Apollon & Hyacinthe 3

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Lorsque Hyacinthe arriva à Troie, il ne s'attendait pas à voir l'immense cité entourée de remparts en construction.

Et plus étrange encore, aucune échelle n'était accolée à leurs pierres, aucun ouvrier n'était assigné à la tâche. Bien qu'intrigué, il ne put s'arrêter pour mieux y réfléchir, car obligé de mener le cortège qui le suivait.

Deux gardes l'entouraient, et derrière lui, quatre hommes portaient un brancard de paille entrelacée sur lequel reposait un lourd coffre. Puis encore des gardes, et le prince ne savait pourquoi, l'on avait rajouté deux femmes bien vêtues, de bijoux et d'un chiton rose pâle, peut-être seulement pour enjoliver le petit cortège.

Une longue queue s'aglutinait à la lourde porte de la cité déjà construite. Elle était composée de petits et grands marchands venant vendre leurs produits, et de femmes des villages voisins venant les acheter. En voyant cela, Hyacinthe se dit que tout serait plus simple si ce beau monde s'installait sur la plaine devançant la cité au lieu de chercher à pénétrer dans ses places fermées et déjà remplies.

- Que devons-nous faire, mon prince? Lui demanda l'un des gardes alors que le cortège s'était arrêté, sans qu'il ne s'en rende compte.

- Pardon? Fit-il, tiré de ses pensées.

- Devons-nous interpeller les gardes de la porte? Ou dépasser ce monde directement?

- Interpellons les gardes. Ils nous feront entrer et emmener au palais du Roi eux-mêmes.

- Bien.

Hyacinthe observa le même garde le quitter et longer la foule jusqu'à la porte, et discuter avec deux gardes troyens. Puis il les vit revenir vers eux.

- Vous venez de Sparte, c'est cela? Avança l'un des gardes troyens, une fois à sa hauteur.

- Je suis le prince Hyacinthe de Sparte. J'apporte un présent de la part du Roi de Sparte pour le cinquième anniversaire du prince Priam.

Le présent en question fut inspecté, assez rapidement. Ils ne regardèrent même pas le contenu du coffre, ni ne requirent à ses gardes d'abandonner leur seule arme, un petit poignard à leur ceinture. Hyacinthe ne sut si ces troyens étaient inexperimentés, ou qu'au contraire ils l'étaient trop - en leur accordant leur confiance pour ne pas causer de faute diplomatique.

- Ça semble correct. Nous allons vous mener au palais. Suivez-nous.

Satisfait, le prince reprit sa marche, et dépassa la foule. Lorsqu'ils entrèrent dans la cité, ils ne traversèrent pas la rue principale mais de petites rues étroites.

Lorsqu'ils furent devant le palais, le garde qui les menaient s'arrêta, juste le temps de prévenir l'un des siens. Lorsqu'il revint, il était accompagné d'un homme assez âgé, à la barbe grise bouclée, vêtu d'une toge verte aux bordures dorées. Il devait être aisé et avoir une bonne place.

- J'ai entendu que vous veniez de Sparte. Suivez-moi, je vais vous conduire à mon roi, leur dit-il d'un sourire qui fit pourtant peu sérieux.

Heureusement - surtout pour les porteurs du coffre - il n'y avait pas d'escalier pour accéder au palais. Il n'en demeurait pas moins spectaculaire.

Hyacinthe suivit l'homme, qui avait étrangement l'air enthousiaste, et qui s'adressa à lui.

- Vous n'êtes pas les premiers à venir. Mais il est vrai que peu de cités ont pris la peine de venir participer aux célébrations données en l'honneur du prince Priam. Il faut dire qu'elles préfèrent venir à celles données en l'honneur du roi ou de la reine, où le vin et la viande coulent à flot, car pour l'anniversaire du prince, le roi ne met en place que des banquets de friandises.

Les émois d'AphroditeWhere stories live. Discover now