Maux d'esprit.

220 23 9
                                    

Le chaton miaula dans le lit trop grand pour le frêle corps du seul prince en titre, il faillit en tomber à la renverse, des domestiques accoururent perturbés du lever si tôt. Quand une domestique voyant l'animal alla promettre d'effectuer le nécessaire en l'attrapant par la peau du cou pour ne plus qu'il nuise en le relâchant hors des portes du palais, Isidore bondit de son lit pour prendre le félin des bras de la femme.

« Il est sous ma protection !»

La pauvre domestique s'inclina, souhaitant réussir à s'incliner plus bas que terre en déclarant qu'il en sera fait selon la volonté de son altesse, elle craignait moins pour sa place que pour sa famille. Parfois il suffisait d'une parole de la famille royale pour se retrouver en enfer. Le jeune maître avait un caractère plus facile mais ses excentricités avaient coûté; car la reine prenait le bon soin avec un malin plaisir que pleuve la disgrâce sur les filles au moindre saute d'humeur et son humeur devenait massacrante, surtout quand il était question de son fils.

Ce jour-ci, il passa la journée sans voir Oz, après toute la maladresse dont il avait fait preuve il craignait de le revoir tout comme celles qui suivirent.

Le jeune homme sans mains, auparavant ne s'inquiétait pas de ne point revoir le prince durant une semaine ou plus mais la manière dont ils s'étaient quittés le fit penser au pire. Le jardinier ne se gêna pas pour lui offrir sa vision des faits et lui remémorer que:

« Un prince ne fournit des excuses qu'en cas de révoltes pour calmer la foule non en temps de paix, il serait bon que tu retiennes mieux les règles du royaume te tolérant. »

L'albinos se laissa cinq jours avant d'enfreindre les règles et savoir lui-même de quoi il en retournait, puisque personne ne souhaitait l'informer. Gaëlle peu loquace lui confia que ce n'était pas la première ni la dernière fois que l'héritier s'isolait. Mais il se refusait à se ranger derrière ces paroles et ne parvenait à poursuivre son travail sans une pensée pour le garçon excentrique occupant plus souvent son esprit qu'aucun autre avec le temps. Il enrageait de rester dans les jardins à écouter bien malgré lui les cancannages incessants de la cour sur le futur époux -un intriguant séduisant- de l'aînée la princesse Alona ou les déboires de la plus jeune princesse. Personne ne se troublait pour le prince, il ne sut pourquoi mais son cœur n'endurait pas ce traitement.

Il sentait la solitude tomber sur lui, telle une chape d'encre noire. Elle était plus palpable durant ses soirées ironiquement éclairées comme si l'aube avait pointé son nez car à Ava-Nolon aucune ténèbre visible ne devait s'abattre.

Oz se répétait son plan pour obtenir le fin mot de l'histoire, il avait une connaissance du terrain et une fois dans le palais il se repérerait selon les dires écoutées, faute de n'avoir pu y entrer. Il ignorait ce qui le terrifiait le plus qu'Isidore soit en danger ou qu'il se soit lassé de lui et ne veuille plus de sa compagnie.

Cependant il n'eût pas à s'infiltrer parce qu'un jour avant qu'il ne mette son plan à exécution le prince reparut devant lui.

Il dut se contenir pour ne pas sauter dans ses bras tant le revoir lui provoqua une vive joie.

-J'espère que tu ne me tiens plus rancune, annonça t'il directement la chaton dans les jambes car le suivant désormais partout.

-Mon prince ! s'indigna le jardinier pour ce comportement si peu conventionnel.

-Je le confesse j'ai mes torts et je me suis bien inquiété à votre sujet car personne n'a pu me dire où vous étiez, si vos obligations vous tenez occupé ou si un malheur vous étiez survenu.

-Nestor ne veut pas que cela se sache, car noblesse ne doit rimer avec faiblesse mais je vais te le dire.

-Votre altesse, ne soyez pas aussi puéril et songez à vos intérêts, s'écria le dénommé Nestor.

Le jeune homme sans mainsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant