Chapitre 5 - ...et nuit blanche

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Malgré une discussion ouverte et apaisante comme l'autre soir, cette fois Livaï comme Mikasa eurent du mal à trouver le sommeil - tous deux étaient encore préoccupés.

Livaï se rendait bien compte qu'il était différent au contact de Mikasa. Il appréciait de plus en plus ces moments passés avec elle mais redoutait ce que cela impliquait. Depuis la mort de ses amis Isabel et Farlan, il s'était en effet promis de ne plus s'attacher à quelqu'un, pour ne plus avoir de regrets. Elle semblait être la femme la plus forte de l'humanité mais elle n'était pas non plus invincible et il ne supporterait pas de la perdre, encore moins que pour n'importe lequel de ses soldats. Mais il ne pouvait s'empêcher de rechercher sa présence car il ne connaissait personne qui avait autant de détermination, de répartie et d'aplomb, surtout vis-à-vis de lui. Ce qui était sûr aussi, c'est que personne d'autre n'arrivait à le faire parler de lui comme ça - il n'était juste pas sûr si c'était une bonne ou une mauvaise chose. Mikasa était unique. Mais lui aussi l'était. Et donc paradoxalement, c'était l'un de leurs nombreux points communs.

Lassé de ne pas réussir à dormir après plusieurs heures à se tourner dans son lit, Livaï se décida à se lever et à descendre jusqu'au patio avec un plaid et une tasse de thé pour prendre un peu l'air. S'approchant du patio, quelle ne fut pas sa surprise de voir que son coin était encore pris, et toujours par Mikasa ! Sentant une présence s'approcher, elle tourna la tête et lança avec un grand sourire :

"Oh, caporal, je ne pensais pas que "votre coin" pouvait être réquisitionné, même la nuit !"

Livaï ne put s'empêcher de sourire en retour mais il répliqua d'un ton neutre :

"Tu n'arrives pas non plus à dormir ? Je peux aller ailleurs si tu as besoin d'être seule..."

"Non ce serait plutôt à moi de vous laisser la place..."

"Reste," dit-il alors brusquement, sur un ton qui paraissait autoritaire, sans qu'il l'ait voulu.

Mikasa eut l'air surprise mais elle répondit d'un ton qui se voulait rassurant :

"Bien sûr."

Elle se tourna alors de façon à s'adosser au muret en se frottant les bras. C'était sa première sortie nocturne en pleine nuit blanche et elle n'était pas préparée à la température fraîche. Elle remarqua que Livaï, au contraire, semblait bien équipé et dit pour le taquiner :

"Ce ne serait pas tout ce thé que vous buvez qui vous empêche de dormir ?"

"Non, j'ai sûrement juste trop dormi ce matin...," répliqua-t-il avec un sourire en coin.

Livaï remarqua alors qu'elle avait froid. Il s'adossa au muret près d'elle et étendit son bras autour des épaules de Mikasa de façon à enrouler le plaid autour d'elle aussi. Il réalisa alors qu'il n'avait jamais été aussi près d'elle mais se résigna à ne pas se défiler cette fois, enivré par son odeur agréable. Mikasa sentit alors comme une vague de chaleur, ne sachant pas si ça venait du plaid ou de la proximité avec son caporal. Le choc thermique la fit frissonner. Sentant ce frisson, Livaï proposa quelque chose qu'il n'aurait jamais pensé offrir :

"Un peu de thé ?"

Et il ne le regretta pas en apercevant une étincelle de gratitude s'allumer dans les yeux de Mikasa qui approuva d'un petit hochement de tête. Alors que Livaï lui tendait la tasse, elle commença à la saisir par le haut puis resta figée ainsi. Elle croisa alors son regard interloqué et prit la parole avec un air malicieux :

"C'est bien comme ça que vous la tenez ?"

A son tour, il hocha la tête. Mikasa essaya alors de boire le thé en tenant la tasse par le haut comme Livaï mais elle ne trouvait pas ça pratique alors elle finit par la reprendre par l'anse en éclatant de rire.

"Je ne sais pas comment vous faites ! Vous trouvez que ça a meilleur goût comme ça ?"

Il ne répondit pas tout de suite, encore fasciné par l'expression radieuse de Mikasa. Elle était belle. Il n'y avait jamais songé auparavant mais c'était maintenant une évidence pour lui. Elle avait remarqué qu'il la fixait et soutenait son regard en attendant sa réponse. Il se ressaisit alors et répondit :

"Je ne crois pas non. C'est juste une manie que j'ai prise depuis qu'une tasse s'est cassée entre mes mains alors que je la tenais par l'anse."

Alors qu'il se sentait ridicule d'avoir raconté ça, Livaï ajouta :

"Personne d'autre n'a besoin de savoir ça je pense."

Mikasa réagit avec un sourire et un regard interloqué :

"Bien sûr, mais ce n'est certainement pas la plus sensible des révélations que j'ai pu entendre ces derniers jours."

Face à son air redevenu sérieux, elle s'empressa d'ajouter d'un air presque grave :

"Loin de moi l'idée de partager ces informations. Je vous respecte trop pour ça."

"Soka (je vois)", répondit Livaï un peu brusquement.

C'était clairement une belle avancée pour Livaï si elle le respectait, mais en même temps c'était normal pour un soldat envers son supérieur. Il espérait, il voulait davantage. Le problème était justement qu'il était son supérieur. Il devrait donc se contenter de ça.

Ils restèrent ainsi une bonne heure à discuter puis, sereins de s'être confiés l'un à l'autre, ils retournèrent chacun dans leur chambre se reposer un peu. 

Cours particuliers - Livaï & MikasaDonde viven las historias. Descúbrelo ahora