𝑰- 𝑼𝑵 𝑱𝑬𝑼 𝑫ʼ𝑶𝑴𝑩𝑹𝑬𝑺 𝑬𝑻 𝑫𝑬 𝑳𝑼𝑴𝑰𝑬𝑹𝑬𝑺

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         Alors que le crépuscule colorait le ciel de mille couleurs, les lampadaires s'allumaient tour à tour dans les rues de Londres, chassant la pénombre. La vie se réveillait, on voyait çà et là la ville fêter la vie dans les quartiers populaires, où l'on pouvait entendre une palette de langues, tant diversifiée, qu'elle rendait hommage à sa réputation de ville mondiale. En remontant les rues bondées, les musées et autres bâtiments mondains se multipliaient sur notre sillage.

Entre tous, c'était le Royal House Opera qui étincelait le plus, et ameutait, tels des papillons de nuit, les Lords et la haute aristocratie londonienne. Les 2 268 sièges occupés, un brouhaha général s'impatientait dans un engouement collectif. Alors que les lumières fermaient leurs paupières, les rideaux, eux, balayèrent doucement la scène, dévoilant dans un florilège d'étincelles, sa silhouette éblouissante. Ce fut comme si le monde avait les oreilles dressées, et les yeux rivés sur cette silhouette angélique. Un silence presque religieux flottait dans ce luxueux amphithéâtre.

Sa voix de crécelle fit trembler les murs, et vibrer toutes âmes aux alentours. Une vague de frisson s'empara du public envoûté. Il retenait son souffle. Les instruments à cordes suivirent peu après la virtuose en choeur. Les cœurs battaient à l'unisson, les âmes d'enfants se réveillaient et s'émerveillaient face à une telle beauté. Lorsque sa voix s'éteignit sur sa dernière note, la foule entière était en liesse. On applaudissait à s'en déchirer la peau des mains, mais qu'importe, ils sentirent, par une force indéchiffrable, leur cœur jadis monotone vibrer. Et ce fut ce même délire qui prit la foule durant les heures qui suivirent de chant et d'orchestre symphonique.

Alors que l'on vidait au fur et à mesure l'opéra, la plupart trop malheureux de devoir retourner dans ce train train amer, ils caressèrrent encore quelques instants ce doux rêve, comme un adieu à l'éther. Les artistes, quant à eux, partageaient ce sentiment de béatitude, et se sentaient plus que fiers de leur prodigieuse prestation. Après tout, jouer dans le Royal House Opera, c'est le rêve de tout une vie !

Et quant à notre chanteuse, quant était-il d'elle ? Eh bien, dire qu'elle s'écroulait sous les fleurs et les compliments était un euphémisme. Son sourire radieux semblait impossible à défaire. Alors qu'elle remerciait humblement les derniers partis, un costard blanc dans cette masse noire et mouvante capta son attention. Sans plus attendre, elle s'élanca à la rencontre de cet élégant homme qu'elle connaissait si bien...

"Elizabeth Von Ethel. Ça sonne bien comme figure d'affiche, tu ne crois pas ? Alors, qu'est-ce que ça fait d'être au sommet, Elizabeth ?

_Honnêtement... Je me demande si tout cela est bien réel ! J'ai une robe de conte de fées, mon rêve s'est enfin réalisé, et je suis avec mon mentor et meilleur ami. Rien ne pourrait me faire tomber de mon nuage ! Tout va dans le meilleur des mondes! Vais-je me réveiller au douzième coup de minuit ?

_Après tout l'entraînement que je t'ai fait subir, tu crois que tu rêves encore ! ria Giuseppe. Je crois que je n'aurais pas dû te sous-estimer, mais crois moi, le prochain entraînement sera loin d'être de tout repos petite !

_Mais- ?! Protesta-t-elle, une expression outrée collée au visage

_Mais en attendant, profite du moment présent, tu l'as bien mérité poulette." coupa-t-il, ébouriffant gentiment ses cheveux pailletés.

À ces mots, Elizabeth ne put contenir son amour inconditionnel en enlaçant notre grand effarouché, chose qui le surprit.

Au moment même où nous parlons, une paire d'yeux grisâtres, caché dans l'ombre, n'avait rien raté de la scène. Giuseppe par instinct releva le chef. Rien. Il n'avait pas rêvé, n'est-ce pas ? Il se contenta de regarder les élégants nobles sortirent de l'auditorium. En se retournant vers son élève, il l'a vit l'observer, intrigué par son inattention. Il se contenta de lui sourire, et de défaire ces cheveux soignés, ce à quoi Elizabeth protesta d'un cri faussement indigné. Pendant ce temps, l'homme étrange dont l'existence nous est encore inconnu, passa un appel.

The Spider can cry too [FR]Where stories live. Discover now