Auguste & Agrippa

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- Pssst! Agrippa!!

Auguste se tint du mieux possible au rebord de la fenêtre, et serra les dents en voyant que son ami d'enfance était toujours endormi dans son lit malgré ses appels discrets. Heureusement, sa chambre était au rez-de-chaussée, mais il fallait se hausser sur un rebord pour en atteindre la fenêtre, et il sentait que ses bras peu musclés allaient lâcher d'un instant à l'autre.

Dans un élan d'agacement, il mit sa main dans sa poche, en sortit une pièce d'argent et la lui balança sur le front avec toute la force puisée dans son impatience.

Celui eu l'effet espéré, car dans un son qui mélangea ronflement et grognement, Agrippa ouvrit ses yeux en les plissant. Il observa autour, se demandant s'il avait rêvé cette douleur.

- Agrippa, imbécile!! Viens m'aider!!

Ses yeux s'ouvrirent en grand en se posant sur la fenêtre. Vraiment, il devait être en train de rêver.

Il sortit de son lit, d'abord hésitant, et s'approcha de sa fenêtre d'un air endormi et incrédule.

- Octave, c'est toi? Tu sais que j'ai une porte, n'est-ce pas?

- Pour que tes sots d'esclaves aillent rapporter ma venue à toute la ville? Aide-moi au lieu de dire des sottises!

Sans plus réfléchir, il le souleva de ses deux bras, le faisant rentrer dans sa chambre sans mal.

Une fois qu'il fut devant lui, Auguste retira sa capuche, et lui dit sans lui laisser le temps de poser de question :

- Tu aurais pu te réveiller plus tôt. J'ai déjà marché depuis le palais pour me rendre chez toi, et tu as l'audace de me faire attendre!

Agrippa le regarda encore une fois avec surprise.

- Tu veux dire que tu as traversé tout Rome de nuit, seul, pour venir ici?!

- Je rentre souvent à Rome la nuit pour éviter la foule. J'ai l'habitude.

- Je vois, oui, mais... que voulais-tu? Cela ne pouvait-il pas attendre demain?

Il secoua seulement la tête. Et lorsqu'un grondement de tonnerre se fit entendre, il frémit et ses poings se serrèrent.

Agrippa voulu faire une remarque, mais le regard noir de son ami le fit se résigner.

- Que voulais-tu, donc? Répéta-t-il, pas vraiment las mais surtout envieux de retourner se coucher.

- J'avais seulement besoin de compagnie.

- Et tu es venu jusqu'ici pour cela? Et ton épouse, tes esclaves?

- De ta compagnie, rectifia-t-il avec le même ton sec.

- Dans ce cas je devais te manquer, pour que tu entreprennes de sortir avec cet orage. Il ne pleut pas, la nuit est chaude même, mais sachant que tu-

- Tais-toi ! Le tonnerre est la colère des dieux. Si Jupiter abat ses éclairs sur le ciel, c'est qu'il doit être mécontent de mes actes.

- Enfin, Octave, tu es triomphant, tu as apporté la paix sur notre monde, de quoi Jupiter peut-il t'en vouloir?

- Je n'en sais rien! Peut-être est-il seulement déçu de la façon dont j'ai rédigé mon dernier discours au Sénat. C'est de ta faute, ton texte n'était pas assez subtil !

- Désolé... je ferai mieux, la prochaine fois.

- Tu m'as agacé. De plus je suis fatigué. Laisse-moi ton lit.

- Mais... où vais-je dormir?

- Tu as bien d'autres lits dans ta demeure! Tu-

Un autre éclat de tonnerre le fit sursauter, et il devint blanc. Sans même terminer sa phrase, il s'empressa de monter sur le lit et de se réfugier sous les couvertures.

Les émois d'AphroditeWhere stories live. Discover now