𝗟𝗘𝗦 𝗔̂𝗠𝗘𝗦 𝗦𝗢𝗟𝗜𝗧𝗔𝗜𝗥𝗘𝗦, 𝗵𝘆𝘂𝗻𝗹𝗶𝘅

trois fois rien

— J'suis une merde.

Felix était assis sur le comptoir de la cuisine, se plaignant depuis quelques longues minutes. Après la séance de travail, il s'était incrusté chez Seungmin, un de ses amis proches, pour passer la soirée à discuter en regardant des dessins animés débiles tout en fumant des joints qu'il ne savait toujours pas bien rouler. Il fallait bien se détendre de temps à autres. Puis, Seungmin était un grand fumeur, alors autant profiter de ses réserves.

    — Mais nooooon, le rassura son ami.

    — Bro, j'crois que t'as pas compris ? Le gars m'évite, il veut pas me voir ! Je sais même pas ce que j'ai fait pour qu'il me déteste.

— Il te déteste pas, il est juste timide.

— Il a passé toute la séance avec Daehwi après m'avoir fui. Je pleure.

— T'es jaloux ?

— Jaloux ? Jaloux ? Mais bien sûr que je suis jaloux !

Seungmin ricana en rangeant dans le réfrigérateur les restes de légumes. Il était très bon cuisinier, et son petit bonheur était les recettes extravagantes qu'il concoctait pour ses amis. Felix en était le premier heureux, toujours friand de pouvoir goûter à ces merveilles. Et c'est d'ailleurs pour cela que l'appartement du chef était un peu comme son second chez lui.

    — Imagine il est hétéro ?

    — Poto arrête de psychoter et va le choper pour vérifier.

Et pendant que son hôte préparait une recette mexicaine à base de bœuf, Felix se plaignait sur son sort. Il était persuadé que Hyunjin le détestait, pour l'avoir ignoré et en quelque sorte méprisé pour ensuite s'amuser avec un total inconnu. Il avait pensé que celui-ci était timide, mais il avait dû se tromper.

    — Attends mais, tu le connais depuis combien de temps ?

    — Mmh, officiellement depuis deux ans, on a les mêmes cours.

    — Et donc officieusement ? devina Seungmin.

Felix se sentit un peu honteux d'un coup. Il est vrai qu'en deux ans, il n'avait même pas réalisé que Juyeon était l'un de ses amis proches, à croire que jusqu'à ce qu'il vienne acheter des chips, Hyunjin était transparent à ses yeux.

    — C'est pas important ça.

Il évita le regard confus de son ami en se dirigeant vers le placard en hauteur, pour en sortir deux grandes assiettes creusées.

    — Mec j'essaie de t'aider mais parfois t'es un désespoir.

    — Heureusement que ta bouffe est bonne sinon je serais parti, s'offusquât Felix.

    — Eh, c'est toi qui vide mon frigo arrête de te plaindre, ria son ami tout en surveillant la cuisson de sa viande.

Il est vrai que Felix avait du mal à se nourrir tout seul. Il était encore un peu enfant, et le petit studio dans lequel il vivait l'oppressait. Il était maintenant loin de ses parents, retournés vivre dans leur pays natal qu'était l'Australie, et sans eux il se sentait complètement perdu. Il avait l'habitude d'être choyé et bordé, accroché au bras de sa mère. Mais là, il devait se débrouiller seul, et c'était étonnamment déplaisant.