𝑰𝑽- ❝𝑻𝑯𝑬 𝑫𝑬𝑽𝑰𝑳 𝑰𝑺 𝑰𝑵 𝑻𝑯𝑬 𝑫𝑬𝑻𝑨𝑰𝑳❞

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En ce mois d'avril, il n'était pas rare de voir la météo changer d'humeur. Heureusement, son fidèle parapluie suivait Elizabeth dans ses moindres périples. Si elle le voulait, il lui suffirait de se créer un manteau d'aura imperméable pour la garder au sec. Cependant Giuseppe, lui, lui déconseillait fortement de montrer ses pouvoirs. Même si le simple commun des mortels ne pouvait ressentir le Nen, voir les gouttelettes déviées sur son passage, ils trouverait ça hallucinant, et bonjour les ennuis ! Et puis, voyons le bon côté des choses, le son du clapotis grondant sur le tissu imperméable, créait une vague de frémissement tout à fait relaxant ! Elle n'aurait pu se passer d'un tel sentiment, même si en contre partie, celui l'a dispensait de la sensation chaude du Nen qui envahissait son corps tout entier, et le plongeait dans une transe qui l'isolait des tracas du monde, comme si elle n'était plus de ce monde, du moins pas tout à fait. Ainsi, elle avait le pouvoir d'observer de sa hauteur les joies et les peines du monde, tel un démiurge qui contemple sa nature sous le joug des saisons.

Cela fait désormais quelques heures, depuis que son avion s'est atterrit. Elizabeth regardait encore en arrière, espérait, espérait parfois, peut-être, que cet avion l'enlèverait pour la ramener près de ces amis. Combien de temps avaient-ils été séparés, et combien de temps encore faudra-t-il encore pour que l'histoire les réunissent enfin, encore ? Ces instants heureux passés à leur côtés, à chacun de ses pas, ne tardaient à se métamorphoser tel Gregor Samsa, en des souvenirs mélancoliques. Elle s'était décidé, avant de rentrer chez-elle, avant ne plus en sortir, avant de rester en compagnie de sa chatte, Blanche, avant de venir la chercher chez sa mère, de rendre visite à son petit refuge, le Sweet Café.

Coincé entre ses gratte-ciels, et ses panneaux publicitaires multicolores, cette douce architecture beige datant du 19ème siècle se détachait complètement du décor. On pouvait le trouver dans une de ces rues étroites aux milles embranchements. Peu connaissait même son existence. Quel endroit agréable pensait-elle. Mais n'était-il pas ironique qu'Elizabeth, qui souffrait d'une de ces vagues de spleen solitaire, ait comme premier volonté de se rendre dans un lieu qui n'était ni opportun pour la rencontre, ni pour la compagnie, si ce n'est celle des pages fourmillées et du thé fruité ? L'espoir fait vivre !

Bien que l'opéra n'est pas un art qui séduit toutes les générations, il n'était pas rare qu'elle soit photographié à son insu. Ou encore que des fans la reconnaissent, alors qu'elle, Elizabeth, était en général loin de se douter qu'on pourrait la reconnaître, en train d'acheter des croquettes. Bien entendu, les réguliers qui y venaient, ont vite compris qui elle était. Au départ, on pouvait ressentir leur gêne à des kilomètres, alors qu'ils lançaient des regards qui se voulaient discrets. Désormais, elle est plus une sympathique habituée du café, qu'une star prise en flagrant délit. Voir une célébrité dans son train train quotidien enlevait ce voile divin que tout le monde pouvait s'imaginer. Après tout, ils ne sont que de simples mortels parmi tant d'autres.

Revenons désormais à notre talentueuse chanteuse, qui savourait son thé amplement mérité. Elle s'était installé à la même place, avec le même thé, depuis sa toute première visite ici. À l'étage, là où tous les livres reposaient tranquillement dans l'attente que des mains viennent les contempler et les aimés, collée à une baie vitrée qui donnait sur la rue principale, sur une de ces tables modestes, mais élégantes, des cafés français. La fumée embaumait son visage frigorifié. Le doux parfum de thé blanc envoûtait son odorat. La boisson encore chaude picotait sa langue, mais réchauffait son cœur. Avant de goûter à sa boisson aux saveurs enrichissantes, elle avait son petit rituel, qui consistait à choisir LE livre qui dépendait même des arômes du thé, chose qui passait avant tout, même si cela lui coûtait de le trouver, comme toutes les fois j'ai envie de dire, glacé. Un roman parmi une des pile de l'étagère, elle en choisit un. Les Misérables. Son livre. Trois fois elle l'avait lu, jamais elle ne s'était lassée. À chaque relecture, les paroles énigmatique de l'écrivain faisait sens, elle avait le cœur lourd face au tragique Jean Valjean, et fulminait dès que l'increvable serpent de Thénardier réapparaissait au tournant.

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⏰ Last updated: Nov 13, 2022 ⏰

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The Spider can cry too [FR]Where stories live. Discover now