortir aussi facilement. Pour une fois c'est elle qui avait l'ascendant et elle comptait bien en profiter.

"Vous êtes sous ma responsabilité. Qu'est-ce qui me garantit que vous n'allez pas vous rendormir une fois que je serai partie ?" lança-t-elle avec un air malicieux.

Jamais il n'aurait laissé un soldat lui parler ainsi. Mais quand c'était Mikasa, Livaï devenait visiblement plus tolérant. Peut-être parce qu'elle lui rappelait lui-même au même âge : lui non plus n'était pas très discipliné. Il sentait bien qu'elle commençait à profiter de sa faiblesse mais il appréciait que quelqu'un ose lui tenir tête. C'était plaisant de se taquiner un peu dans ce contexte de guerre aussi pesant. Il fallait donc la surprendre aussi et ne surtout pas réagir comme il le faisait d'habitude. Il lança alors sur un ton à la fois exaspéré et espiègle :

"Tourne toi alors, que je puisse m'habiller."

Effectivement, Mikasa ne s'attendait pas à ça et eut juste le temps de se tourner avant que ses joues ne rougissent. Encore une fois, il avait réussi à reprendre le contrôle de la situation et ça l'agaçait. Alors qu'elle entendait les bruissements de vêtements derrière elle, elle ne pouvait s'empêcher de s'imaginer les gestes précis et élégants qu'il devait faire. Quand au bout de deux minutes elle n'entendit plus rien, la curiosité l'emporta et elle se retourna. Livaï était assis sur le bord du lit, désormais vêtu de son pantalon et de sa chemise, en train de nouer son habituel foulard autour de son cou. Il remarqua alors qu'elle s'était déjà tournée et s'exclama, avec l'expression la plus neutre qu'il pouvait avoir, bien que cela l'amusait :

"Il ne me semble pas t'avoir dit que tu pouvais te retourner."

Mikasa n'allait pas se laisser rembarrer si facilement et répliqua d'un ton nonchalant :

"Vous êtes pratiquement habillé..."

Elle a vraiment réponse à tout, se dit-il. Puis il trouva une parade.

"Tu comptes donc m'escorter jusqu'à Erwin ?"

C'est là qu'elle se rendit compte que si elle restait, ils devraient sortir de sa chambre en même temps. Mikasa n'était pas du genre à se préoccuper de ce que les autres pensaient mais c'était quand même une situation délicate. Et elle ne tenait pas non plus à revoir Erwin qui risquait de demander plus de détails sur l'entraînement. Cette fois, c'est elle qui allait devoir se défiler. Elle répondit donc, avant de faire demi-tour et de sortir de la pièce :

"Vous m'avez l'air suffisamment réveillé maintenant donc je vais vous laisser."

Kuso (merde), pensa-t-il. Moi qui la critiquais sur sa gestion des émotions et ses réactions en situation critique... Il était véritablement impressionné et il en fallait beaucoup pour impressionner Livaï. 

Cours particuliers - Livaï & MikasaWhere stories live. Discover now