- Chapitre 7 - Le commissariat

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J'ouvrais les yeux avec difficultés. Je n'avais pas spécialement envie de quitter ce lit alors que ça faisait quatre jours que je dormais dans une cage à l'air froid et au sol en béton. On était Jeudi, ce qui signifiait pour moi que je pourrais sortir en ville, accompagné de Matthias. Si, bien sûr, ce dernier tenait ses engagements envers moi, et je n'hésiterais pas à les lui rappeler ! Je me levais du lit et m'habillais rapidement avec des habits bien trop grands pour moi que cet abruti m'avait passé la vieille. Il s'agissait de ses propres vêtements. Je regardais la pendule qui était accrochée en haut de la porte, il était onze heures et demies passées. Je sortais de ma chambre à pas de loup, je ne savais pas s'il était encore là. La première chose que je fis fut d'entrer dans la chambre de mon kidnappeur afin de refaire son lit, comme c'était inscrit noir sur blanc dans le contrat. C'était une tâche pas bien compliquée, et puis j'avais l'habitude. Je sortais de sa chambre en veillant à bien refermer la porte derrière moi. Des voix venant probablement d'en bas venaient jusqu'à mes oreilles, mais elles étaient imperceptibles. Je m'approchais avec délicatesse de l'escalier et descendais quelques marches, puis m'accroupissais sur l'une d'elles afin de tendre l'oreille, essayant d'écouter la conversation.

- Il faut faire attention maintenant. Au fait, c'était qui cette fille qui accompagnait Sandy ?

La voix que je ne reconnaissais pas parlait de moi. J'entendais Matthias émettre un rire moqueur.

- Lucie, descend, n'ai pas peur.

Comment pouvait-il savoir que je me trouvais dans les escaliers ? j'avais pourtant été discrète. Je me relevais puis descendais les quelques marches restantes avec appréhension. Je me sentais bête de m'être faite découvrir aussi rapidement. Arriver en bas, je découvrais un homme au teint hâlé, il devait avoir la quarantaine. Il était debout, les mains dans les poches et faisait face à Matthias qui lui, avait un verre d'alcool dans les siennes. Nous n'avions clairement pas la même routine matinale, ou alors peut-être espérais-je que ce démons s'en veuille d'avoir tout ce sang sur les mains. Je pensais notamment à ce père de famille, froidement assassiné sous mes yeux.

- Je te présente Lucie, ma gouvernante.

- Alors c'est elle, c'était malin et stratégique de la mettre sur le coup, j'espère qu'elle ne nous causera pas d'ennuie, Matthias.

- Ne t'en fais pas Longford, je me suis personnellement assuré qu'elle ne soit pas un problème.

- Bon, je dois y aller, je t'appellerais en fin de semaine prochaine s'il y a des nouvelles.

Matthias hochait la tête, l'homme du nom de Longford sortait rapidement de la maison, non sans me lancer un dernier coup d'oeil. J'avais déjà entendue son nom à deux reprise.

- C'est mal d'écouter aux portes, Lucie. Me réprimandait Matthias, avant de boire une gorgée.

- Je n'écoutais pas, je passais juste par hasard.

- Mhm, évidemment.

- Qui était cet homme ?

Matthias me jaugea un instant avant de me répondre :

- C'est notre informateur.

- Votre informateur ? Pour quoi ? Répétais-je.

- Assez de questions.

Je baissais les yeux un instant, je voulais en savoir plus, quitte à rester là une bonne partie de ma vie, je voudrais savoir dans quoi est-ce que mon "hôte" trempe réellement. Je le trouvais également plutôt confiant pour me révéler certaines informations sans avoir peur de ce que je pourrais en faire.

- Au fait... Reprenais-je, on est jeudi, c'est le jour ou-

- Je sais. Me coupait Matthias, viens avec moi.

Le démon de CalifornieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant