Acidité de la justesse

48 5 0
                                    

Un vieil homme mendiait dans les jardins royaux, cela fit un fort effet dans la cour royale. La mendicité se montrait interdite dans l'enceinte du palais, la misère bannie des hautes sphères. Qui osait aller à l'encontre des lois ava-noliennes ?

Portant une besace élimée, aussi fripée que sa peau brunie par le soleil, aux crevasses semblables aux mers de sels, assis les jambes croisées, sa coupole attendant des oboles. La noblesse drapée de ses habits colorés ainsi que de superbe ne déposa rien, l'ignorant tel un nuisible, un lui posa des question sur sa venue comme sa personne.

« Vous accueillez bien un albinos estropié en tant qu'apprenti jardinier, pourquoi pas un autre mendiant ? À ce propos, sauriez-vous assez aimable pour m'indiquer où il réside ? C'est une vieille connaissance, à mon âge, je risque à tout instant de ne jamais me réveiller d'un sommeil profond, j'aimerais le revoir une dernière fois, bien éveillé.. » lui adressa t-il.

Le noble lui répondit l'ignorer, se sentant mal à l'aise de la façon dont le vieillard l'observait un œil vif y lisant une avidité malsaine. L'enveloppe charnelle ressemblait à une chrysalide séchée prête à se craqueler, entendant cette peau humaine de façade, effrayante créature aux dents acérées croquant dans la chair des âmes en y aspirant l'essence.

Le recherché jeune homme sans mains lisait des ouvrages savants, à mille lieues de se savoir requis par quiconque. Se renseignant sur l'Ordre et ses membres, la démonologie, plus il en apprenait plus il percevait son ignorance, sa curiosité grandissante ne s'étanchait guère à la lecture de ses livres poussiéreux. Le pactisant avec Rudra s'assit un petit bréviaire à la main, effectuant un signe amical de la main à l'albinos, celui-ci feignit ne point l'avoir remarqué, les yeux sanglants bas,concentrés sur l'encre fine sur le parchemin ancien.

Seulement, ignorer le sorcier suprême ne se montrait pas tâche aisée, son regard scrutateur apte à conduire son interlocuteur au malaise. Accoutumé à la tactique, le jeune mage fit montre d'un flegmatisme à toute épreuve. Surtur passa donc à l'offensive.

- Vous et moi, annonça t-il avec une lenteur calculée, sommes si semblables, un miroir déformant de l'autre. Ce que vous pourriez devenir vous adresse la parole, je sens l'horreur suscitée d'une telle déclaration. Vous vous prenez pour un héros de tragédie, tandis que moi, ne suis-je pas le monstre à abattre dans votre esprit ? Un vil conseiller aux venimeuses actions, à la langue empoisonnée, le mauvais drôle exhibé sur scène où tous les honnêtes gens se congratulent de ne pas appartenir à sa race en traitant de moralité.

- Vous ne possédez aucuns idéaux, rien ne vous importune plus que mes principes comme mes résistances devant vos manipulations. Qu'avons-nous de commun ?

- L'opportunisme, par ce biais nous nous sommes hissés dans ce royaume nous étant étranger, obtenus une nouvelle identité, un autre rang, d'autres titres. Survivant à la trahison, les menaces, le temps, les mutilations, les disgrâces, la calomnie et toutes les tempêtes agitant notre siècle. Capables tous deux de débuter sur de nouvelles terres, même celles encore vives brûlées au goût de cendre, de s'adapter aux nouveautés multiples les traitant telles de vieilles amies.

- Vous n'avez pas tort sur un point, nous sommes étrangers, quant au reste je ne suis pas pétri d'ambition ni opportuniste contrairement à vous.

La parole lâchée dans la splendide bibliothèque royale sembla transpercer le lisse marbre noir veiné de diverses couleurs, s'étouffer contre le cuir parfois ornementé de précieuses pierres sur les étagères d'ivoire et d'argent. Le jeune mage goûtait guère à ces analogies, ce ton familier, il ignorait s'il désapprouvait davantage ce rapprochement ou la manière avec laquelle le sorcier avait percé son esprit en sachant le peu de considération,l'inimitié dont il jouissait. Au lieu de s'incommoder du refus ou de l'absence de politesse du jeune interlocuteur, un rictus s'esquissa relevant la maigre joue gauche de Surtur.

Vous avez atteint le dernier des chapitres publiés.

⏰ Dernière mise à jour : May 19, 2021 ⏰

Ajoutez cette histoire à votre Bibliothèque pour être informé des nouveaux chapitres !

Le jeune homme sans mainsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant