Il était une fois, dans un royaume lointain un pauvre meunier vivant dans la misère avec sa femme et son fils âgé de treize ans qu'il chérissait. Un jour, alors qu'il était parti couper du bois un vieillard lui apparut et lui posa la question suivante:« Que voulez-vous le plus au monde ? »
Le pauvre homme était affamé, de même pour sa famille, depuis longtemps il ne songeait plus à ses désirs. En conséquence, il culpabilisait de sa condition, ainsi que de n'avoir pu permettre à son fils d'étudier, d'obtenir un avenir radieux, ni d'avoir su offrir à son épouse le confort qu'elle méritait. Perdu dans ses pensées amères emplies de regrets, il dit au vieillard sans trop y songer : « Je ne suis pas en mesure de vouloir quoique ce soit, le ciel me garde en vie moi et ma famille..Mais sous quels auspices ! »
Il se moquait bien au fond de ce vieux sûrement crève la faim, s'essayant à la philosophie, mais il avait une oreille amie dans son malheur dû moins le croyait-il, ainsi il ne se méfia pas.
Sa tête lui tournait, il s'assit à même le sol, il avait laissé sa part tant de fois à sa famille, qu'il ne savait plus quand il avait mangé à table pour la dernière fois. Son souffle était court, il était fiévreux, or il se devait de couper du bois pour le vendre afin d'en tirer quelques sous. Il n'était ni en état, ni bûcheron. La sécheresse avait gagné ses terres et cela faisait des jours qu'il n'avait vu son moulin tourner. Il désespérait, sans le désirer, une larme coula sur sa joue gauche.
Et le vieillard s'assit à côté de lui, sans un bruit, avec un sourire, il prit sa besace élimée de toute part au cuir fragile. L'homme l'observa faire et faillit en rire, car n'y avait-il rien de plus pitoyable que d'être pris en pitié par plus esseulé et plus pauvre que soi ?
Mais ce ne fut pas un quignon de pain rassi ou une pomme gâtée que l'individu sortit de son sac. C'était un diamant étincelant de la taille d'une orange, elle éclaira de sa pureté la forêt toute entière et l'homme ne retint un cri de stupeur de sa gorge.
- Si tu veux la richesse, il te suffit de la demander, déclara laconique le vieil homme.
- Mais comment le pourrais-je ?Je ne suis qu'un pauvre meunier !
- Si tu veux la richesse, il te suffit de la demander, répéta-t-il, je puis aisément te la donner.
- Mais je n'ai rien n'équivalent la valeur de cette pierre chez moi !
- Si tu veux la richesse, il te suffit de la demander, je puis assurément te la donner en échange de ce qui se trouve derrière ta maison.
- Mon pommier ? Mais de cet arbre fruitier nous tirons qu'une mince récolte et à peine de quoi faire de la liqueur !
- Acceptes-tu de me donner ce qui se trouve derrière ta maison en l'échange de la richesse ?
Et l'homme tenté par l'éclat envoûtant de la pierre, les promesses d'un avenir meilleur, acquiesça, la faim se montre bien mauvaise conseillère.
« Très bien, annonça le vieil homme, durant trois ans je ferais pleuvoir sur toi et ta famille des richesses à n'en plus soif, trois fois pendant ce temps, je te réclamerais mon dû si aucune raison valable ne m'en éloigne alors l'or se changera en sang, les diamants en os et les pierres en terre.»
Sitôt le pacte passée, la sécheresse frappant leur vallée disparut et de l'or se mit à couler dans la rivière. La femme du meunier lavant le linge, fut frappée d'étonnement lorsque ses mains se colorèrent d'or. Elle sut que ce n'était là l'œuvre d'un humain, elle appela son fils l'enjoignant à la rejoindre, celui-ci jouait avec son chaton près du pommier, trompant la faim par le jeu.
Face à l'or coulant dans la rivière, l'enfant s'écria que ce fut un miracle pour leur famille, tant il était heureux, sa mère ne préféra pas lui avouer sa peur et il courut chercher dans la forêt son père. En dépit des enseignements qu'elle lui prodiguait, il parlait avec l'innocence de son âge, une candeur effrayante pour la matrone.
La mère, après lui avoir demandé de ne point s'attarder dans les bois le contempla partir au loin, son unique enfant, si délicat. Pour ensuite regarder l'or s'écouler et sans s'en empêcher dire : « Cet or a l'odeur de sang, je crains que rien de bon n'en sera tiré. »
Quant au fils, il se précipitait dans la forêt en dépit de la fatigue, de son ventre gargouillant, tant d'or allait les nourrir tous, il savourait déjà en imagination les fumets des repas, tous plus alléchants les uns que les autres.
Les bois chaleureux en cette fin d'après-midi, composés d'arbres odorants immergeaient dans une torpeur apaisante. Un vent salutaire commençait à revenir, il vit son père descendre de la colline à contre jour. Durant un instant il crut voir une ombre immense se tenir à ses côtés. Cela devait être quelque esprit sylvestre songeait-il et il ne se troubla pas, courant vers son père pour lui annoncer la bonne nouvelle.
- Père, père s'écria le cœur en liesse le jeune fils, l'eau se change en or !
- Je le sais mon enfant, ria joyeux l'homme, j'ai passé un pacte avec un vieil extravagant désirant notre pommier !
- Notre pommier ?! Mais qu'a t-il de si singulier pour le désirer ?
- Oh ça je l'ignore ! Peu importe ! Mon fils nous sommes riches ! Nous n'aurons plus à mendier, nous ne connaîtrons plus la faim et tu feras de grandes études !
Et l'enfant était heureux, tant de voir son père rayonnant de joie qu'à la perspective de pouvoir apprendre et manger à sa faim.
À la vérité, depuis peu, il était effrayé du sort réservé au chaton qu'il avait recueilli, il le cachait souvent par peur que son père ne le tue pour en manger la chair.
Oscar -car c'est ainsi qu'il se nommait- se montrait être un enfant très éveillé, particulièrement sensible aux pensées profondes animant les personnes et sa mère lui avait toujours appris à le cacher. Cette dernière lui avait appris en même temps que l'éducation, les bonnes manières et un peu de magie à l'insu de son mari. Il avait gardé le secret depuis sa tendre enfance sachant dans quelle rage son père se mettrait s'il avait su que son héritier maîtrisait des « sornettes » de bonnes femmes. Les sorts et les chants seuls trouvant grâce aux yeux de tous. Ainsi, il ne posa davantage de questions à son père, ni ne lui demanda la cause de cette écorchure à l'index, après tout le meunier n'était pas bucheron.
Le père et le fils rentrèrent heureux, sur le chemin du sang coulait et l'ombre rieuse au loin les observait.
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Le jeune homme sans mains
General FictionIl y avait une fois, un jeune homme sans mains, fils de meunier et un prince rêvant de machines volantes, pour élever les Hommes et non brûler le ciel. Tout semble les opposer, mais le destin les lie. Or une créature malfaisante l'est aussi au jeune...