𝑷𝑹𝑶𝑳𝑶𝑮𝑼𝑬

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         Dans la nuit du 3 septembre, à YorkShin, le ciel était dégagé, la lune était de levée. Les rayons opalescents transpercèrent les ténèbres à travers les vitres sales d'un bâtiment. C'était jadis un lieu religieux, reconnaissable de part ses vitraux à l'effigie de Dieu, dans un style on ne peut plus baroque. Aujourd'hui, il est abandonné aux rodeurs à huit pattes, donnant à ce lieu des hauts les cœurs aux premiers venus. Pourtant, bien que ce lieu semblait être sur le point de s'écrouler, demeurait encore une pièce épargnée par les ravages du temps, une pièce tout à fait banale: quatre murs, une fenêtre, des meubles, si l'on considère ceux rongés par les mites et autres nuisibles. Les quelques meubles plutôt récents et neufs entreposés dénotaient le passage récent d'un humain. Si l'on y prêtait bien l'oreille, on pouvait discerner, dans ce silence des agneaux, des pleurs étouffés. Une femme, aux cheveux aussi noirs que la nuit, sanglotait dans l'ombre, comme pour se cacher du regard de l'astre argenté. Ses yeux myosotis portaient le lourd fardeau des perles d'eau, salées par le remord et la culpabilité. D'une poignée ferme, elle agrippa les quelques mèches ornant son visage, crispé par une grande douleur.

"Pourquoi..." souffla-t-elle.

Quelques instants s'écoulèrent, sans que rien ne se produisit, comme si ce simple mot avait suffit à figer le temps. Prenant une profonde inspiration, quelque peu troublée par ses tremblements, elle reprit avec difficulté son monologue inachevé.

"Tout au long de ma vie... J'ai connu la souffrance, et j'ai su l'apprivoiser. Et pourtant... Pourtant ! Pourquoi mon cœur cause-t-il tant de malheur, et court à la perte de ceux qui m'entourent ?"

À ces mots, une avalanche de larmes se déversèrent sur ses joues rosées. Des images d'horreurs refirent surfaces, et se jouèrent en boucle dans son esprit, comme tourmenté par les Euménides. Relevant les yeux vers un coin de la pièce plongée dans la pénombre, elle semblait fixer quelque chose, ou du moins quelqu'un. Colère et tristesse se confondaient sur son visage, alors qu'elle reprit, cette fois à l'intention de cet individu dans la pénombre.

"Pourquoi ai-je tué tous ces innocents... Chrollo ?"

The Spider can cry too [FR]Where stories live. Discover now