PAPER PLANES - Quand tu plies tes avions en papier

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How - Élina

John est émerveillé de voir Jimmy se déplacer. Il reste à ses côtés, à distance acceptable pour qu'il puisse analyser le sol avec sa canne avec sérénité. Le pied droit de Jimmy claque par terre quand il marche et John comprend vite que c'est une des raisons pour laquelle Jimmy dit qu'il ne peut pas se balader longtemps. John aimerait savoir quelle maladie le frappe, mais n'ose pas poser de questions envahissantes. Il trouve le jeune homme indépendant et courageux. Il a de nouveau cette sensation de force et de détermination qui le traverse lorsqu'il est près de lui. C'est pour ça qu'il lui a proposé de manger ensemble. Il ignore comment l'expliquer, mais il se sent bien avec lui, moins... seul. Il craint que ce dernier pense qu'il reste avec lui par curiosité ou par pitié. Jimmy a l'air de croire qu'il est une bête de foire... et John saisit mieux sa remarque tandis qu'ils rentrent dans le petit restaurant indien pour demander leur repas.

Le type derrière le comptoir fixe Jimmy, les yeux plissés et John est surpris. Pourquoi il le regarde comme ça, lui ? Jimmy s'immobilise contre son flanc et John a envie de coller sa hanche à la sienne, dans un élan protecteur. Bien sûr, il ne le fait pas, mais il annonce leur commande avec le ton le plus froid possible, afin de faire comprendre à ce mec que ça ne se fait pas de scruter les gens de cette manière.

John déchante davantage quand un couple entre pour s'installer à table et ne remarque pas la canne. La jeune femme bute dedans et délaisse un regard agacé sur Jimmy d'avoir manqué de la faire chuter. Ce n'est que lorsque Jimmy lui demande pardon qu'elle lève enfin le nez et culpabilise d'avoir râlé. Elle s'excuse en suivant. John bouillonne de colère. Il serre les poings et au final, leur hanche est à quoi... quelques millimètres, maintenant. John se demande quelle dégaine, ils ont tous les deux. Jimmy, impeccable, habillé avec goût avec tout son attirail de malvoyant (lunettes et cannes comprises) et lui, dans ses immenses et larges vêtements noirs, son bob qui lui tombe sur les yeux, un anneau à l'oreille et son masque.

J'espère que vous vous étoufferez tous avec vos jugements...

Il carre les épaules et lève le menton. Durant l'attente, il attrape Jimmy avec délicatesse par le bras pour les décaler vers la droite afin qu'ils ne restent pas au milieu du restaurant bondé. Il se poste devant Jimmy et ouvre sa grosse doudoune pour ne pas suffoquer sous la chaleur. Il se dit soudain qu'il transpire et que Jimmy étant assez proche de lui, risque d'être dérangé par la sueur. Il se félicite d'avoir mis du déodorant et du parfum en partant. John est sensible aux odeurs et a toujours la crainte que les autres soient incommodés par ça. Comme il peut parfois l'être.

— Je comprends mieux ce que tu voulais dire, grogne-t-il.

Jimmy relève la tête vers lui. Son visage est plus près qu'il ne l'a jamais été et John en profite pour étudier ses traits dessinés et symétriques.

— Comment ça ? demande Jimmy.
— Tout à l'heure. Quand tu disais que c'était compliqué pour toi de te déplacer... Je voudrais tous leur arracher la tête, réplique John.

La stupeur remplace immédiatement la tristesse sur le visage de Jimmy et le ventre de John se retourne.

— Les gens me regardent mal ?
— Non, pas mal. Mais, ils ne se rendent même pas compte qu'on voit leur réaction et franchement, c'est pas joli-joli.

John devine que Jimmy s'apprête à soupirer. De plus, il disait qu'il avait les jambes douloureuses tout à l'heure et ils sont obligés de patienter pour leur repas debout. Y a rien qui va.

— Tu veux que je demande une chaise pour que tu puisses t'asseoir ?

Jimmy hausse davantage les sourcils et pose sa main d'un geste embarrassé sur le torse de son vis-à-vis.