Un éveil amoureux

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La bibliothèque royale était un oasis dans un désert de tourments sans fin, Nestor, le jardinier -ainsi que son maître- lui laissait davantage de temps pour s'y rendre. L'homme entre deux âges, strict, possédait assez d'éléments pour le lui accorder et que cela ne paraisse, ni comme charité ou privilège vis-à-vis de ses autres apprentis. Une protection princière, cela causait déjà assez de mal, bien malgré Isidore. 

Un jeune homme, estropié et étranger, en tant que tel ne pouvait posséder que de la difficulté à s'immiscer dans une société. De plus, fallait-il encore qu'il soit mage et récemment un contracteur de pacte avec des élémentaires d'eau ! Pour ce dernier point, même si les garçons en sa présence n'y connaissaient rien, face à son habitude à murmurer tant aux entités, que pour psalmodier ses préceptes. Toutes sortes de rumeurs découlaient.

Sa condition d'albinos était le clou du spectacle du bizarre, une preuve physique, avec son absence de mains, de sa dangerosité et son caractère nuisible.

Le jeune homme sans mains préférait cette crainte. D'être jugé tel un porteur et vecteur de maladie, plutôt que ses regards de curiosité, voire de pitié. Une ignorance froide lui plaisait grandement, dans un lieu de savoirs, il l'avait. Les nobles avaient leur propre bibliothèque, le roi et la reine de même, la bibliothèque royale symbole de prestance, de grandeur se montrait souvent déserte.

Un mage chérit la connaissance, plus que la vie elle-même. Ce précepte ne s'opposait en rien à sa nature, au contraire et ainsi il prit le risque des importunes.

La baronne ne fréquentait guère les lieux, ni n'aurait eu l'idée de l'y rejoindre. Dans l'enceinte du palais, elle courrait le risque d'aller à l'encontre d'une juridiction princière, qu'importe sa place financière importante, le moindre acte de travers pouvait être usé contre elle. Ceux et celles désapprouvant son rang social ou sa personne pouvait se servir de cela, afin de mener à bien une bataille de symboles contre la finance. Elle s'était attirée les foudres de sorciers, il fallait la jouer fine, car pour Surtur, elle était une excellente conductrice d'électricité.

L'Ordre contre la famille royale, le prétendu symbole contre la politique, cela plairait énormément au sorcier suprême.

L'institution des sorciers: l'Ordre, désapprouvait la manière dont ses membres étaient traités ou plutôt de l'emploi de la sorcellerie dans son ensemble. Il désirait avoir la main mise, une personne osant user de leur pouvoir, en toute impunité, car profitant de la protection royale, ça ne plaisait pas. Car pour eux l'ordre des choses, elle devait leur échoir.

Oz possédait un de ses représentants devant lui, s'être remis à fréquenter la bibliothèque royale le conduisait obligatoirement à s'exposer à cet homme. Ses horaires erratiques et sa présence sporadique en ces lieux auraient dû lui permettre de l'éviter. Tout comme le changement d'étages et de places prises.

Même quand le sorcier ne l'importunait pas, il sentait sa présence au travers d'ouvrages laissés pour lui, celle-ci s'illustrait par les symboles du sorcier gravés sur une petite plaque de bois et son initiale en la lettre "S". Aucune nécessité d'écrire une lettre pour l'homme, le mage savait ce que cela impliquait, ça l'enrageait davantage, car il avait besoin de ce savoir.

Assis l'araignée, les mains croisées attendait patiemment, depuis plus de trente minutes une parole. Ce jeu l'amusait, quelques minutes de silence et dépenser de son précieux temps lui permettait non seulement d'analyser une personne, mais encore de réfléchir à ses prochaines manœuvres.

En dépit de sa formation de mage, Oz leva les yeux vers le sorcier le regardant assidûment, car c'était humain. Il se contenait déjà assez, pour ne pas laisser apparaître la moindre gêne ou colère.

Le jeune homme sans mainsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant