Chapitre 30
****Radia****
Dans le taxi pour aller chez mon oncle, je pense au fait que si je ne m'étais pas autant investi dans ce mariage, peut-être que c'est ma voiture que je conduirais aujourd'hui et que je ne serais pas que la simple cliente d'un chauffeur de taxi.
Mon fils est concentré sur la route, comme d'habitude quand il n'est pas endormi.
Quand je le regarde mon cœur se serre. La décision que je viens de prendre l'affectera forcément. Si je quitte Abdoul Aziz, je lui priverai d'une enfance avec des parents qui seront ensemble.
Je repense à tout ça. Non, ce n'est pas dument réfléchi. Si je pensais qu'il était possible qu'Abdoul aille jusqu'au mariage, je ne pensais qu'il allait le faire aussi vite. Mais surtout qu'il allait le faire sans rien me dire.
Comment a-t-il pu épouser cette fille derrière mon dos ?
Qui fait ça ?
Et tata, comment a-t-elle pu donner sa fille en mariage à mon mari ?
Mon mari !
D'accord, la polygamie n'est facile pour personne, sinon je ne serais pas actuellement dans un taxi. Oui ma mère a eu des problèmes avec ma tante mais je ne pensais qu'elle aurait dû me faire ça.
Je voulais y croire, dur comme fer qu'Azizatou n'était plus une menace dès qu'on a su que nos mères étaient coépouses. Je vois que je me suis trompée lourdement.
J'arrive chez mon oncle avec mon fils et ma valise. C'est le petit frère de mon père. J'habitais chez lui quand je suivais mes cours de banque finance avant mon mariage avec Abdoul Aziz. En quelques sortes, c'est lui qui a donné ma main à Abdoul.
Je sais qu'il va falloir que je lui donne une explication. Je ne sais s'il comprendra ma réaction, j'espère juste qu'il le respectera.
Je travaille et j'ai un bon salaire, de quoi prendre un logement sans sentir les charges. Je veux seulement un point de chute pour une semaine ou 2. Je ne compte pas devenir une charge pour lui surtout que je ne suis plus seule.
Comme toujours la porte est ouverte. J'entends beaucoup de voix au salon, je présume que comme chaque samedi soir ils profitent de la télévision.
Je prends une profonde respiration avant de dire :
-Assalamou aleykoum.
Ils me répondent en cœur mais en me regardant comme si j'étais un fantôme.
-Radia, dit mon oncle avec cet air choqué.
Il sait que me voir avec mon fils et ma valise ne peut pas être un bon signe.
-Bonsoir tonton.
-Assieds-toi.
Je laisse la valise devant la porte et je m'assois je mets mon fils sur mes genoux.
-Goudé ga dé (Il se fait tard).
Il est 21H passé quand j'arrivais.
-Je ne pouvais pas passer la nuit dans cette maison.
-Tu veux qu'on s'isole pour en discuter ?
-Non, ce n'est pas la peine. Il n'y a rien que tout le monde ne saura pas d'ici quelques temps.
-Qu'est-ce qui s'est passé ? Tu veux que j'appelle Aziz ?
-Non, non.
-Qu'est-ce qui s'est passé ? Daga fay (tu as quitté la maison) ou c'est juste pour quelques jours ?
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Ce que la morale interdit (T1 et T2)
Romance"La morale est comme les régimes : elle interdit tout ce qui est bon." FERNAND VANDÉREM